L’AC Milan traverse un moment extrêmement délicat de la saison. Les prochains matches contre Udinese et Arsenal sont fondamentaux mais les Rossonero n’y sont plus, physiquement et mentalement. Et pourtant il faut se battre car ces deux matches peuvent influencer toute la saison, de manière positive ou négative. Le Rossoneri doivent retrouver des idées et une cohésion qui semble disparue. Les problèmes de Milan semblent profond, à partir de la gestion de la société, du mercato, du staff médical jusqu’à l’entraineur et les joueurs.
L’année passée, au même moment de la saison, on était déjà tous désespérés par la situation des blessés, en attribuant à la malchance cette hécatombe, principalement orientée sur le milieu de terrain milanais. Ainsi, la double confrontation abordable contre Tottenham était devenue insurmontable, avec Thiago Silva au milieu, accompagné de l’habituel Seedorf et d’un Boateng pratiquement blessé. En championnat, les arrivées de Van Bommel et Emanuelson avaient permis de bien aider l’équipe mais en Champions League, il n’y avait rien eu à faire. Un an plus tard, on se retrouve dans la même situation, voire pire, avec une équipe décimée lors du mois le plus important de la saison et des matches décisifs. A un certain moment, on ne peut plus parler (seulement) de malchance.
Les préparateurs athlétiques et le staff médical ne peuvent pas y être pour rien. Après les préparations physiques, en été et en hiver, il y a systématiquement eu des hécatombes. Dès le retour de Dubaï, Milan a perdu deux piliers comme Aquilani et Boateng. Le déplacement à Dubaï en lui-même ne peut pas être la cause en sachant que d’autres équipes (PSG et Juventus par exemple) ont aussi passé l’hiver au chaud. Cela fait plusieurs années que l’AC Milan est souvent décimé (c’était déjà le cas avec Ancelotti et Leonardo), le staff médical a été remplacé deux fois, MilanLab a été supprimé mais les problèmes sont toujours présents : erreurs de diagnostics (Gattuso, Nesta…), mauvaise communication sur les blessures et les retours, rechutes immédiates (Pato, Pirlo…), des temps de récupération qui s’allongent mystérieusement (Mexès, Flamini, Aquilani…)… Ajoutons à cela que le staff médical n’a jamais trouvé une méthode pour préserver Pato et résoudre ses problèmes physiques. Il y a forcément quelque chose qui ne fonctionne pas bien. Néanmoins, certaines blessures restent imprévisibles notamment les cas extraordinaires de Cassano et Gattuso ou encore la blessure de Merkel dès son retour. Le terrain de San Siro serait-il une des causes? Trop de questions restent sans réponse et trop de problèmes se répètent sans jamais trouver de solution.
Et qu’a fait la société pour remédier à tout cela? Rien ou en tout cas pas grand chose. Il est évident que Milan ne pouvait pas engager 10 joueurs pour remplacer les 10 blessés en janvier mais cela a commencé dès l’été, Galliani & co ont confirmé un milieu de terrain avec une moyenne d’age très élevée tout en misant sur des joueurs fragiles sans avoir des alternatives à la hauteur. Il n’y a aucune alternatives à Aquilani et Boateng dans l’effectif. Paradoxalement ce sont les jeunes (et les plus importants) qui se sont blessés et Allegri se retrouve avec des vieux et un inadapté. Et nous voilà face aux matches les plus délicats dans une situation critique, après deux défaites et un match nul lors des trois matches déjà très importants qui ont été disputé. Comment en sommes-nous arrivés là?
Commençons par le commencement : on a un non-président qui ne s’intéresse plus du tout à Milan. Il n’y a plus d’investissement depuis de très longues années car tous les achats des joueurs sont financés par la vente d’autres joueurs. Ibra et Robinho ont été financés par les ventes de Borriello et Huntelaar. L’argent injecté par Berlusconi dans la société reste conséquent, environ 70-80M par an (et ça l’emm****), pour couvrir les dettes créées par des couts trop élevés, conséquence d’une mauvaise gestion. Galliani est à la fois coupable de cette mauvaise gestion mais toujours capable de réaliser des coups stratégiquement parfaits (Ibra, Robinho, Boateng) qui nous ont permis de gagner le Scudetto la saison passée. En somme, il est capable du meilleur comme du pire, que ce soit dans la gestion des affaires importantes (Ibra et Tevez) ou des petits coups low cost (Nocerino et Muntari). En janvier, Merkel a fait son retour mais est-ce vraiment un joueur capable de faire la différence comme on en avait besoin? Sans compter qu’il faut surtout remercier la bonté de Preziosi, qui ressemble plus au président de Milan que le vrai. Mesbah est arrivé parce qu’il était gratuit, Maxi Lopez parce que Manchester City n’a pas cédé aux offres de Milan (trop basses et sans obligation) pour finir avec Muntari. Quel est le sens d’engager un déchet de l’Inter (ils sont soulagés de s’en être débarrassé…) qui n’est pas disponible au moment le plus critique car il participe à la CAN et qui vient alourdir l’énorme masse salariale avec un salaire disproportionné? Comment est-ce possible d’être en même temps le 7ème club d’Europe qui facture le plus et le club qui se promène sans un sous en essayant de recruter tous les joueurs gratuits disponibles? Peut-être parce qu’on a une masse salariale qui étouffe le budget et que malgré cela, depuis 2007 on continue à payer trop de joueurs qui n’apportent plus rien ou presque à l’équipe?
