En ce début d’année 2012, Média Participations et Glénat élargissent leur catalogue dans l’univers des comics avec deux nouveaux labels Urban Comics et Glénat Comics. Parallèlement, deux albums paraissent chez Delcourt et Sandawe, mettant en scène des Super Héros à la française. Premier face à face de BD : d’un côté, Masqué de Serge Lehman et Stéphane Créty, de l’autre Le Chevalier mécanique de Cédric Mainil et Mor.
Le Chevalier mécanique est un projet participatif réalisé avec 137 « édinautes » qui ont participé au financement du T.1. Ce premier album publié du scénariste Cédric Mainil propose une uchronie au temps de Louis XIV. Le Chevalier mécanique de son vrai nom Ulysse de Vaucanson avant de devenir par ordre du roi le fortuné Chevalier d’Altarac de Frontailles est une sorte de machine horlogère sur laquelle a été greffée une tête humaine. Ulysse était un nain infirme et va grâce au génie de son père retrouver vie dans un corps mécanique aux pouvoirs démultiplié et un visage reconstruit. Comme les plus grands super héros américains, il a ses failles - devoir se remonter tous les jours avec une clé unique en or - et « ses fêlures psychologiques ». Au service imposé du Sa Majesté, il va devenir un agent secret et se confronter rapidement à une conspiration meurtrière visant à s’emparer d’un secret de l’immortalité datant de l'Égypte ancienne. L’idée est originale, même si sa crédibilité n’est pas aisée au départ. Le rendu associe un dessin classique de Mor, auteur d’une quinzaine d’albums dans une veine historique. Il n’a pas ménagé ses efforts sur les décors et les détails du XVIIe siècle, avec quelques maladresses morphologiques et des couleurs trop foncées et chargées sur certaines pages à l’impression. Cette trilogie conserve un bon potentiel et mérite des encouragements.
Masqué est une réalisation dans la collection Néopolis chez Delcourt. Il s’agit d’une nouvelle saga d’anticipation prévue en quatre épisodes qui sortiront en l’espace d’un an seulement. Dans un monde futuriste, surpeuplé dans les grandes villes, on y retrouve aussi d’étranges mécaniques, parfois bénignes, parfois redoutables, sortes d’excroissances naturelles ou d’ « anomalies » inexpliquées. Ici aussi un dirigeant – le Préfet Beauregard - dispose des pleins pouvoirs. Le futur héros, le Sergent Frank Braffort est un ancien soldat rescapé de la dernière Guerre du Golfe et disparu de la circulation pendant 6 ans. Il retrouve sa ville Métropole-Paris totalement changée, dominée par un hologramme géant qui surveille la mégalopole. Engagé officiellement pour renforcer le service de sécurité du Préfet, il va participer malgré lui à une expérience qui va changer son destin. Mais qu’on découvrira dans la suite des épisodes. Cette mise en bouche attire le lecteur par son originalité, le suspense et les éléments savamment mais un peu chichement communiqués par Serge Lehman, un scénariste spécialiste du genre. Le dessin expressif de Stéphane Créty s’adapte parfaitement à cet univers bouleversé et explosif. Le découpage spectaculaire des planches plein de modernisme allié à un dessin efficace et des couleurs assez réussies participe au bon démarrage de cette tétralogie à confirmer bien sûr sur la durée.
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Le Chevalier mécanique – T.1 : La Table d'émeraude – de Cédric Mainil (scénario), Mor (dessin) et Silvio Speca (couleurs) – Sandawe – 22 février 2012 - 12,99 €
Masqué - T.1 : Anomalies - de Serge Lehman (scénario), Stéphane Créty (dessin) et Gaëtan Georges (couleurs) - Delcourt, collection Néopolis - 18 janvier 2012 - 14,95 €