Mardi 7 Février :
Je n’imaginais pas que la vie à la ferme était si tumultueuse. Il ne se passe pas trois jours sans qu’une brebis ne meurt, qu’une mise bas ne se passe mal, qu’un renard ne vienne voler un petit ou qu’un agneau ne se retrouve prisonnier des ronces ! Un matin (ça ne sert, à rien!) comme ce matin est un matin ordinaire. En chopant une brebis qui a eu la gale, il y a quelques semaines, pour contrôler son état, Jean-Claude constate, avec amertume, que des plaies suintantes sont apparentes au niveau de ses trayons. Il appelle le vétérinaire. Jean-Claude m’explique qu’il paye une fortune de véto chaque année mais qu’ainsi (très bon vin blanc !), il est tranquille. Depuis une semaine, c’est la troisième fois que le vétérinaire passe. Dans la ferme où j’étais précédemment, jamais le véto ne venait, alors que quelques situations auraient nécessité sa venue et, ici, il vient, je pense, trop souvent ! La vérité ne se trouve-t-elle pas toujours au milieu ?
En attendant le vétérinaire, on se lance dans l’élaboration d’un enclos VIP, pour une mise en quarantaine de la brebis peut être galeuse. Avec du fil de fer, de la ficelle (et du papier), une masse, des pieux, des barrières et des bras, on fait un enclos. Et aussi avec une matinée devant soi ! Jean-Claude est satisfait de l’enclos VIP et moi de l’an clos dernièrement (on peut bien rigoler un peu quoi! ).
Ce soir, on a passé une chouette soirée. Jean-Yves et sa femme nous ont invité à manger chez eux. Ils vivent à cinq bornes de Saint Caradec, incroyable! Ceux d’entre vous qui ne sont pas (encore) atteint d’Alzheimer, voient de qui je parle. Pour les autres (pfff), je vous remets les choses dans l’ordre : Quand nous nous sommes baladés, les filles et moi, à la pointe du raz, l’autre jour, charlotte et moi avons fait du landart (de l’art dans la nature pour les – de 8 ans qui me lisent et qui ne parlent pas l’anglish!). Un couple de randonneurs est venu nous parler, suite à notre exposition gratuite, pour nous dire qu’il trouvait ça chouette et tout et tout. On a discutaillé un bout sur la plage et, de file en toi, euh… en anguille, euh.. en aiguille, pardon, on s’est échangé les adresses mails.
Jean-Yves m’a envoyé, quelques jours plus tard, les photos de cette journée artistique et on s’est échangé quelques mails pour finalement manger tous ensemble ce soir. Chouette et simple la vie, non ?
Il faut le faire Norbert ! Inviter deux inconnus, Jean-Claude et moi, juste après une conversation de 10 minutes sur la baie des trépassés, ça démontre un vrai caractère et un certain courage. Une vraie et saine simplicité ! La soirée a été excellente. On a super bien mangé ! Bravo Léna ! Ton repas et ton enthousiasme quand tu parles du vin étaient divins (facile, j’donne des cours jusqu’au 21/12/2012 !). Le pinot noir était parfait (même si je suis plutôt pinot simple flic et toi, menteur comme tu es, plutôt pino cchio ! J’en f’rais bien un troisième mais il est trop graveleux et ma maman lit mes articles!). Quant à toi Pierre-Yves, merci pour ton humanité, elle est la bienvenue ici bas ! Et bravo pour ton far Breton, une tuerie létal (pléonasme, je sais )! D’ailleurs, je transmets la recette que tu m’a donné car la connaissance doit se partager, n’est-ce pas !
Far Breton de Pierre-Yves : 5 œufs, 250 grammes de pruneaux dénoyautés, 250 grammes de farine, 200 grammes de sucre, 1 litre de lait chaud (c’est le secret), 80 grammes de beurre fondu et une pincée de sel (le tout doit être de qualité, bien sûr). Ensuite, mélangation de la farine, du sel et du sucre, ajoutationnage des œufs battus et du beurre qui doit toujours être comme toi, fondu et apportation du lait chaud, en plusieurs fois. Moulagement dans un moule et enfournation dans un four. Tu le retires quand il est cuit (et oui!) et tu régales tes invités, poils au nez !
