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Mastérisation: la Cour des Comptes tacle la réforme Sarkozy

Publié le 12 février 2012 par Juan
Mastérisation: la Cour des Comptes tacle la réforme Sarkozy La réforme de la formation initiale et de recrutement des enseignants des premier et second degrés dite de la « mastérisation », mise en œuvre à compter de la rentrée scolaire 2010-2011, fait l'objet d'un large et édifiant chapitre du récent bilan 2011 de la Cour des Comptes.
Les conseillers rappellent d'abord qu'elle visait à élever le niveau de recrutement, mais aussi à tirer parti, « le plus rapidement possible, des économies d’ emplois ». Au final, les résultats sont médiocres et le bilan inquiétant.
Où sont les économies ?
Le  gouvernement voulait donc économiser de l'argent. Las, il est incapable d'estimer correctement les économies et les coûts. Ainsi, la suppression nette de 9.567postes d’enseignants stagiaires des instituts universitaires de formation des maîtres pour une économie d'au mieux 370 millions d'euros annuelles.
  • Suppression des postes de stagiaires: - 707M
  • Création d’emplois de titulaires: +116M
  • Rémunération des étudiants M2: +130M
  • Revalorisations début de carrière: +39M
  • Bourses de « mastérisation »: +25M
  • Indemnités de suivi et de tutorat: +27M
  • Total mesures liées à la réforme: -370M
Mais cette évaluation apparemment précise ne prend pas en compte d'autres coûts:
- «Les coûts directs, nombreux - enseignement, administration, immobilier, etc. - entraînés par le maintien dans le système universitaire pendant une ou deux années supplémentaires des étudiants se destinant à l’enseignement »
- « l’impact de l’allongement des études des candidats sur le coût global des bourses de l’enseignement supérieur »
- le coût des années de formation supplémentaires pour les candidats qui ont échoué aux concours de recrutement mais se réorientent.
Quelle amélioration ?
En termes qualitatifs, la Cour n'est pas avare en critiques. Elle fustige d'abord la précipitation avec laquelle le gouvernement a agi: « le choix d’une mise en œuvre rapide de la mastérisation a été à l’origine d’une grande partie des difficultés constatées au cours de sa première année d’application
1. Les nouveaux enseignants se sont révélés insuffisamment formés : à la rentrée 2010, « plus de 70 % des enseignants recrutés au mois de juin précédent n’avaient aucune expérience de l’enseignement ».
2. Leur affectation a posé problème: il furent affectés aux créneaux ou dans les établissements que les professeurs expérimentés ne voulaient pas, voire affectés dans plusieurs établissements à la fois ! La Cour note que l'affectation multiple a concerné « 22,3 % des enseignants stagiaires à Paris, 18,9 % à Grenoble, 16,5 % à Lyon, 13,2 % à Rouen et 10,4 % à Rennes. »
3. L'encadrement promis par un enseignant expérimenté n'a pas été à la hauteur des promesses gouvernementales: « 23 % des stagiaires n’étaient pas situés dans le même établissement que leur tuteur.» Certaines académies ont atteint des records: « Ce taux a dépassé 25 % dans la moitié des 26 académies qui ont répondu à cette enquête : il a atteint 31 % dans les académies de Lyon et de Reims, 34 % dans celle Rouen, 35 % dans celle de Caen et 46 % dans celle de Paris. »
4. Le vivier de recrutement s'est tarit: « Le relèvement du niveau de diplôme requis pour se présenter aux concours a entraîné mécaniquement une baisse du vivier potentiel de candidats. » Les inscriptions aux concours externes du premier degré a perdu 31.000 candidatures (sur 74.000 !) en un an. Pour le second degré, la chute fut moins sévère mais réelle: 86 250 en 2010,  65 314 en 2011. Pire, le taux de présence aux concours s'est affaissé.
5. Conséquence logique, le taux de sélectivité pour le second degré a diminuéde 13,1 % à 15,8 % pour l’agrégation, de 22,7 % à 32,5 % pour le certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (CAPES), et de 18,5% à 42,6% pour le certificat d’aptitude au professorat d’éducation physique et sportive (CAPEPS).»).

Au final, la conclusion est sans appel:
« Par-delà ces difficultés de mise en œuvre, la réforme de la formation initiale et du recrutement des enseignants n’atteint pas les objectifs assignés à l’origine. Elle ne garantit pas que les enseignants bénéficient désormais d’une formation initiale plus « professionnalisante ». Elle soulève, en outre, des questions sur son adéquation avec les orientations générales du système éducatif et sur les conditions générales de recrutement des enseignants.»

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