Youkette aime ma modeste demeure
Elle me rapporte souvent ses proies
De jolis scalpes de bestiaux chanteurs
Des souris qui déjà sont bien froides
Ce sont ses trophées, sa façon d’exprimer
Sa reconnaissance pour mon hospitalité,
Je reçois ces présents dès potron-minet
Au pied de ma couche, au petit déjeuner
Elle vient ronronner en mon sein, heureuse
Afin de m’avertir qu’un cadeau m’attend
Oh ! Elle les a déjà bien passés à la broyeuse
Doux réveil, je chausse mes plus beaux gants
Histoire d’écarter ces dignes dons de mes yeux
Je la remercie bien évidemment, la caresse.
Puis vint un soir d’été, une belle nuit chaleureuse
Où ma minette effrayée hurlait emprise au stress
Il y avait un danger certain, je le pressentais
Puis j’aperçus sous la table du salon, une souris
Bien grise et dodue qu’elle n’avait pas goûtée
Point de péril en la demeure, en mes bras je la pris
Lui demandant depuis quand les grosses bêtes
Craignent les petites. Forte de mon réconfort
Elle s’approcha pas à pas tout près de la bébête
Qui déploya ses ailes et virevolta dans mon fort
Je n’ai pas eu le temps de voir si elle était chauve
Elle faisait de la voltige, se cognait à vue partout
Me rasait la tignasse tandis que Youkette, penaude
Prenait la poudre d’escampette fuyant ce vol fou
Ma pauvre souris volante dans sa drôle d’embardée
Finit sa course dans un non moins somptueux vol plané
Et trouva paix et refuge sous ma gazinière, protégée.
Il n’était pas question que j’aille de sitôt me coucher
Dès fois qu’elle vienne dans la nuit me chatouiller !
L’appareil ménager étant bien pensé, lui offrait
Un large espace qui lui servait de tanière. Je posais
Délicatement un chiffon pour boucher l’entrée
Et le lendemain matin, doucement la libérais.
L’oiseau prit son envol ne demandant pas son reste
Youkette, plus que frivole s’en est retournée chasser
Ayant compris qu’il ne faut pas juger sur la veste.