Avant de tourner cette page : « repas génial ! » je dois encore faire une spéciale casse-dédi (pour mes potes du quartier ! Respect gros!) pour Jean-Claude, mon hôte, qui a accepté l’invitation, sans hésiter ! Peut être que cette rencontre entre voisins deviendra amitié. Qui vivra verra !
Merkel dit : « 08 Février ! » :
Je dois évoquer dans ce paragraphe ce que je nomme le moment du jour ! Que dis-je, l’événement du jour ! Que dis-je, l’avènement du jour ! J’ai pris un bain !
Je ne me souviens pas exactement quand j’ai pris un bain pour la dernière fois. Le premier souvenir qui me reviens remonte à …14 ans ! Allez, j’te raconte : Je viens d’avoir 18 ans (ça me rendait presque insolent), nous sommes en Mai 1997, année de mon Baccalauréat. L’examen a lieu dans quelques semaines et, je commence mes révisions. Et je fais ça bien ! Je me suis fait des fiches ! Des supers fiches de couleurs différentes selon la matière. Des fiches sur lesquelles j’ai résumé ce qu’il me semble important de retenir dans chaque matière. Un travail de professionnel.
A l’époque, j’étais un fan de bain. Chaque jour, au retour de l’école, pendant que j’avalais un goûter qui avait la taille d’un repas, l’eau coulait dans la salle de bain. Ce jour là, j’ai une idée géniale, vraiment génial ! Je décide de réviser dans mon bain, trop cool !
Je trouve une planche de bois dans le grenier, pour me faire un bureau en la posant sur les bords de la baignoire et, tel Marat dans sa baignoire, je travaille. Je lis et relis mes fiches. Je récite mes leçons les yeux fermés. Je lis et relis mes fiches. Je récite encore (et encore) et je lis et relis mes fiches, encore et encore (c’est que le début, d’accord, d’accord !). Dans un geste innocent, mon genou droit, ou peut être le gauche, on s’en fout, viens heurter la planche sur laquelle reposent mes fiches…La planche glisse, mes fiches glissent, des larmes glissent sur mes joues, je pleure. J’ai fais vite, crois moi, pour sortir mon paquet de fiches de l’eau mais, constatant les dégâts, pas assez ! Je pleure. Toutes mes fiches sont mortes. Je pleure. Les vertes, les rouges, les jaunes et même les bleues ! Ça craint un max ! Le Bac dans quelques semaines et plus de fiches ! Dans les jours qui ont suivis ce que j’ai longtemps appelé « le drame du bain », j’ai refais toutes ces foutues fiches ! Un travail de forçat ! Avec le recul, je me dis que je dois beaucoup à cet incident. Le jour J, je connaissais mes fiches sur le bout des doigts. Aurais-je eu mon examen sans cet accident ?
Ce soir donc,14 ans après, je me fais couler un bain. Tout y est. J’ai lancé le compact du dernier album de Camille (Ilo veyou), une barre d’encens brûle et les goûtes d’huile essentielle de lavande que j’ai mis dans l’eau dégage une odeur si présente, que j’entends, au loin, les cigales. Tout y est. La montagne de mousse qui dégouline de partout, le petit coussin « fabrication maison » et la petite loupiote qui fait son job.
Oh le doux moment ! Je pratique le : « lâcher prise total » et me concentre sur le moment présent. Oh le doux moment !
Je profite d’avoir le micro pour te recommander vivement le « lâcher prise » Élise ! Mais sois prudente ! C’est pire que le crack ce truc. T’en prends une fois et boum, t’es accroc ! Tu vois rien venir et d’un seul coup, le temps d’un instant, tu touches du doigt le bonheur et boum, t’es heureuse ! Les boules ! C’est terrible le bonheur. Quand tu y goûte, c’est mort, il t’en faux plus ! Le pire dans le bonheur c’est que c’est hautement contagieux. Tu sors dans la rue, le regard léger, comme ça, tranquille et, sans le savoir, tu risques de contaminer le premier venu ! Sans même le toucher le type ! Fais gaffe, personne ne veut de cette maladie ! Quand tu sors heureuse dans la rue, sois prudente ! Tu risques de prendre des coups. Nombreux sont ceux qui ne supporte pas de voir quelqu’un contaminé par le bonheur.
