Le déménagement fréquent serait significativement lié à un risque plus élevé, pour les enfants, d'usage de drogues plus tard dans la vie. Mais, hormis ce risque, chez les adultes qui avaient souvent déménagé, aucun lien n'a été identifié avec d'autres problèmes de santé tels qu'une détresse psychologique ou encore, le surpoids, l'hypertension artérielle, une affection de longue durée, ou la consommation d'alcool ou de cigarettes, plus tard dans la vie.
Les chercheurs de l'Université de Stirling, l'Université Queen et du Collège des experts scientifiques écossais, ont travaillé sur les données de 1.515 participants, âgés de 15 ans au départ de l'étude, et suivis pendant plus de 20 ans. Ils ont comparé l'état de santé, en relevant différentes mesures 5 fois au cours de l'étude, des sujets qui avaient eu une résidence stable durant leur enfance avec celle d'enfants qui avaient souvent déménagé. L'échantillon final analysé comprenait 850 participants. La détresse psychologique a été évaluée à l'aide d'une échelle standard à 12 items. D'autres facteurs tel que l'exclusion sociale, l'absence de domicile, le nombre de frères et sœurs…ont été pris en compte. Enfin, les chercheurs ont analysé la relation entre le nombre de déménagements dans l'enfance et la santé à l'âge de 18 et 36 ans.
Ils constatent qu'à 18 ans,
- qu'une personne sur 5 n'a pas changé de domicile pendant l'enfance, 30% une ou 2 fois, 20% 3 fois et plus,
- Les enfants de familles monoparentales et celles avec au moins deux frères et sœurs sont plus susceptibles de déménager,
- les personnes qui ont déménagé au moins 3 fois sont significativement plus susceptibles d'avoir consommé des drogues illicites vs ceux qui n'ont jamais bougé (OR : 2,44, IC : 95% de 1,45 à 4,10),
- les personnes qui ont déménagé au moins 1 fois ont un risque ou score plus élevé de détresse psychologique vs ceux qui n'ont jamais bougé (OR : 1,62, IC : 95% de 1,11 à 2,35),
- le risque d'avoir plusieurs items négatifs dans l'évaluation de l'état de santé est plus élevé –mais non significativement- chez les personnes qui ont déménagé au moins 1 fois,
- il n'y a aucune association entre mobilité durant l'enfance et risque d'hypertension artérielle et de surpoids.
A l'âge de 36 ans, une mobilité élevée durant l'enfance est toujours associée de façon indépendante à l'usage de drogues illicites (OR : 1,92, IC : 95% de 1,00 à 3,69). Les autres résultats restent inchangés.
La fréquence des déménagements dans l'enfance est associée à un risque légèrement plus élevé de mauvaise santé – ou bien est-ce que les gens qui changent souvent de domicile ont moins facilement accès aux soins ?- mais surtout à un niveau de détresse psychologique qui entraîne un risque accru d'usage de drogues à l'âge adulte.
Source:Journal of Epidemiology and Community Health, 6 February 2012 (published online first) doi:10.1136/jech-2011-200316 Childhood residential mobility and health in late adolescence and adulthood: findings from the West of Scotland Twenty-07 Study(Visuel © Irochka - Fotolia.com)