Il n’y a jamais eu de mutinerie dans la marine américaine. L’information apparaît dès le début du film dont le titre original demeure pourtant « The Caine Mutiny ». Au générique de fin, la dédicace s’adresse à cette même marine. On ne prend jamais assez de précaution pour aborder un sujet aussi brûlant et controversé, imaginé d’après l’œuvre de Herman Wouk . Il fut peiné, apprend on dans les bonus, du refus de la participation de la marine, à la réalisation du film.
Après quelques tractations et réécriture du scénario, celle-ci s’engagea enfin dans l’aventure cinématographique, conférant à l’ensemble, sa touche réaliste, si particulière , qui aujourd’hui encore fait merveille.
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Ce film de guerre, sans véritables actions, privilégie avant tout les rapports humains, et la psychologie des personnages. Sous l’œil affûté de Edward Dmytryk , ils composent une galerie d’individus, plus singuliers les uns que les autres. Avec, en point de mire, l’emblématique capitaine Queeg, que Humphrey Bogart , interprète de manière magistrale. Deux scènes sont particulièrement significatives de son talent, quand il lui faut assurer la transition entre le commandant ordinaire qu’il laisse paraître et l’homme prisonnier de sa paranoïa.
Il y a bien évidemment sa comparution devant le tribunal militaire, mais aussi et surtout, la scène du typhon, quand le bateau est en perdition, et que l’équipage décide de lui retirer son commandement.
Deux moments de bravoure, dirigés de façon exemplaire par un réalisateur ,qui n’en néglige pas pour autant les seconds rôles. Et là encore le choix des comédiens révèle toute la pertinence de sa mise en scène. Autant les quelques séquences de guerre, qui me paraissent être des images d’archives, sont maladroitement montées, autant la direction d’acteurs, est d’une éclatante limpidité.
Bogart, dans ses oeuvres
D’un tout petit rôle conduit par Lee Marvin , à celui de Maryk, le second du commandant (Van Johnson ) personnage clé du dénouement, tous s’inscrivent avec justesse dans le scénario. Si l’on excepte la romance entre l’officier vedette (Robert Francis , un peu jeunôt) et une call-girl, c’est une histoire, parfaitement écrite. Jusqu’au happy end, prévisible, mais entaché par un rebondissement inattendu.
Ce film qui parle de la dignité des hommes, en révèle alors les enjeux. Où la conscience, pour s’exprimer, ne peut le faire qu’en toute liberté. L’avocat, commis d’office aura ainsi le dernier mot. Ce n’est pas forcément celui qu’attendait « les mutins » innocentés. Mais ce sera bien le mot de la fin !
- L’histoire du film (35 mn)
Où l’on entend beaucoup parler du producteur indépendant Stanley Kramer ,sans qui ce film n’aurait pu se faire. Hollywood est à l’époque dans la panade, et l’homme saura conduire l’aventure du Caine à bon port. Le parallèle avec le roman est aussi établi, jusqu’aux points de comparaisons et de différences. Bien évidemment l’accent est mis sur un réalisateur et une carrière à double détente (dans les années 40, c’était le maître du film noir). Enfin, le casting, mérite aussi que l’on suive ce chapitre avec attention. On y apprend beaucoup de choses.