Un avenir sans emballage ?

La prolifération incontrôlée des déchets constitue un problème suffisamment sérieux pour inquiéter une part croissante de la population. Les campagnes de communication, invitant tous les citoyens responsables à réduire leur production de déchets, ont certes le mérite d’exister mais ne peuvent avoir à elles seules un impact significatif sur l’extension sans fin des déchetteries à ciel ouvert. Les consommateurs, en effet, sont tributaires des modes de consommation qui leur sont imposés, et n’ont pour l’instant d’autre choix que d’acheter des produits recouverts d’emballages pléthoriques et superflus. C’est sur la base de ce constat sans appel qu’une épicerie écologique basée à Londres a opté pour la vente exclusive de produits alimentaires sans aucun emballage. Et l’anti-carton a bien l’air de cartonner.

L’épicerie londonienne « Unpackaged » (littéralement « sans emballage ») s’est lancée dans un mode de fonctionnement aussi élégant qu’efficace. Les clients viennent faire leurs courses avec les contenants de leurs choix : il peut s’agir, selon les produits désirés, de tupperwares, de cartons, de bouteilles, ou de tout autre récipient qu’ils auraient l’habitude d’utiliser chez eux, comme par exemple des boîtes décoratives en métal pour les pâtes, la farine ou le sucre. Il n’y a plus qu’à demander la quantité désirée de chaque produit auprès du vendeur, qui le verse dans votre récipient et le pèse.

Pour les clients les moins prévoyants qui n’auraient pas prévu suffisamment de récipients ou qui auraient un besoin inattendu, la boutique Unpackaged met à disposition des sacs réutilisables. Il ne devrait s’agir toutefois que d’une solution en dernier recours puisque l’établissement annonce fièrement qu’il n’existe « rien à ce jour » que les employés n’aient été en mesure de remplir, y compris et jusqu’à des lentilles dans des bouteilles en plastique.

La profession de foi écolo de Unpackaged ne s’arrête bien évidemment pas là, puisque les aliments proposés, comme on peut s’y attendre, sont tous certifiés d’origine biologique. La plus grande partie provient par ailleurs de fournisseurs et de producteurs locaux, dans le respect des règles du développement durable.

Il n’est pas interdit de penser que l’importation de ce concept en France, à grande échelle, pourrait rencontrer un succès certain auprès de plusieurs catégories de ménages : les foyers où la conscience écologique est déjà fortement développée seront bien sûr les premiers conquis. Mais l’idée pourrait aussi remporter du succès auprès d’autres ménages, qui apprécieront la simplicité et la rusticité des bocaux de riz, de sucre ou de farine dans leur cuisine.