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Ce que nous coûte l’immigration : la polémique continue

Publié le 10 février 2012 par Lecriducontribuable
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Coût de l’immigration : Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de Gauche  et premier adjoint à la Maire du 12e arrondissement de Paris met en cause le sérieux des travaux de Jean-Paul Gourévitch, auteur de plusieurs études sur les coûts de l’immigration et de l’émigration pour Contribuables Associés. Jean-Paul Gourévitch lui répond.

Jean-Paul Gourévitch, expert international en sciences humaines, spécialiste de l’Afrique et des migrations réagit aux propos qu’a tenus à son encontre Alexis Corbière, dans un  article consacré au dernier ouvrage de Marine Le Pen et publié sur son son site personnel ainsi que sur le site de Mediapart.

Article dans lequel Alexis Corbière met en cause le sérieux des études de Jean-Paul Gourévitch.

Le Cri du Contribuable publie ci-après le courrier que M. Gourévitch a adressé à M. Corbière et dans lequel il lui demande un droit de réponse. Légitime requête à laquelle M. Corbière n’a pour l’heure pas donné suite.

Note de la rédaction : les passages en gras et les liens hypertextes ci-après sont de notre fait.

« Bonjour, Alexis Corbière

J’ai reçu via l’Argus de la Presse le compte-rendu que vous avez donné sur www.alexis-corbiere.com et sur le site de Mediapart du dernier ouvrage de Marine Le Pen.Vous êtes bien entendu libre de votre opinion. Vous ne l’êtes pas en revanche de tenir sur mon compte des propos qui sont à la limite de la diffamation.

Le passage incriminé est le suivant :

« Elle refuse d’admettre les études d’universitaires spécialistes de la question qui démontrent que l’immigration n’est pas un coût pour la France , mais au contraire qu’elle lui « rapporte » un solde positif de près de 12,4 milliards d’euros chaque année. Elle préfère les chiffres de Jean – Paul Gourévitch présenté comme « universitaire » qui lui, voit une dépense gigantesque dans l’immigration. Manque de chance, si M. Gourévitch est bien professeur à l’Université Paris XII, il y enseigne « l’image politique » et « la littérature de jeunesse ». Si cela ne le disqualifie pas à priori, cela n’en fait pas non plus une autorité incontestée dans les milieux universitaires sur les coûts de l’immigration. »

Je ne vous chicanerai pas sur le fait que vous affirmez que j’enseigne (ou plutôt j’ai enseigné pendant 12 ans) à l’Université Paris XII l’image politique, ce qui est vrai, et la littérature de jeunesse, ce qui est faux, car c’est dans un autre cadre, non universitaire, que j’interviens.

Ce qui est grave, c’est que vous vous autorisez de ces considérations pour affirmer sans la moindre preuve que je ne suis pas une autorité incontestée dans les milieux universitaires sur les coûts de l’immigration et que j’y vois une « dépense gigantesque ».

Si vous aviez consulté mes ouvrages, ma biographie disponible sur Wikipedia, mon site (menu L comme Livres, A comme Afrique, I comme Immigration) et tout simplement mes collègues qui travaillent sur l’immigration, vous auriez  facilement découvert :

- que  je travaille comme consultant international en Afrique depuis 1987  sur l’Afrique et les migrations,  avec les Africains et les diasporas africaines installées en France,  pour le ministère des Affaires Etrangères et Européennes, le PNUD-UNESCO, l’Union Européenne, Le Conseil de l’Europe, Le Partenariat Eurafricain, La Banque Mondiale, Le Fonds Nordique International, divers cabinets et ONG,  ce qui,  je crois,  témoigne d’une reconnaissance internationale peu discutable ;

- que j’ai publié sur les migrations une dizaine d’ouvrages dont les plus récents sont Les Migrations en Europe (Acropole 2007), Les Africains de France (Acropole 2009, ) L’Immigration ça coûte ou ça rapporte (Larousse 2009) plus une quinzaine de rapports ;

- qu’une partie de ces textes est traduite dans des revues étrangères ;

- que j’ai été invité à nombre de conférences internationales ;

- et que je suis régulièrement consulté sur ces problèmes par France 24, BFM, LCP, RFI, LCI, France 3…

Je n’en tire aucune gloire mais je ne peux accepter qu’on me présente comme un touche-à-tout, c’est à dire un propre-à-rien, qui disserterait sur l’immigration sans rien y connaître.

Et pour être précis, je me permets de rappeler que mon rapport sur les migrations subsahariennes pour le Conseil de l’Europe a été voté le 18 avril 2008 à l’unanimité (moins 2 abstentions), ce qui est quand même rare sur un sujet aussi sensible.

Je reviens ce jour même de mission au Burkina-Faso puisque j’ai été chargé par le MAEE [ministère des Affaires Etrangères et Européennes, ndlr] de l’évaluation des 18 projets universitaires franco-africains du FSP [Fond de Solidarité Prioritaire, ndlr] « migrations internationales » qui analysent l’impact du développement solidaire sur les migrations (un sujet qui devrait vous passionner!).