Trente et une minutes plus tard, quand je sors de mon bain, je ressemble, à si méprendre, à ton père quand il est tout rouge : je suis tout fripé, tout flagada et tout rouge ! Ton père tout craché !
Je flotte, je nage, je vole au dessus d’un nid de coucou, je me sens bien (je reviens!) et je suis propre comme un camion tout Huit !
Vendredi 10 Février :
Aujourd’hui, j’ai fais la connaissance de Yola, la compagne de Jean-Claude. Comme beaucoup d’autres, il s’est marié puis, il a fini par divorcer. Il construit donc une nouvelle histoire avec Yola. Son histoire, à Jean-Claude, m’a touchée car elle a été difficile et douloureuse, comme souvent, du reste, quand il s’agît de rupture. Ce qui est frappant dans son histoire c’est qu’avec Yola, ils semblent décidé à tirer des leçons de leur passé et ça, c’est très fort. Pas question d’évoquer plus leur histoire qui est, et restera la leur. Tout mes vœux de bonheur à eux d’eux.
Évidemment, vivre à deux, n’est pas toujours facile. Je précise dès à présent que dans le paragraphe qui suit, il n’est pas question de juger telle ou telle personne ni même de donner des leçons à quiconque, néanmoins, j’ai mon avis sur la question et, comme je suis devant le clavier (de Christian) et que toi tu es devant ton écran (Shell euh…total), je vais écrire et toi tu vas lire, normal ! Je te préviens, si t’es pas branché vie à deux et/ou si mon avis ne t’intéresse pas, allume la télé, y’a Drucker sur la 2 !
La vie à deux, pas simple ?
Il est possible, bien sûr, après un certain temps, que l’on ne soit pas, ou plus d’accord. Ça arrive et ce n’est pas si grave, la vie continue. Ce que je constate malgré tout et ce que j’ai découvert, c’est qu’en général (les histoires d’A), une erreur est commise au moment de choisir l’autre. C’est comme un vice de forme qui est présent dès le départ et qui avec le temps, apparaît puis, peu à peu, prend toute la place et ce, jusqu’à ce qu’il fasse exploser le moteur, le couple. J’ai le sentiment que l’on ne devrait pas choisir l’autre en se disant qu’il ou qu’elle va nous apporter ceci ou bien cela, que grâce à l’autre, notre vie sera (enfin) complète et qu’enfin, grâce à la présence de l’autre, notre existence aura du sens. Je pense que pour s’inscrire dans la durée, les deux acteurs du couple ne devraient jamais rien attendre de leur moitié. Si l’on attend de l’autre qu’il nous apporte ceci ou qu’il dise cela ou qu’il fasse ceci ou bien qu’il pense cela alors, un jour ou l’autre, la déception s’installe. Et, de déception en déception on se fatigue, on se lasse et parfois, on se dégoûte de sa moitié que l’on a pourtant choisi par le passé.
On devrait donc choisir sa moitié pour ce que l’on pourrait lui apporter, ce qui pour moi, fait toute la différence. Si l’on accepte dès le début et en tout instant que l’autre est différent, si on accepte ses qualités sans qu’elles ne deviennent un pansement pour soi-même, si on accepte ses défauts sans qu’ils ne deviennent une obsession outrageante et si l’on se bat pour constamment tirer sa moitié vers le haut et si les deux moitiés sont prêtes à, au moins, se soutenir, les fois où ils ne comprendront pas, alors, les sommets sont atteignables et tout devient possible.
En effet, il n’y a rien de plus beau que deux êtres qui se choisissent pour traverser, ensemble, les épreuves de la vie. L’union (Jack) fait la force !
