Une question, au départ lancée par l’Hérétique, occupe un peu la blogosphère actuellement. Mon confrère blogueur l’a tournée ainsi : « Hollande ment-il ou est-il fou ? » au sujet de son programme présidentiel. Vincent Bénard, quant à lui, plutôt que s’interroger sur la folie du candidat, préfère poser le débat dans ces termes, proches : Hollande bluffe-t-il ? Sollicité par ces deux valeureux chroniqueurs, je vais tenter, moi aussi, d’apporter quelques éléments de réflexion à ce débat.
Toute la discussion part, dans l’hypothèse où François Hollande serait élu, sur les deux propositions suivantes :
– si le nouveau président applique effectivement le programme décrit dans sa plateforme électorale, la France va directement à la catastrophe, sans détours, et très vite. Il serait donc fou ou manquerait cruellement de lucidité.
– si, en revanche, le président n’a aucunement l’intention d’appliquer son programme, parce que connaissant les conséquences calamiteuses qu’il entraînerait, on peut alors dire qu’il ment ouvertement en formulant de telles propositions.
À ce point de la présentation du débat, on lira avec profit les éléments rapportés par Vincent Bénard dans son dernier papier : Hollande ayant déjà prouvé sa nullité en matière de gestion (la Corrèze, son département, est en faillite), sa nullité en matière de poigne (face aux problèmes internes du PS dans les Bouches-du-Rhône ou dans le Pas-De-Calais), le chroniqueur pense que le nouvel occupant de l’Elysée appliquera les parties les moins coûteuses de son programme et bricolera des compromis (qui deviendront compromissions) pour le reste et que, de mollesse en lâchetés, le pays ira à sa catastrophe.
Si les conclusions de Vincent sur l’avenir du pays (un effondrement total et rapide en cas de victoire socialiste) me semblent bien malheureusement parfaitement crédibles, les termes dans lesquels sont posés le débat me paraissent un peu biaisés.
Le débat formule ainsi une alternative simple : Hollande sera plus mené par les événements que réellement leur déclencheur, ou alors, c’est qu’il a perdu les pédales.
Il y a cependant une autre possibilité : non, Hollande n’est pas fou, et non, Hollande ne ment pas quand il présente son programme aux masses. J’irai même jusqu’à dire qu’il est probablement modérément satisfait par cet amoncellement de bric-à-brac socialiste dépensier, convaincu qu’il contient de bonnes idées et qu’il va même permettre d’améliorer un chouilla la vie de ses concitoyens.
En fait, Hollande, comme la plupart des énarques et des politiciens de ce pays, n’est tout simplement pas équipé pour comprendre que son programme est une recette concentrée pour un désastre garanti sur facture (et quelle facture !) ; non, Hollande ne ment pas. Il n’est pas fou. Il est simplement resté coincé à l’heure des cuisines en Formica et son principal ennemi, c’est Valery Giscard d’Estaing. Oui, Hollande n’est pas fou, il ne ment pas, il applique uniquement une petite combine simple pour obtenir le vote d’un maximum de citoyens.
J’exagère ?
Examinons quelques éléments troublants.
Tout comme l’ancien François qu’il s’emploie à imiter de très près, il a le même slogan taillé à grosse serpe : au « Pouvoir de l’argent », il a tout juste troqué le « Monde de la finance ».
Tout comme l’autre, il nous propose un programme en un nombre conséquents de points (60 actuellement, au lieu de 110 jadis, déflation oblige) et le contenu est sans grande ambiguïté puisqu’on y trouve les mêmes lunes socialistes.
En vrac, on peut citer :
- l’éternelle relance économique par la consommation, qui, bien que n’ayant jamais fonctionné nulle part (ni en 1981, ni maintenant), continue d’exciter les keynésiens de tout crin par son côté Dépense Dirigiste Ludique et Incontrôlée.
- des redistributions massives, opérées par des ponctions (impôts) et des taxes en pluie de plus en plus drue, dont on sait déjà qu’elle vont accroître les inégalités et aggraver le problème qu’elles sont censées résoudre.
- une immixtion permanente et tous azimuts de l’Etat dans l’économie, pour tout le monde et tous les secteurs professionnels, comme si des essais (et des échecs) n’avaient jamais été réalisés auparavant.
- un changement unilatéral des politiques européennes : les traités sont comme les promesses électorales et n’engagent en tout cas pas ceux qui les signent.
- le Livret A, utilisé en 1981 et en 2012 pour capter (capturer ?) l’épargne des
gogosFrançais. - des emplois publics en nombre, dans les deux programmes, des emplois-jeunes, des emplois qui garantissent la mixité et l’égalité homme/femme …
- des alourdissements sur les droits de succession, l’impôt sur la fortune…
Bref : le programme de Hollande, aux évidentes modifications cosmétiques près, aux obligatoires suppression d’un contexte Guerre Froide par trop dépassé, c’est une variation légère sur le thème mitterrandien. Autrement dit, lorsqu’on vote pour Hollande en 2012, c’est qu’on veut ce que Mitterrand proposait en 1981.
A la limite, on pourrait imaginer qu’un programme qui aurait marché à cette époque aurait une certaine valeur, voire un certain intérêt à être reproduit en cette période difficile. Mais aucune personne sensée ne peut prétendre sans rire que l’application du programme socialo-communiste à partir de mai 1981 s’est terminé sur un constat de réussite. En 1983, le pays, dans une situation budgétaire pourtant franchement plus favorable qu’actuellement, est au bord du gouffre : les caisses sont vides, et la grogne des Français palpable.
Actuellement, les caisses sont déjà vides, et la grogne des Français largement présente. L’application d’une bonne dose d’un produit qui a démontré toutes ses limites il y a trois décennies ne peut pas conduire à autre chose qu’un nouvel échec cuisant.
A l’aune de ces remarques, Hollande est-il fou ou ment-il ?
Non, il n’est pas fou : il tente simplement ce qui a porté Mitterrand à la victoire en 1981. C’est un pari, qui marche d’autant mieux que ses groupies socialistes n’ont rien d’autre à se mettre sous la dent et que leur inculture politico-économique les empêche de voir cette manipulation pourtant grossière.
Ment-il ? Probablement pas. Il est persuadé que le programme pourrait être appliqué, au moins en partie, et qu’il pourrait produire des effets positifs. Et cette croyance, frisant l’auto-suggestion pathologique, est douillettement entretenue parce que, justement, elle lui permet de décrocher la timbale, de revenir de façon artificielle à cette période dorée où toute une génération avait été emportée par l’enthousiasme de la victoire socialiste.
Mais que Hollande soit fou, menteur, ou recopie bêtement une recette vieille de 30 ans, le résultat sera strictement le même : s’il parvient au pouvoir, je ne donne pas deux ans à la France pour goûter aux joies de la catastrophe économique et sociale complète.
Ce pays est foutu.
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