Un mardi matin huit heures, aéroport de Tahiti Faa’a, personnel à son poste, décollage immédiat. Le vol est à destination de l’archipel des Gambier via Tureia, cinq heures de vol prévues. Pour moi, ce sera le cinquième et dernier archipel qui clôturera mon tour complet de la Polynésie française.
C’est où ? C’est quoi les Gambier ? Les Îles Gambier sont à la latitude 23°7 sud et à la longitude 134°58 ouest. Les terres émergées ont une superficie de 32 km2, un pourtour récifal de 90 km et un immense lagon. La capitale des Gambier sur l’île de Mangareva se nomme Rikitea. Mangareva mesure 9 km de long sur 600 m à 3 km de large.
L’archipel est composé de 11 motu coralliens (dont Totegegie, l’aéroport), de 4 grandes îles volcaniques (Mangareva, Taravai, Akamanu, Aukena) et de 6 petites îles volcaniques : par ordre décroissant Agakauitai, Kamaka, Makaroa, Mekiro, Manui, Makapu. Le marnage maximum atteint 1m20. Les Gambier sont âgés de 6 à 7 millions d’années. Les altitudes varient de 54 m à 441 m. Le point culminant le mont Duff, haut de 441 m, se situe sur Mangareva. Les superficies des îles varient de 0,1 km2 à 15,4 km2. Le point le plus bas du lagon atteint -80 m. Il existe trois passes ouvertes sur l’océan.
Tahiti est à 1450 km, l’Australie à 6300 km et Santiago du Chili à 6050 km.
Après 3 heures de vol, escale à Tureia, archipel des Tuamotu, 100 habitants, 5 personnes descendent, 5 nouvelles têtes prendront place. A Mangareva, ils reprendront le même avion pour Tahiti. Nous ne sommes qu’à 1190 km de Tahiti, c’est un atoll sans passe, 8,4 km2 de terre émergée, un lagon de 47,2 km2, une piste pour l’ATR 72, un village, des cocotiers, une tôle au-dessus d’un banc pour attendre l’avion une fois par semaine. Le fret est déchargé, les fûts remplissent les réservoirs, ici tout est manuel !
On dirait que tout le village est venu, en 4×4, bavarder et interroger. Encore un peu de patience sous la pluie et l’on repart pour les Gambier. Quelques semaines après mon retour à Tahiti j’apprendrai que des habitants de Tureia, accompagnés de leur maire, ont pour la première fois été autorisés à se rendre à Moruroa, “l’atoll du grand secret”, lors du premier déplacement du Haussaire dans leur atoll en compagnie d’une brochette de casquettes à galons dorés. [Rappel : le Haussaire est l’abréviation affectueuse-envieuse du Haut-commissaire de la République française en Polynésie - Arg.]
Au départ, l’avion n’était pas complet, nous n’occupions que 60 sièges sur un total de 72. Les places vides ont été utilisées pour le fret car bientôt aura lieu l’inauguration de la cathédrale de Rikitea après de gros travaux de restauration. Le plafond de nuages est toujours aussi bas. Quelques petites fenêtres me permettent d’apercevoir, enfin, l’archipel des Gambier. Incroyable, c’est comme sur la carte !
L’avion se pose sur le motu Totegegie. Il fait beau. Maintenant il faut prendre la navette municipale pour une demi-heure ou une heure suivant l’état de la mer. Cela pour enfin débarquer à Mangareva. Le nom qui serait la contraction de manga (montagne) et reva (fleur des Gambier, blanche aux fruits vénéneux, contenant de la cerberine, poison très violent). Les résidents des Gambier paient une redevance de 500 francs pacifique mais, pour les touristes, c’est gratuit. Aux Gambier mon amie et moi sommes plus vieilles d’une heure par rapport à Tahiti.
Les habitants vivent à Rikitea et à Taku sur Mangareva, quelques familles à Aukena, d’autres à Akamaru et Taravai, un original à Kamaka. Tout pousse aux Gambier, comme aux Australes. Les fruitiers comme le pamplemoussier, citronnier, oranger, litchi, arbre à pain (uru ou maiore), bananier, caféier, pêcher, du bois d’œuvre. Les fermes perlières sont très nombreuses, les greffeurs sont Chinois, les Japonais étaient trop chers ! On reconnait qu’ici, les perles sont les plus belles, les plus grosses. Une perle peut être récoltée 18 à 24 mois après le greffage. On compte 20% de perte. Au total il ne restera que 10% de belles perles.
A Rikitea, gros bourg, on dénombre la mairie, la poste, la gendarmerie et des écoles primaires avec 26 couples de jumeaux ! Il y a aussi un CETAD avec atelier de formation à la gravure sur nacre, unique en Polynésie. Mais pas de collège, les adolescents doivent émigrer à Hao ce qui pose de gros problèmes aux familles.
Le potentiel touristique est important mais le prix du billet d’avion, en raison des distances à relier, décourage un grand nombre de candidats au voyage.
Hiata de Tahiti
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