La réduction des inégalités sociales conduirait-elle à la disparition de certains services à domicile ? Peut-être. C'est semble-t-il le cas au Brésil. Ce pays qui se place désormais à la sixième place mondiale sur le plan économique a vu son PIB croître de 7,5% en 2010. La croissance génère une diminution des inégalités et la main d'oeuvre corvéable à bas prix se raréfie.
C'est la fin d'un modèle : celui de la famille de classe moyenne aisée qui a une employée à domicile en permanence. Désormais, les « domestiques » vivent de moins en moins souvent chez leurs employeurs et leur statut s'améliore, en tout cas pour celles et ceux qui continuent à travailler à ces postes.
Grâce à l'augmentation du niveau de vie, celles qui autrefois fuyaient la pauvreté en devenant domestiques, peuvent désormais bénéficier d'opportunités professionnelles mieux rémunérées et plus valorisantes. Car l'argent n'est pas tout. L'évolution du pays a permis à un plus grand nombre de personnes d'accéder à l'éducation. Instruites, elles n'ont tout simplement plus envie de travailler chez les autres, d'autant que le travail domestique, peu gratifiant, ne leur offre guère de perspectives de progression.
Tout s'est accéléré au milieu du XXème siècle
Cette évolution est venue progressivement. La main d'oeuvre domestique est restée très nombreuse pendant longtemps mais tout s'est accéléré à partir de la seconde moitié du XXème siècle. Progressivement, d'un statut mal défini, mélange de relations professionnelles et familiales, les domestiques se sont « professionnalisées », notamment par la perception d'une rémunération. Depuis 2007, pour la première fois dans l'histoire du pays, les femmes actives qui travaillent dans le secteur du commerce sont aussi nombreuses que celles qui sont employées de maison.
Il y a encore près de 6,7 millions de femmes et 500 000 hommes, soit 7,8% de la main d'oeuvre du pays qui est employée à des tâches domestiques, mais s'offrir leurs services sera bientôt réservé aux personnes très aisées. L'entreprise offre des opportunités de progression inexistantes pour les employées de maison et la jeunesse brésilienne cherche les activités rémunératrices et valorisantes.
Sur un plan culturel enfin, les choses ont évoluée sous l'influence intellectuelle des autres pays. La classe moyenne brésilienne a perçu que les pays développés désapprouvaient les relations paternalistes et quelque peu archaïques entre la domesticité et ses « patrons ». Du coup, ces rapports sont mal assumés par la nouvelle génération des employeurs potentiels. Le malaise est donc perceptible pour tous.