Je continue d’apprendre que c’est en vivant pleinement la vie terrestre qu’on parvient à croire. Quand on a renoncé complètement à devenir quelqu’un – un saint, ou un pécheur converti, ou un homme d’Église (ce qu’on appelle une figure de prêtre), un juste ou un injuste, un malade ou un bien portant – afin de vivre dans la multitude des tâches, des questions, des vides insuccès, des expériences et des perplexités – et c’est ce que j’appelle vivre dans le monde –, alors on se met pleinement entre les mains de Dieu, on prend au sérieux non ses propres souffrances, mais celles de Dieu dans le monde, on veille le Christ à Gethsémani ; telle est, je pense, la foi, la métanoïa ; c’est ainsi qu’on devient un homme, un chrétien.
Le Seigneur des non-religieux (les Éditions franciscaines)
Théologien protestant allemand, Dietrich Bonhoeffer (1906-1945) s’engagea, dès la prise du pouvoir par Hitler, dans le combat de l’Église confessante face au « christianisme positif » de l’idéologie nazie. Il fut pendu par les nazis en 1945, laissant une œuvre (dont le Prix de la grâce ou Résistance et Soumission) qui est le témoignage d’un chrétien engagé dans un monde abandonné de Dieu.