Imaginez un chef d’entreprise qui jouerait systématiquement sa trésorerie au loto, en achetant avec les derniers dollars de son comptable des martingales « infaillibles » …. Sa boutique est pratiquement en faillite, mais un jour, il gagne le gros lot …. Sauf qu’il ne parvient pas à retrouver le ticket gagnant.
Sa boutique, c’est un bar à lap dance, le Ray Ruby’s Paradise. Un cabaret où de belles filles gaulées comme des déesses mais fauchées dansent devant des clients qui leur glissent des billets de monopoly dans le string, encadrées par de vieux maîtres d’hôtel italiens qui veillent jalousement à ce que personne ne les touche.
Le héros, sympathique, vulnérable, attachant, c’est Willem Dafoe. Un artiste, un chanteur, mais aussi un manager qui se débat dans des difficultés financières inextricables, mais qui aime profondément ses employés. Peut-il leur sauver la mise, éviter la fermeture de l’établissement dont la vieille propriétaire vient réclamer chaque soir les quatre mois de loyer en retard (surtout parcequ’elle ne peut se passer de la chaleur humaine de l’endroit ?)
Dans ce beau film, tourné en 2007 (et pourquoi distribué seulement maintenant ?) il y a les réminiscences du « Million » de René Clair, du cabaret Ba Da Bing des Sopranos, de tas de films de back stage ou qui se passent dans les bas-fonds de Manhattan. Et pourtant, le sentiment qui prédomine, c’est la tendresse. Une chronique d’un bar à filles où chacun se démène pour offrir aux touristes un instant de rêve, et quelques coupes de Champagne.
C’est le premier film d’Abel Ferrara que je vois. Jusqu’ici, j’imaginais un cinéaste tout à fait sulfureux, et je n’étais pas du tout tentée d’aller voir ses films, jusqu’à une critique tout à fait convaincante de la belle et intelligente Evangéline Barbaroux, de LCI.
Un scénario parfaitement réglé, avec des tas de rebondissements, une montée de la dramaturgie croissante, jusqu’à la fin, très inattendue en fait. Et, en prime, les prestations d’Asia Argento (et de son chien) et Lou Doillon (Lola), superbe.
Merci du conseil, Evangéline !