Circonspect. C’est la première impression de ma sortie de salle. Près de deux heures à dériver dans l’océan des sentiments adolescents, pour atteindre l’âge adulte, où rien n’est forcément plus facile. Qu’en penser ? A une histoire simple d’amour entre Camille, 15 ans et Sullivan 19 ans, un film d’une même simplicité dans sa manière de ne pas être. On ne dramatise pas, on retient les coups de gueule, on se cherche.
Le cœur d’une fille est-il à ce point accroché à celui d’un garçon qu’elle se jettera dans la Seine s’il venait à la quitter ? Camille aura de ses gestes désespérés, mais jamais la caméra n’en fait des tonnes. L’ellipse naturellement entretenue par Mia Hansen-Løve est de tous les instants, grammaire bien particulière d’un cinéma français de plus en plus présent sur le devant de la scène.
J’ai souvent pensé aux tournures d’esprit de Christophe Honoré ou Antony Cordier dans cette façon de suivre tout en observant des personnages encore mal définis. Ils arpentent la vie et la vie leur glisse des peaux de banane.
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Ils avancent avec la tendresse candide d’une jeunesse encore pleine d’espoir. Lui, va partir, et elle, traverser le vide de quelques années, qu’un homme plus mûr réussira à lui faire oublier. Architecte, il enseigne dans l’établissement où Camille imagine des cités universitaires qui ressemblent à des monastères. Des lieux de solitude, de réclusion à l’image qu’elle s’est forgée depuis le départ de Sullivan(Sebastian Urzendowsky). On pourra trouver le cours très théorique, mais personnellement j’ai beaucoup apprécié cette approche des perspectives, ce regard sur la lumière, ou plus exactement la lueur, « et cette nécessité de construire à partir du noir ».
La parabole est parfaite pour une jeune fille à laquelle Lola Creton, prête ses plus beaux atours. Lumineuse, mélancolique, c’est un premier grand rôle pour la jeune comédienne, qui à l’image du film, ne fait pas dans la surenchère. Elle glisse sur le temps qui passe. Et bon gré, mal gré, elle sait comment le retenir. Cela se fait souvent dans la douleur, car rien ne dure disait l’écrivain québécois André Major « sauf les plaies secrètes qui vous guident ou vous égarent ».
Entretien audio avec Laure Adler, et la réalisatrice. 45 mn
Il s’agit tout simplement de l’émission de France Culture « Hors Champ », consacrée le 20 mai 2010, à la réalisatrice qui évoque en autre l’influence d’Eric Rohmer, pour ses premiers pas dans le cinéma.Olivier Assayas , pour qui Mia Hansen-Løve a fait l’actrice ,est bien évidemment de la partie ( » Fin août, début septembre »). Extrait du film – le dialogue avec François Cluzet- puis de son premier long-métrage … Elle évoque plus généralement ce que représente le cinéma devant et derrière la caméra. » Quand j’ai écrit ce film , c’était pour faire un portrait. Dans le sens de combler des vides, l’écriture me permet de faire le deuil de gens qui , pour des raisons diverses,sont sortis de ma vie ».
En prime , un livret où l’on trouve aussi bien des extraits de dialogues, les textes des chansons , ou autour de l’architecture.