La Révolution française eut une influence décisive sur WG.
Roussin(1) dans sa thèse a dit : « La Révolution française, en effet, fait centre dans la vie de Godwin. Toutes les forces de sa destinée convergent vers elle. Sans elle, il est à peu près certain que Godwin serait toujours demeuré ce qu’il était avant elle : un journaliste sans grand talent, sans grand renom, indifféremment occupé, par besoin de gagner sa vie, et aussi par goût, de romans, d’articles politiques et d’études historiques. »
Il faut également souligner le rôle des philosophes français, particulièrement Helvétius, sur WG.
Rôle de la Révolution française sur William Godwin.
Les Anglais se sont énormément intéressés à la Révolution française. Cet intérêt trouve probablement ses racines dans l’échec de leur propre révolution. En effet en 1688 la grande révolution si elle avait affaibli le rôle du roi, n’avait pas instauré une véritable démocratie : persistance la corruption, absence de grands desseins.
Aussi la Révolution française avec sa Déclaration des droits de l’homme fut accueillie avec enthousiasme dans le Royaume-Uni.
Évidemment, cet enthousiasme s’est accompagné d’un intérêt pour tous les écrits en rapport avec cet événement, mais également pour tous les écrits politiques novateurs. Cest donc ce contexte particulier qui pourrait expliquer le grand succès de l’œuvre maitresse de WG : « l’enquête sur la justice politique ». (2)
(Un autre grand philosophe contemporain de Godwin, Jeremy Bentham, fut à l’opposé septique par rapport à la Déclaration des droits de l’homme qu’il analysa et critiqua de façon sévère.)
Rôle des penseurs français.
Jean Jacques Rousseau.
De Jean Jacques Rousseau, Godwin salua l’idée de l’égalité des hommes. Mais il rejeta le concept du « contrat social ». En effet, Godwin trouve hasardeux de lier des générations à venir par un pacte auquel on aurait adhéré actuellement.
Helvétius est né en 1715 d’une famille aisée de médecins. Sa nomination de fermier général compléta de lui assurer une existence prospère. C’était un homme généreux et fidèle en amitié.
Il écrit deux œuvres majeures :
« de l’esprit » qui lui valut de sérieux problèmes avec l’Église, puis « de l’homme » qui fut publié à sa demande après sa mort.
Les grandes pensées de Helvétius.
Helvétius nous dit qu’un enfant nait vierge de toute morale prédéterminée. Il ne possède à sa naissance aucune structure préconçue à sa propre éducation.
Ces idées s’opposent à celles de l’Église (péché originel) mais également à celles de Rousseau (bonté originelle, instinct moral inné : l’homme nait avec une prédisposition à la bonté selon Rousseau).
Helvétius nous dit que c’est l’environnement, le milieu, l’éducation qui vont modeler l’homme et décider de son futur développement moral.
Helvétius nous précise que ce développement est le fruit du hasard.
Hasard qui le fait naitre dans une famille particulière, puis c’est le même hasard qui le fera fréquenter une école particulière, des gens particuliers et ainsi de suite.
C’est le déterminisme par l’éducation.(facteur de liberté Selon Helvétius).
Ce déterminisme s’oppose au radicalisme de Diderot, selon lequel l’humain est le fait de ses structures internes : morphologique, nerveuse, etc.
Ouvrez le cerveau d’un sot et vous saurez pourquoi il est sot. (Selon Diderot).
Ce déterminisme est facteur de fatalité pense Helvétius.
L’aboutissement du raisonnement d’Helvétius est que c’est le gouvernement qui est responsable de notre éducation, donc de ce que nous sommes. Car c’est lui qui gère de façon fine notre éducation scolaire, notre comportement.
Autres pensées d’Helvétius :
vérité : comme les autres philosophes des lumières, Helvétius pense que la vérité se suffit à elle-même. Il suffit de l’énoncer pour qu’elle triomphe.
Utilitarisme : Helvétius nous dit qu’une action est utile si elle concourt au bonheur du plus grand nombre.
Influence d’Helvétius sur Godwin
Beaucoup d’idées D’Helvétius seront reprises par Godwin :
- La neutralité de l’enfant à la naissance puis le déterminisme par l’éducation.
- Le rôle du gouvernement dans l’éducation et le modelage des citoyens.
- L’utilitarisme et la recherche du bonheur du plus grand nombre.
Toutefois, Helvétius propose un gouvernement vertueux qui appliquerait ses idées. Un tel gouvernement reformé, clamera la vérité et changera profondément la manière d’éduquer le citoyen. Ainsi, pense Helvétius, la vérité et la vertu triompheront et l’on atteindra forcement le bonheur pour le plus grand nombre.
Godwin lui, est opposé à toute forme de gouvernement. (Les anarchistes pensent que c’est là les fondements de leur idéologie.)
Que ce soit Godwin ou Helvétius, nous avons affaires à deux hommes utopistes dont la quête est le bonheur du plus grand nombre possible de citoyens.
(1) ROUSSIN WILLIAM GODWIN (1756-1836) PARIS LIBRAIRIE PLON.
(2) Enquête sur la justice politique et son influence sur la vertu et le bonheur en général (An Inquiry concerning Political Justice, and its influence on General Virtue and Happiness) Enquête sur la justice politique et son influence sur la vertu et le bonheur en général (An Inquiry concerning Political Justice, and its influence on General Virtue and Happiness)