L’une des clés, je crois, pour construire un projet de vie à deux (A2, passionnément!), est d’apprendre de nos erreurs. Commettre une erreur n’est jamais grave. La commettre cent fois le devient. Un autre clé, je crois, est qu’il faut que les deux moitiés soient autonomes et épanouies. Si il existe une dépendance de l’un par rapport à l’autre, un jour où l’autre, ça coince. Et puis, il y a cette autre chose, ce petit truc que j’ai découvert. On dit que quand on aime, on ne compte pas. Pour moi, ce n’est qu’a moitié vrai. Je m’explique. Évidement, on ne fait pas les comptes chaque jour, ni même chaque semaine, ni même chaque mois ! Mais, il faut tenir les comptes tout de même. A la fin, ce que l’un apporte à l’autre et ce que l’autre apporte à l’un doit s’équilibrer. Comme dans une « compétition » dont le but serait de tirer l’autre le plus haut possible pour le faire grandir et atteindre ainsi, ensemble, les sommets de l’amour.
L’amour ne s’apprend pas. Quand il est là, il reste à jamais. Il est là, inexpliqué et inexplicable et c’est si beau. Par contre, vivre à deux, cela s’apprend. Au jour le jour, on peut construire, dans la joie, une vie à deux autour d’un amour. Ce n’est que mon avis, mais pour moi, l’amour est une fête qui a lieu chaque jour.
Le sujet est des plus passionnants et je gratte, je gratte, je gratte mais ne gagne rien ! J’arrête donc là, car il y a tant à dire que ce paragraphe va vite devenir chapitre et que très vite, chapitre peut devenir livre ! Et puis j’arrête là parce que ceux qui me connaissent bien vont me dire :
« Hey Nico, elles sont jolies tes jolies phrases mais elle est où ta moitié, à toi ? » et moi de leur répondre : « Hey patate ! Allume ta télé, y’a Drucker sur la 2 ! »
Samedi 11 Février :
Demain, je rentre chez moi !!!!!!!!!!!!!!!!!
En fait euh…ma sœur, son homme et leur adorable fille qui est aussi, je le précise pour ceux qui n’auraient pas vu dans la phrase : « ma sœur, son homme et leur adorable fille. », le mot ma sœur, mon adorable nièce, m’accueillent bien sympathiquement chez eux (j’adore ce genre de phrase où à la fin, tu sais plus quel est le sujet de celle-ci! J’donne toujours des cours de grattage de papier pour ne rien dire, le mercredi. Mais suite à une demande dépassant l’entendement, j’ai décidé, pour ne pas devenir fou, écrasé par une tonne de travail, de raccourcir le créneau (attention les filles, manœuvre!) horaire. Il était de 11h04 à 11h32, il est à présent de 11h12 à 11h31. T’as vu Lulu ! 7 Lignes pour ne quasiment rien dire du tout, si ce n’est que ma nièce est adorable et que ses parents m’accueillent fort sympathiquement pour mes vacances. Correction: 9 lignes, bien joué !
Mon passage ici, à Saint Caradec-Trégomel, a été fort intéressant et fort agréable. J’ai été gâté. Jean-Claude et moi avons beaucoup échangé et je garderai de nombreux bons souvenirs de mon séjour ici. L’étude de la culture du safran, les soirées films, les bonnes conversations, la taule que je leur est mis aux fléchettes au bar du coin, les bières, le café expresso du vendredi matin, les levés de soleil, la neige, les agneaux qui gueulent un peu comme les nourrissons, le jar agressif, mes longs footing solitaires, les mains gelées pendant le ramassage du bois, les chiens du voisins, les cigarillos de Bernard, la cheminée et sa douce chaleur, le thé vert de l’après-midi, le chat sur mes genoux, les céréales « bio » du matin avec France-inter en fond sonore, la soupe chaude du soir, mes séances de lecture dans mon grand lit, mon grand lit et mes bonnes nuits.
Et c’est pas fini ! Ce soir, JC nous invite au resto, Yola et moi, chouette ! Ça fait des lustres que je ne suis pas allé au restaurant, merci JC
Je rentre donc sur Nantes/Angers une dizaine de jours pour voir la famille et les copains. Une petite pause citadine dont je vais profiter un max et ensuite, direction le sud pour du WWOOFing sous le soleil !
Voilà, c’est fini ! Tu peux aller rejoindre ceux qui nous ont quittés, il y a quelques minutes, pour aller regarder Drucker !
Voyagez plus pour vivre plus !