Dans le même paragraphe, vous indiquez que je vois une « dépense gigantesque » -que vous ne chiffrez pas-  dans l’immigration. J’aurais à la rigueur compris que vous utilisiez ces termes pour l’étude de Gérard Pince du FMI et de Free World Academy qui chiffre le déficit dû à la seule immigration des pays tiers à 71 milliards d’euros ou pour Yves-Marie Laulan, et le professeur Jacques Bichot de l’Institut de Géopolitique des Populations qui arrivent sensiblement aux mêmes chiffres.

Mais les quatre monographies que j’ai publiées* (voir sur Wikipedia le débat sur les coûts de l’immigration) la positionnent à 30,4 milliards d’euros par an pour le rapport dépenses/recettes et considèrent que le rapport investissements/rentabilité est équilibré (car quand on dépense pour l’amélioration de la formation des immigrés ou l’éducation de leurs enfants ce n’est pas un coût mais  un investissement).

Mais où on atteint le comble de la désinformation, c’est dans le paragraphe précédent, quand vous parlez « d’études d’universitaires spécialistes de la question » qui démontrent que l’immigration rapporte à la France un solde positif de près de 12, 4 milliards d’euros chaque année.

Tout d’abord, le pluriel que vous mettez à « études » est bien singulier puisqu’il s’agit en tout et pour tout d’un seul rapport, celui rédigé sous la direction du professeur Chojnicki de l’Université de Lille.

Manque de chance, pour reprendre votre formule, vous ne l’avez pas lu. Si vous l’aviez fait, vous vous seriez aperçu :

- que l’étude Chojnicki ne porte nullement  sur le coût de l’immigration en France mais seulement sur celui de la protection sociale comme son nom l’indique « migrations et protection sociale : étude sur les liens et les impacts de court et long terme » ;

- qu’elle passe donc sous silence les coûts de l’immigration irrégulière, ceux de l’économie informelle, les coûts de structure, les coûts sécuritaires et même les bénéfices apportés à l’économie par le travail des immigrés ;

- qu’elle  se fonde sur des chiffres de 2005 d’un recensement qui ne comptabilise  que ceux qui ont voulu ou pu se faire recenser alors que j’utilise ceux de 2009-2010 par la méthode de croisement des données exposée dans mes travaux;

- que M. Chojnicki lui-même a protesté contre l’instrumentalisation qui a été faite de ses chiffres, et, qu’interpellé par le journal Le Monde, il a d’un seul coup de téléphone, ramené les 12,4 milliards à 4 milliards (Le Monde du 12 avril 2011).

Voilà ce qui se produit quand au lieu de contrôler la véracité de ses sources on se contente de reproduire les propos de journalistes qui n’ont pas plus que vous lu le texte mais qui veulent se rassurer ou écrire ce qui plaira à leur public.

C’est le règne du non-dit, du mal-dit, du vite-dit… bref la manipulation de l’opinion publique contre laquelle je lutte, mais sans grand succès je le reconnais, depuis plus de 10 ans.

Pour votre information, j’ai dirigé en 2002 le numéro de la défunte revue Panoramiques sur « la désinformation tous coupables? » avec 35 collaborateurs aussi bénévoles que moi, dont l’éventail s’étageait  de Ras’l'front (on ne peut guère être plus à gauche) jusqu’à Vladimir Volkoff (carrément très à droite)  en passant par François-Xavier Verschave, Guy Konopnicki, Alexandre Adler, Elisabeth Lévy, Xavier Raufer etc. Un magnifique flop de librairie.

Je termine cette lettre déjà suffisamment longue. Je n’ai pas l’intention de polémiquer avec vous ni de faire de ce différend un sujet de campagne électorale dans laquelle je ne souhaite pas m’impliquer.

Il ne servirait plus à rien de supprimer le texte incriminé. Le mal est fait auprès des quelques dizaines ou centaines de milliers de lecteurs qui l’ont lu sur votre blog ou sur Mediapart.

Je vous propose donc, pour régler cette affaire à l’amiable, d’insérer dans votre texte, au plus vite et sur les deux sites juste après le passage incriminé, un droit de réponse qui reprend l’essentiel des considérations exposées ci-dessus.

S’il en était autrement, je serais obligé de considérer qu’il s’agit d’une volonté manifeste de me discréditer et je serai donc obligé de prendre les mesures  nécessaires à la préservation de ma réputation d’objectivité (avec tous les guillemets nécessaires) et d’intégrité à laquelle je tiens.

Pour le reste, je suis toujours prêt à débattre avec vous du coût de l’immigration pour les pays d’origine, les migrants eux-mêmes et les pays d’accueil et des mesures que j’ai proposées pour le réduire dont certaines, si vous les aviez lues, auraient dû obtenir votre assentiment.

Dans l’attente, je vous prie de croire à mes sentiments les meilleurs. »

Jean-Paul Gourévitch

* chez Contribuables Associés.

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