ADPSG fait part de ses réserves quant au projet de charte du Parc National des Pyrénées

Publié le 12 février 2012 par Lagela

Comme nous vous l’avions annoncé dans ce blog, le projet de charte du Parc National des Pyrénées est actuellement soumis à enquête publique. Le commissaire enquêteur était présent à Saint-Lary le 8 février 2012 et deux des membres du conseil d’administration de notre association, Jean-François Hilaire et Fabrice Deguilhem, l’ont rencontré.

Ils lui ont remis un courrier argumenté (téléchargeable en fin de billet) adressé au Président du conseil d’administration du Parc, André Berdou, auquel était jointe la lettre que nous avions envoyée à la Ministre de l’ Environnement, Madame Nathalie Kosciusko-Morizet.De plus, nos deux représentants ont écrit nos doléances sur le registre prévu à cet effet, à savoir ce que nous disons depuis la création de l’ association, notamment sur les nuisances qui ne manqueront pas d’être causées à la faune et à la flore par ce projet.Rappelons qu’il est indiqué clairement dans la carte du parc annexée au projet de charte du Parc que la zone du vallon du Hourquet et de la vallée de la Gela sont des « espaces susceptibles de faire l’objet d’aménagements pour la pratique des sports d’hiver ».Par ailleurs, la zone qui est un site remarquable, objet d’une fréquentation importante en été, est seulement considéré par le Parc comme un espace de pâturage.


Le rôle d’un Parc National n’est-il pas de protéger ses abords immédiats plutôt que d’acter la possible réalisation d’une station de ski qui va à l’encontre de tous les principes de développement durable ?

Nous avons noté un certain nombre d’incohérences internes que nous vous livrons ci-après.

  • Comment peut-on d’un côté prôner la solidarité écologique entre la zone coeur et la zone optimale d’adhésion (orientation34) et admettre qu’à moins de 250 m de la zone coeur, on puisse autoriser la création d’une station de ski ?
(Extrait des « Principes fondamentaux applicables aux parcs nationaux français – page 79)  :

« En s’engageant sur la charte, les acteurs concernés reconnaissent une valeur exceptionnelle au coeur du parc national et décident d’y privilégier une gestion conservatoire. Ils décident de se donner les moyens de consolider la solidarité écologique, économique, sociale et culturelle de fait entre cette zone et les territoires qui l’entourent, sur la base d’un développement durable. »

  • Comment admettre un tel projet lorsqu’il est énoncé clairement dans la Charte, les déclarations suivantes ?

(Le diagnostic et les enjeux du territoire – les paysages pyrénéens – page 10) :

« Les difficultés rencontrées par l’économie liée au tourisme hivernal peuvent aujourd’hui être à l’origine du développement de nouvelles infrastructures (extension des domaines skiables, développement des infrastructures de transport, développement des structures d’accueil…) qui peuvent être préjudiciables à la qualité générale des paysages. »

  • En zone d’adhésion, dans son orientation n°1, le Parc dit qu’il convient de préserver les paysages remarquables. Est-ce en vertu de cette orientation que la zone de la Gela, conduisant au site remarquable de Barroude, est déclassée ?
Le diagnostic et les enjeux du territoire – les paysages pyrénéens – page 10 :
« Des aménagements ponctuels ou l’évolution de certaines activités peuvent entraîner des dégradations irréversibles. Les paysages actuels semblent menacés car la société et l’économie agro-sylvo-pastorale sont aujourd’hui très fragilisées. La déprise agricole, le développement urbain et touristique sont susceptibles d’engendrer des évolutions très rapides. »
  • Comment peut-on vouloir défendre l’agropastoralisme et dans le même temps condamner plus de 40 hectares d’estives ?

Enjeux relatifs à l’agriculture et au pastoralisme – page 17 :

« L’agropastoralisme est, socialement, économiquement et paysagèrement, une composante forte du territoire. Il est essentiel de maintenir et soutenir cette activité et les hommes qui la pratiquent, pour ses filières de production de qualité ou pour sa gestion territoriale en préservant le foncier dans les vallées, en favorisant la reconquête de la zone intermédiaire et en concourant à la gestion équilibré des estives. La préservation de l’environnement, la limitation des impacts tout en favorisant la découverte des patrimoines naturels et culturels et le maintien d’une économie en montagne reste un objectif majeur au regard du développement des pratiques estivales et hivernales. La préservation du patrimoine naturel, de la ressource en eau, des paysages et du patrimoine architectural doit être prise en compte dans les réflexions de développement des stations. »
  • Comment peut-on vouloir éviter, en zone d’adhésion, la création de points noirs paysagers (orientation n°4) et dans le même temps autoriser l’arasement des montagnes, l’érection de pylônes, la création de retenue collinaire … en covisibilité avec le Parc et la zone Patrimoine Mondial de l’UNESCO ?
  • Comment concilier l’artificialisation des paysages que ne manquera pas de provoquer la station et la préservation de l’économie de montagne, la découverte des patrimoines (orientation 22) ?
« Le territoire offre toutes les possibilités de pratiques des sports et loisirs de nature. Tout en permettant la découverte des patrimoines, ces activités seront pratiquées dans le respect du milieu environnant et en limitant les impacts. Cette offre à forte sensibilité environnementale s’inscrira dans des démarches écoresponsables. La pérennisation de ces activités participera au maintien d’une économie de montagne. »
  • Comment préserver les écosystèmes aquatiques et les zones humides (orientation 29) en autorisant terrassements, drainages et captages qui les bouleverseront ?
« Les nombreux lacs, torrents et zones humides du territoire forment un réseau hydrographique riche et diversifié. Celui-ci abrite une faune et une flore spécifiques. Il est important de renforcer les connaissances de ces milieux fragiles pour mieux les conserver. »
  • Comment préserver les espèces rares et menacées (orientation 31) tout en autorisant des installations qui menacent la flore (Androsace des Pyrénées et autres variétés) et la faune (aigles royaux, lagopèdes, perdrix grise, grands tétras, isards, desmans, euproctes des Pyrénées …) ?
« La prise en compte des enjeux de conservation et de quiétude des sites vitaux d’espèces animales rares, sensibles au dérangement ou la préservation des stations de flore protégées ou menacées doivent être favorisés notamment par des démarches contractuelles avec les propriétaires, les usagers ou les gestionnaires concernés. »
Autant d’incohérences qu’il convient de relever et de porter à la connaissance de tous. Dans le cadre de l’enquête publique, nous vous invitons donc très fortement à télécharger le projet de charte du Parc et de faire part de vos remarques avant le 24 février inclus soit dans les mairies où le dossier a été déposé*, soit en les adressant, par écrit à :
Madame la Présidente de la commission d’enquête – sous-préfecture d’Argelès-Gazost – 1 avenue Monseigneur Flauss – 65400 Argelès-Gazost.
Nous vous en remercions. * En vallée d’Aure, les pièces du dossier ainsi qu’un registre à feuillets sont consultables dans les mairies suivantes qui sont situées en zone optimale d’adhésion : ANCIZAN, ARAGNOUET, ASPIN-AURE, AULON, BAZUS-AURE, CADEILHAN-TRACHERE, GUCHAN, GUCHEN, SAINT-LARY-SOULAN, TRAMEZAIGUES, VIELLE-AURE, VIGNEC

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