Les Pirates Fantômes - William Hope Hodgson

Par Woland

The Ghost Pirates Traduction : Jacques Parsons.

Ce qui frappe chez Hodgson (ou Machen d'ailleurs), c'est que leur oeuvre fonctionne avec une grande économie de moyens. A nous qui sommes habitués au gore et au sensationnel jusque dans les thrillers, il nous faut toujours une période d'adaptation pour discerner la sombre puissance de cette longue nouvelle que constituent "Les Pirates Fantômes" ou encore "La Maison au bord du monde."

Les apparitions, lorsqu'elles surviennent, y sont toujours plus suggérées que soigneusement décrites. Nous sommes en fait devant quelque chose d'innommable - que Lovecraft, pourtant si prolifique, aimait à qualifier d'"indicible." S'il y a du sang, il ne coule qu'à la fin du texte et encore ne le voit-on pas. Les cris d'horreur, certes, on les entend mais jusqu'au bout, l'auteur ne montre absolument rien de ces pirates spectraux qui donnent pourtant son titre au livre.

D'emblée, nous sommes projetés dans l'intrigue avec le récit à la première personne que fait au capitaine et au second du Sangier, vaisseau qui vient de le recueillir alors qu'il dérivait dans l'océan, le seul matelot survivant de l'équipage du Mortzestus. Jessop, le rescapé, a embarqué à San Francisco en dépit de la réputation étrange qui était celle du Mortzestus et, très vite, se produisent des incidents bizarres et de plus en plus étouffants (ombres se déplaçant à droite et à gauche et semblant sortir de la mer elle-même, voiles qui se déplient dès que la nuit tombe, etc ...)

Finalement, un homme, puis deux, puis trois tombent du haut des mâts. Et ...

Le texte, très sobre, est extrêmement subtil. On ne saura jamais si ces pirates fantômes sont des créatures d'une autre dimension ou, tout simplement, les esprits enchaînés à la mer d'un navire disparu. On ne saura pas non plus si les âmes des marins tués sur le Mortzestus ont rejoint par la suite ces étranges vaisseaux pirates - qui sont quatre en tout en fait. Hodgson laisse au lecteur toute latitude de faire son choix, hormis sur un seul point : la réalité des faits ne peut être contestée même si elle ne s'explique pas. ;o)