Si Hollande est élu, alors il appliquera la plupart des mesures purement législatives de son programme, ainsi que les hausses d’impôts. Seuls les marchés financiers l’empêcheront de mener à bien son volet dépenses.
Par Vincent Bénard
Le blogueur centriste L’hérétique pose à quelques blogueurs, dont votre serviteur, la question suivante : « François Hollande a-t-il vraiment l’intention d’appliquer ce qui lui tient lieu de programme », pour le cas où un caprice de l’électorat l’enverrait travailler rue St-Honoré ?
Tout est parti d’un dialogue avec un autre blogueur, tout aussi centriste, qui pense que Hollande préférera appliquer quelques mesures de son programme pour ne pas perdre la face, quitte à couler définitivement la France. L’hérétique pense qu’il bluffe, qu’il est démagogue, qu’il flatte l’électorat de la pire des façons, mais que face à la réalité des chiffres, il n’osera pas se lancer dans les volets les plus dépensiers de son programme.
"Moi, je dis qu'il bluffe." - "Euh, pas sûr..."
Toute cette agitation me fait joyeusement penser à cette scène cultissime du film de les nuls, « La cité de la peur », ou Darmon, Chabat et Farrugia se demandent si l’escroc Martoni, qui vient de prendre Chantal Lauby/Odile Deray en otage, bluffe ou ne bluffe pas. Hollande, c’est Martoni. Son programme, c’est le flingue. La France, c’est Odile Deray, qui ne pense qu’à se pomponner alors que sa vie ne tient qu’à un fil. Et à la fin, le policier, qui pensait que jamais le forcené n’oserait tirer, se retrouve les deux genoux en bouillie. La métaphore sied comme un gant à ce qui attend le pays, vous ne trouvez pas ?
Rappelons les données du problème : Hollande a proposé 60 mesures, dont certaines sont très dépensières, mais d’autres (comme ses inepties sur le logement) sont purement législatives et n’induisent aucune charge décaissable directe pour l’État. Ce sont juste les consommateurs de logement qui vont trinquer.
Ajoutons que Hollande n’est certainement pas l’énarque le mieux doté intellectuellement, que son passage à la tête du Conseil Général de Corrèze a plus que confirmé son absence de poigne, tout comme sa gestion particulièrement molle des fédérations à problèmes (Pas de Calais, Guérini…) ou de la première affaire Strauss Kahn (l’agression de Mlle Banon) quand il était premier secrétaire du PS. Il cèdera donc à tous les caprices, tous les chantages des trublions rouges-verts de sa majorité, tout comme Delanoë, à la Mairie de Paris, n’a rien pu refuser à l’écologiste ultra-sectaire Denis Beaupin.
Car Hollande embarquera avec lui une majorité hétéroclite, incluant une forte minorité verte et rouge, à laquelle il devra donner des gages pour pouvoir gouverner.
Mon pronostic est donc que si Hollande est élu, ou s’il est premier ministre de cohabitation (hypothèse très plausible), alors il appliquera la plupart des mesures purement législatives de son programme, ainsi que les hausses d’impôts. Seuls les marchés financiers l’empêcheront de mener à bien son volet dépenses. Ce qui permettra à l’aile gauche de sa coalition de hurler à la dérive droitière, et d’obtenir des concessions sur les autres mesures.
Citons pèle mêle : l’encadrement des loyers renforcé, les amendes pour la loi SRU multipliées par 3 (il dit 5, il transigera…), la hausse des charges patronales, l’abolition des niches fiscales sans baisse d’imposition marginale, le retour de l’ISF version »hardcore », les emplois jeunes, euh, pardon, les « contrats de génération », la poursuite de la guerre grenellienne contre les aspirations des français… Par contre, la création de +60 000 postes d’enseignants sera reportée aux calendes berlinoises : plus d’argent. On peut même supposer que les programmes pharaoniques d’éoliennes en mer seront ramenés à une dimension symbolique, faute de pouvoir les subventionner, ce qui ne sera pas mauvais. Mais ce ne sera pas dû à l’intelligence du candidat, mais uniquement à la mort de l’État providence français, faute d’argent des autres.
Le pays, déjà exsangue, ne se relèvera pas de cette surenchère ultra-gauchiste. L’exode fiscal, qui a déjà commencé, atteindra des sommets. Hollande n’aime pas les riches, mais ils vont bien lui manquer pour boucler les fins de mois. Et Hollande n’aura ni la force, ni la chance avec lui, pour réussir à maintenir le navire à flot de justesse, comme Mitterrand en 1983 lorsque les gabegies de ses deux premières années de règne l’avaient conduit à entamer le virage d’une toute relative rigueur.
Incapable d’adopter une attitude ferme face à tous les fauteurs de trouble à qui la situation pré-chaotique donnera des ailes, Hollande ne fera rien qui puisse heurter la bien pensance des pseudo intellos médiatiques qui terrorisent la gauche et voudraient faire de même avec tous les français. L’insécurité atteindra des sommets. Et ceux qui oseront s’en plaindre verront les « lois de répression des mauvaises pensées » renforcées. Taubira aux stéroïdes ! On ne badine pas avec les dogmes excusatoires et relativistes de la gauche morale.
Soyons clair, je n’espère pas vraiment beaucoup mieux de Nicolas Sarkozy, qui appliquera les mêmes recettes socialisantes, mais « non, Sarkozy, il est de droite, ça n’a rien à voir », vous dira tout bon militant du PS. Quant à Marine Le Pénenchon, son côté « retour aux fondamentaux économiques du NSDAP » – Dont nous rappellerons que le « S » signifiait socialiste, avec quelque raison (*) – n’a rien de réjouissant, et à supposer qu’elle puisse arriver au second tour, elle ne franchira pas le second. Notre classe politique est d’une telle incompétence, d’un tel degré de pourriture, et tellement conditionné par une culture dirigiste inscrite dans ses gènes, qu’il n’y a pas grand chose à en espérer. Que chacun se prépare au naufrage, et que Dieu ait pitié de nous.
Et comme dirait H16, ce pays est foutu, car contrairement à la scène du film que j’évoquais en début d’article, dans la vraie vie, le réveil du projectionniste pour empêcher le preneur d’otage de faire feu, ne se produira pas.
Pessimiste, moi ? Allons donc.
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Sur le web
(*) Tiens, à propos, puisque la finance est l’ennemi sans visage que veut combattre Hollande, qui a dit: « La lutte contre la finance internationale est devenue le point le plus important de la lutte de la nation pour son indépendance et sa liberté économique » ? Oui, Hollande dit presque la même chose, et Sarkozy n’en est pas loin. Mais la citation est d’Adolf Hitler, avec le mot « allemande » derrière « nation ».