Cette étude montre, sur l'animal, la capacité, en quelques heures seulement, d'un médicament, déjà disponible sur le marché, le bexarotène, à inverser le déficit cognitif lié à la maladie d'Alzheimer en stimulant l'élimination des plaques amyloïdes responsables du développement de la maladie. Ces conclusions publiées dans l'édition du 10 février de la revue Science, représentent une percée spectaculaire dans les recherches de thérapeutiques pour la maladie d'Alzheimer.
Ces neuroscientifiques de la Case Western Reserve University School of Medicine (Ohio) montrent sur la souris que le bexarotène fait disparaître les plaques amyloïdes dans le cerveau et permet d'inverserr le déclin cognitif. Ce médicament, le bexarotène, approuvé dans le traitement du cancer depuis plus de10 ans, pourrait donc à terme aider doit aider les 25 millions de personnes atteintes de la MA dans le monde.
La maladie d'Alzheimer découle en grande partie de l'incapacité du corps à éliminer les protéines bêta-amyloïdes naturellement produites par le cerveau. En 2008, un chercheur de la Case Western Reserve, le Pr. Gary Landreth, professeur de neurosciences, auteur de cette nouvelle étude, avait déjà découvert que le principal transporteur de cholestérol dans le cerveau, l'apolipoprotéine E (ApoE), favorise l'apurement des protéines bêta-amyloïdes.
Le Pr. Landreth et ses collègues ont choisi d'étudier l'efficacité du bexarotène pour augmenter l'expression ApoE. L'élévation des niveaux de ApoE dans le cerveau accélère l'élimination des protéines bêta-amyloïdes dans le cerveau. Or le bexarotène stimule les récepteurs qui contrôlent la quantité d'ApoE produite.
Le bexarotène améliore très rapidement la mémoire et le comportement, expliquent les chercheurs et parvient même à inverser le mécanisme pathologique. 6 heures après l'administration du bexarotène, cependant, les niveaux d'amyloïdes ont baissé de 25%, un effet qui dure plus de 3 jours. Cette baisse des niveaux d'amyloïdes entraîne une amélioration rapide de toute une série de comportements sur 3 modèles murins différents de la maladie d'Alzheimer. Une souris modèle de la MA aura des difficultés par exemple à préparer sa « nidification ». 72 heures après le traitement par bexarotène, les souris recommencent à utiliser les matériaux mis à disposition pour préparer des nids. Elles redeviennent capables de détecter et de répondre à des odeurs, la perte de l'odorat étant l'un des premiers symptômes de la MA.
Le bexarotène stimuler rapidement l'élimination des plaques amyloïdes dans le cerveau. En moins de 72H, plus de la moitié des plaques a été éliminée et à terme, 75% des plaques ont disparu. Les chercheurs expliquent que « le bexarotène reprogramme les cellules immunitaires du cerveau à phagocyter les dépôts amyloïdes ».
Facteur génétique ApoE et opportunité de traitement : Cette étude identifie un lien entre le facteur de risque génétique de la maladie d'Alzheimer et ce traitement possible. Alors que nous présentons 3 formes d'ApoE: ApoE2, apoE3 et ApoE4, porter le gène ApoE4 signifie une augmentation considérable de la probabilité de développer la maladie. Ces travaux suggèrent que l'élévation des niveaux de l'apoE dans le cerveau pourrait être une stratégie thérapeutique efficace pour effacer les formes d'amyloïde associées à des troubles cognitifs.
"Il s'agit d'une constatation sans précédent", conclut Paige Cramer, auteur principal de l'étude. «Avant cette étude, les traitements existants mettaient plusieurs mois pour réduire la plaque amyloïde dans le cerveau."
Source: Science 1217697Published online 9 February 2012 DOI:10.1126/science.1217697 “ApoE-Directed Therapeutics Rapidly Clear β-Amyloid and Reverse Deficits in AD Mouse Models” (Visuel Alzheimer Disease Research)
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