Parce que Marc Lièvremont et son co-auteur parviennent à rendre l’aventure du XV de France en Nouvelle-Zélande passionnante. Avouez qu’il faut pour cela de vrais dons de conteurs. Suivre les matchs des Bleus avait été une véritable purge, à une ou deux exceptions près ; ici c’est haletant et plein de suspens lors des deux tiers du livre consacrés à l’événement.
Parce que c’est le seul moyen de découvrir les coulisses des Bleus. Les caméras de TF1 ont eu beau nous proposer des dizaines de reportages dans l’intimité du XV de France, pas un ne vaut le récit de Marc Lièvremont. N’allez pas pour autant vous imaginer qu’il ouvre toutes les portes et raconte la stricte intimité du squad. L’abominable formule “Ce qui se passe dans le vestiaire…” est toujours de mise.
Parce qu’il revient sur l’affaire Bastareaud contre la table de nuit. Comme Chabal qui organise une conférence de presse pour ne rien dire, Marc Lièvremont consacre une dizaines de pages au problème de Mathieu Bastareaud lors de la tournée aux antipodes pour… ne rien nous apprendre qu’on ne sache déjà. Alors soit l’ex-entraîneur est un fieffé menteur, ce qui semble peu probable, soit il ne connait vraiment pas les dessous de l’histoire, et c’est d’autant plus inquiétant pour celui qui était alors responsable de cette bande de sales gosses.
Parce que Marc Lièvremont est un vrai gentil. Ou tout du moins un piètre méchant. Même lorsqu’il tente à deux ou trois reprises de tirer à boulets rouges sur ce bihebdomadaire “dont le diminutif usuel ressemble à un nom de médicament”, on sent surtout la maladresse dans ses propos ; il joue les rancuniers mais flotte dans le costume. Quant aux journalistes, les autres, ceux qui ne sont pas du Midol, il les charge avec aussi peu de pertinence, les qualifiant de “poissons morts” croisés dans des “ambiances sinistres, répulsives”… C’est peut-être juste parce que ces affreux scribouillards voulaient se mettre au diapason des prestations du XV de France. Allons, monsieur Lièvremont, un peu de sérieux ! Iriez-vous reprocher à Evelyne Dhéliat d’annoncer du mauvais temps ?
Parce qu’il recadre avec assez de finesse Sébastien Chabal à propos de sa non-sélection. En clair : le barbu se la joue grand seigneur à la fin de la compétition, félicitant le coach et évoquant de prétendus désaccords sur lequel il passe l’éponge. Mais de désaccord, il n’y en avait aucun, juste un entraîneur qui n’avait pas sélectionné un joueur qu’il ne trouvait pas à la hauteur. Du coup, Marc Lièvremont conclut le passage d’un cinglant : “Mais quels déssacords Seb ?”
Parce que l’on apprend que le blessé le plus sérieux, c’était lui ! Durant la préparation, le coach s’est très sévèrement blessé au genou et personne ne nous en avait parlé. Le récit de cette blessure récurrente chez lui s’apparente au scénario de “Saw”.
Parce qu’il continue à justifier son “Trinh-Duc sacrifice”. L’ouvreur de Montpellier avait été son chouchou pendant plus de trois ans ; son éviction du XV de départ pendant la Coupe du monde continue de hanter le sélectionneur. Marc Lièvremont se justifie tout en chargeant comme une mûle François Trinh-Duc, le faisant passer pour un enfant gâté (tiens, tiens, encore une histoire de sale gosse) sans la moindre volonté. Plus maladroit tu meurs.
Parce qu’il a bon goût en matière de lecture. On apprend ainsi que dans l’avion qui emmène le squad français en Nouvelle-Zélande, le coach lisait l’excellent “Livre sans nom”, le polar le plus rock’n'roll des dix dernières années.