de René Dosière
Editions du Seuil (02 février 2012)
297 pages
Actualité, politique , France
Résumé
Après L'Argent caché de l'Élysée, René Dosière, explore le train de vie de l'État : un dossier complet ? et édifiant ? sur les dérives des dépenses publiques.
Dix années d’investigations parlementaires lui ont permis de briser le tabou des comptes de la présidence de la République. Le député-enquêteur met en évidence la croissance des dépenses
élyséennes, conséquence de l'activité intense du Président Sarkozy mais aussi de comportements dispendieux dans et hors du palais.
Élargissant ses investigations au gouvernement, René Dosière établit, pour la première fois, le coût réel d’un ministre. Les têtes de l’exécutif échappent à la rigueur qu’elles imposent aux
Français. Dans les cabinets ministériels, effectifs et rémunérations augmentent à vive allure !
Dans un style, dont le sérieux n’exclut pas la vivacité, L’Argent de l’État lève le voile avec précision et clarté sur le budget de l’État, l’un des trop nombreux angles morts de notre
démocratie.
Mon avis
Résolument d'actualité à l'approche des élections présidentielles , ce livre passe en revue l'argent de l'Etat, et plus précisément celui dépensé par le gouvernement et l'Elysée....Député de l'Aisne, René Dosière , régulièrement , pose des questions aux membres du gouvernement et en particulier à François Fillon,( le Président ne pouvant répondre directement aux parlementaires) . Et comme le titre du livre l'indique, c'est une véritable enquête qu'a menée l'auteur, devant user souvent de subterfuges pour avoir des réponses (parfois un an après que la question ait été posée).
Certes, de gros progrès ont éte faits sur la forme et ceci est à mettre au crédit de Nicolas Sarkozy: depuis le 1er janvier 2008 , le Président de la République dispose d'un budget autonome , bien identifié ( auparavant , cf le précédent livre de l'auteur, l'Argent caché de l'Elysée, le chef de l'Etat conjuguait "la visibilité de la fonction avec l'opacité de ses moyens (comme le soulignait le constitutionnaliste Guy Carcassonne). Donc plus de visibilité, effectivement. Mais au fil des pages , on se rend compte de nombreux dysfonctionnements comme par exemple le fait que de nombreuses dépenses afférentes à l'Elysée sont encore payées par des ministères.
Passons au fond , maintenant, les chiffres. Des efforts ont certes été faits surtout depuis 2 ans (rigueur oblige) mais de nombreux progrès restent à faire (les chapitres concernant les frais de
déplacement sont édifiants, l'avion semblant toujours privilégié au train , même pour des déplacements courts).
Le chapitre XI, à juste titre intitulé "La folie des grandeurs" est éloquent. Il concerne le sommet qui s'est tenu à Paris au Grand Palais le 13 juillet 2008, d'une durée
de 3 heures, visant à lancer l'Union pour la Méditerranée ." Un an plus tard, en novembre 2009, un rapport de la Cour des Comptes lève le voile sur ce somment qui restera , selon les
termes du Premier Président des la Cour des comptes , Philippe Séguin "une forme de record , par son ampleur , le caractère irrégulier des procédures suivies et son impact massif sur
les finances publiques. "
Coût 58.000 euros la minute. La décision de cette organisation ayant été prise précipitamment, quelques jours avant, il a fallu transformer, aménager le Grand Palais, en respectant les caprices
de Nicolas Sakozy. Salles de conférences, bureaux pour les délégations, salles de presse pour accueillir 1900 journalistes, 32 cabines d'interprétation , mais surtout :
- installation d'une climatisation dans cet espace aussi volumineux que le Gand Palais 653 703 euros) + plancher surélevé pour les canalisation (301 208 euros)
-décoration de l'entrée et de la salle de conférences avec 16 monolithes et jardinières (95 155 euros + 194 977 euros)
- réalisation d'un fond de scène , de salles d'entretien , d'un bureau pour le Président de la République avec douches attenantes
Clou du spectacle : la douche destinée à Nicolas Sarkozy, du dernier cri et qui n'a jamais servi avec siège rétractable, jets multifonctions, lecteur CD , radio FM. Cette douche présidentielle
fera à l'époque le tour du monde et les médias étrangers en feront leurs choux gras (Million Dollar Man, c'est le nom q'un site américain donnera à notre président), Ces aménagements
seront tous démontés juste après.
Quant au dîner officiel ayant réuni 200 convives au Petit Palais, il est revenu à 5 632 euros par personne (dont 310 euros de "nourriture" le reste étant la quote-part de tous les aménagements nécessaires. Et si on englobe la location du Petit Palais , coût du repas : 7 059 euros par personne. A tel point que certains se sont demandé à l'époque si Nicolas Sarkozy n'avait pas perdu pied avec la réalité. Inimaginable, mais pourtant bien vrai en tout cas intolérable.
A noter que ce livre se lit très vite . Bien que comportant de très nombreux chiffres, la lecture en est limpide et le style vif et clair.
Merci aux Editions du Seuil pour leur confiance.
L'auteur
René Dosière, député de l’Aisne, lutte depuis des années en faveur de la transparence de la gestion publique. Son travail rigoureux et tenace sur le budget de l’Élysée et le train de vie des responsables politiques fait désormais référence.