(Après avoir renoncé à un poste ministériel Arnaud Montebourg aurait engagé des recherches en vue d'écrire une biographie croisée de Rastignac et de Thiers, qui a inspiré ce personnage de Balzac. Audrey Pulvar-Montebourg (Arnaud aurait épousé sa compagne à Mâcon) aurait été nommée porte-parole du gouvernement de Pierre Moscovici)
> Les candidats à l'élection présidentielle sont à la recherche de leurs ultimes soutiens. Dans cette perspective nous avons convoqué ici trois grands écrivains du XIXe siècle : à quels candidats iraient leurs suffrages?
→ François-René Chateaubriand : la particule
Monarchiste, mais favorable à la Charte, c'est-à-dire à une nouvelle monarchie constitutionnelle, Chateaubriand eût été très intéressé par l'élection au suffrage universel du prochain président, ce monarque républicain, vestige de l'Ancien régime. Hostile aux ultras et aux démocrates, il aurait écarté les candidats trop marqués sur l'échiquier politique.
Après avoir été tenté par François Bayrou, homme de lettres et catholique pratiquant, il aurait reproché au Béarnais son slogan "ni gauche, ni droite" et ses palinodies, et préféré, en définitive, celui qui se veut au-dessus des partis, Dominique de Villepin, homme d'une grande culture, usant d'une rhétorique empreinte de lyrisme, comme lui ancien ministre des affaires étrangères, dont le vicomte aurait apprécié, par ailleurs, la particule nobiliaire attachée à son patronyme.
→ Honoré de Balzac : le trône et l'autel
Il déclarait : « J'appartiens à ce parti d'opposition qui s'appelle la vie » mais l'écrivain, qui affirmait écrire à la lumière de deux vérités éternelles, le trône (la monarchie) et l'autel (la religion catholique, apostolique et Romaine), admirait les personnalités historiques à poigne : Catherine de Médicis, Louis XIV, Robespierre, Napoléon. Hostile à la Réforme, c'est-à-dire au protestantisme, coupable à ses yeux d'avoir affaibli les bases de la société, aussi bien qu'aux réformes, défenseur des valeurs de la famille après avoir beaucoup souffert dans sa jeunesse, Balzac, revendiqué dans les années trente par l'Action française, aurait porté son choix sur Marine Le Pen définitivement convaincu par son projet d'une nouvelle alliance entre la France et la Russie éternelle.
→ Émile Zola : je récuse...
Ayant participé à la primaire socialiste et voté en soirée à Médan pour Martine Aubry, femme du Nord, réputée proche du monde ouvrier et de celui de la mine, Émile Zola aurait été tenté dans un premier temps d'apporter son suffrage à Jean-Luc Mélenchon, porte-parole des sans-voix ; ce tribun né lui aurait rappelé Jules Guesde, son mentor en politique.
Cependant, ayant évolué au soir de sa vie vers un humanisme teinté de catholicisme social, Zola, soucieux du vote utile après un entretien serré avec Lionel Jospin, aurait opté au dernier moment pour François Hollande, après avoir signé en première page du Monde, à la demande de Pierre Bergé mais contre l'avis de la Société des rédacteurs du journal (indépendance oblige), une lettre ouverte aux Français intitulée : « Je récuse Marine... ».
Au second tour, après que le président du Conseil constitutionnel eut constaté avec une mine réjouie l'élimination de monsieur Nicolas Sarkozy, Zola aurait voté à nouveau pour François Hollande, Balzac pour Marine Le Pen ; Chateaubriand, après avoir consulté Jean d'Ormesson, aurait voté blanc.
Épilogue
Élu président, François Hollande, avec le sens de l'œcuménisme qu'on lui reconnaît, et par souci d'unité nationale, aurait invité les trois écrivains à sa cérémonie d'investiture ainsi que Denis Tillinac, auteur, à trois jours du premier tour, d'un article remarqué en page politique du Figaro (Étienne Mougeotte lui ayant refusé la "Une") : « Pourquoi, comme Jacques Chirac, je vote Hollande ». Excusée, l'ancienne compagne au visage de madone du nouveau président serait allée prier à Notre-Dame. Certains l'auraient entendu marmonner : « Toujours revenir à François Mitterrand, les idées de la gauche, le style de la droite ».
Fin mai, Nicolas Sarkozy aurait totalement disparu des écrans. Le dernier film qu'il se serait fait projeter à l'Élysée eût été un vieux classique du cinéma italien : « L'Éclipse ». Il n'aurait rien compris.
M. Fr.