Sur la route entre Kratié et le Mondol Kiri

Par Anne Onyme

Nous vivons dans un bien joli monde, Emilie, lectrice, bloggueuse, française, expatriée à Toronto et retrouvant ses parents à Siem Reap cette semaine, m'avait proposé après mon SOS de m'apporter des moules individuelles en direct du Canada.

J'avais accepté car comme je vous le disais, j'en ai un besoin urgent pour mieux organiser les brunchs du dimanche à La Maison bleue.

Mardi, alors que je faisais quelques travaux de peinture à la maison, Emilie et sa maman sont passées. Vous savez que le monde est joli mais savez-vous que le monde est petit ?

Nous sommes entre 300 et 350 français à Siem Reap, je ne fréquente réellement qu'une dizaine de personnes.

Autour de notre discussion, un prénom, féminin, il sonne familier à Emilie. Elle se dit qu'elle en connait une aussi mais sans nouvelle depuis 1 an 1/2, elle se demande comment elle va à voix haute.

Ce qu'elle comprendra quelques secondes plus tard, c'est qu'entre temps, Ampor a décidé de venir vivre au Cambodge, de travailler pour Agir pour le Cambodge, comme directrice du programme de Sala Baï (mais si vous connaissez, surtout le livre La cuisine du Cambodge avec les apprentis de Salabaï, vous ne l'avez pas encore ? à acheter de toute urgence, je vous en parle souvent).

Sauf que voilà, nous ne sommes pas 2 françaises à Siem Reap, nous avons partagé une maison, nous avons fait plus d'une balade que je vous raconte, trinqué à Noël, nous partageons les bons et les mauvais moments.

Alors, le plus simple, prendre la moto et faire la surprise à Ampor ... Je vous le dis, le monde est joli et petit, il ne faut jamais se priver des petits bonheurs.

Emilie, nous avons fait le Mondol kiri juste avant que tu arrives mais reviendras-tu faire le Ratana kiri avec nous ?

Lors du dernier message, je vous laissais sur le coucher de soleil sur Kratié. Nous ne partirons pas sans faire un petit tour par le marché et sans voir les dauphins.

J'ai eu un grand plaisir à refaire la route qui mène à l'embarcadère des dauphins, les maisons y sont très belles, décorées, fleuries, bien plus qu'à Siem Reap. L'architecture est assez différente, les maisons sont plus longues, les toits travaillés ...

Entre Août et Février beaucoup de changement, le Mékong est bas, très bas et il y a pleins de petits îlots au milieu du fleuve, la route est terminée, passage pour piéton, ligne de séparation des voies, ralentisseurs en début de ville ou village, nous n'en revenons pas.

Il nous faut repartir, la route va être longue. Une halte pour déjeuner, quelques photos insolites, le poivre qui sèche au bord de la route, les animaux qui traversent la national, les pompes à essence d'un autre âge.

Les camions sont toujours surchargés

La route pour le Mondol kiri est en construction, nous mettrons 4h pour faire 120 km.

Je n'imagine même pas faire cette route pendant la saison des pluies. Au départ, beaucoup d'arbre, une forêt primaire comme tant d'autres.

Puis petit à petit, le désastre, plus d'arbres. Les plus belles essences sont coupées, revendues sur le marché noir des bois précieux, puis les charbonniers s'installent, brûlent le reste.

Un désastre, avez-vous traversé une région boisée, sans animaux, sans oiseaux ...

Nous venions reprendre des forces au milieu de la nature et nous assistons à ce qu'il y a de terribles au Cambodge, la corruption, la fin d'un équilibre entre nature et civilisation.

Quelques familles s'enrichissent, de l'argent sale comme nous disons chez nous, à quel prix ?

Que se passera-t-il pendant la saison des pluies si la végétation ne retient plus les pluies, glissements de terrains et autres désastres.

Mais ici vit un peuple, les Pnongs et eux que va-t-il leur arriver ? Leur tradition, leur mode de vie ...

Tout ça pour de l'argent, toujours plus, comme si en une vie vous pouviez dépenser le milliard amassé par certains mais le pire est à venir.

Ces hommes d'affaires ont des filles, des fils, ils se prennent pour des gens importants alors qu'ils portent encore des culottes courtes, ne savent même pas qui était Pol Pot, roulent en gros 4x4 sans avoir le permis, s'amusent avec des armes ...

Sauf qu'ils sont cambodgiens, ils sont ce peuple qu'ils tuent, ignorent, écrasent, dédaignent.

Ils leur ressemblent, ils sont khmers et rien d'autres.

AnneE

Mise à jour

Même au Cambodge, ce genre de comportement me met encore en colère, alors à toi oh Bécassine (tu te nommes ainsi sur ton blog) dans ton joli pays de mogettes, qui partage tes recettes, passions et trouvailles.

Lorsque l'on copie une recette, que l'on utilise une photo sans autorisation, il est préférable de dire Oups, je rajoute le lien, plutôt que de dire oh ba non pas du tout, c'est ma recette, mes mots, mon titre.

Et bien entre toi et moi, bécassine entre mai 2005 et mars 2008, nos neurones se sont connectés pour dire les mêmes choses, un autre scoop, la connerie existe toujours.