On a une équipe sans investissement, mal gérée et décimée par les blessures, des joueurs trop vieux et / ou inadaptés, plus ou pas au niveau… mais le coupable est… l’entraineur, comme toujours! Le même entraineur qui a emmené Milan vers le Scudetto dès sa première saison, celui qui a battu le record de points en 2011 et qui a mis fin au règne de l’Inter depuis 2006. Un entraineur qui a été nommé deux fois meilleur entraineur de Serie A, qui a remis de l’ordre dans un Milan qui venait de nulle part (dernière année d’Ancelotti en UEFA et ensuite Leonardo), qui fait face à la transition des générations, avec de nombreux joueurs qui disputent l’année de trop… Peut-on passer du jour au lendemain de héros à incompétent? La chose la plus stupide est de juger la valeur d’un entraineur (ou d’un joueur) sur un court laps de temps, sans prendre en compte tous les autres éléments qui ne sont pas forcément liés aux qualités de l’entraineur (ou du joueur).
L’entraineur milanais a un énorme défaut et fait des erreurs (comme tous les entraineurs). Il est rigide et prudent. Il ne veut pas changer son système de jeu et pour lui, ce sont les joueurs qui doivent s’adapter à la tactique et non le contraire (hallucinant). Il ne s’adapte pas aux adversaires et n’a pas plusieurs alternatives tactiques. Il est enfermé dans son schéma. Ainsi, quand l’équipe ne trouve pas la faille et / ou affronte un certain type d’équipe, il n’y a pas de solution. Actuellement, il manque des joueurs clés pour son idée de jeu et de tactique donc forcément rien ne fonctionne comme prévu car les remplaçants ne sont pas à la hauteur et / ou n’ont pas les caractéristiques pour ce qui leur est demandé (seul Nocerino est une vraie mezz’ala). A cela, on peut ajouter le défaut des phases arrêtées qui sont potentiellement des armes redoutables mais qui ne sont pas exploitées à Milan (et ce, depuis des années car c’était déjà le cas avec Ancelotti et Leonardo). Il a ce (gros) défaut de rigidité mais est-ce vraiment lui le mal de Milan?
Que reproche-t-on actuellement à Milan? Tout d’abord ses résultats mais aussi le jeu de l’équipe et le manque de détermination, de grinta. Il est évident qu’actuellement, les résultats sont insatisfaisants, Milan n’a aucun jeu, l’équipe n’a pas d’âme, n’est pas organisée et joue sans motivation. On reproche à l’entraineur de ne pas avoir d’idée géniale pour changer un match. On ne voit pas de pressing, on ne voit pas une équipe qui court, on ne voit pas des latéraux qui vont au bout et envoient des centres parfaits, on ne voit pas de combinaisons offensives, de passes en profondeurs, des accélérations, des tirs de loin… à la place de cela, on voit une équipe qui vivote, qui essaye de contrôler le match avec une possession de balle lente et stérile en attendant que Ibrahimovic invente quelque chose pour débloquer le match. Et quand ça n’arrive pas, on ne gagne pas. Et le plus facile si on ne cherche pas plus loin, c’est d’accuser Allegri.
Mais comment avoir un jeu et une organisation avec des joueurs médiocres, sans qualité? Il semble y avoir un problème de détermination, de grinta, mais pourquoi dans la presse personne ose remettre en question les joueurs? Ne sont-ils pas les premiers à devoir se motiver, ne fut-ce que pour mériter leurs énormes salaires? Et puis sont-ils vraiment capables de mieux faire? On voudrait que l’entraineur ait des idées géniales pour changer un match en cours mais est-ce possible avec les joueurs qu’il y a sur le banc? Comment changer un match, en insérant Zambrotta ou Emanuelson? Il n’y a pas de pressing et l’équipe ne court pas mais peut-on espérer plus de la part de vieux milieux ou d’un inadapté comme Emanuelson? A partir du moment où l’équipe ne presse pas, ne court pas, que le milieu de terrain n’a aucune qualité technique, peut-on espérer un jeu rapide? On ne voit pas des latéraux efficaces, est-ce la faute de l’entraineur s’ils sont médiocres (Antonini) ou fatigués car ils doivent jouer tous les matches sans alternative possible (Abate)? On ne voit pas de combinaisons offensives ni de passes en profondeurs, comment cela pourrait être possible avec des milieux sans technique et des joueurs en méforme (Robinho, Ibra)? Qui peut accélérer le jeu, faire la différence, apporter la supériorité numérique? Qui peut tirer de loin? Si l’équipe est forcée de jouer avec 4-5 joueurs qui n’ont pas ou plus le niveau, comment espérer voir quelque chose de bon? Dans tout cela, quelles sont les responsabilités de l’entraineur? Pourquoi quand une équipe va mal, c’est tout de suite l’entraineur qui est visé? Pourquoi tant de monde a oublié que le moment difficile traversé en début de saison était le même et s’est résolu avec le retour des blessés?
Au complet (ou en tout cas pas aussi décimé, avec un nombre normal de 4 ou 5 blessés), Milan est organisé, contrôle le match et la possession du ballon, met en place un jeu vertical avec des mezz’ali dynamiques, l’équipe court, on voit des milieux frais avec de la qualité technique, capables de distribuer de bons ballons rapidement aux attaquants, d’effectuer un bon pressing, de faire la différence avec des passes en profondeurs, des infiltrations en attaque, des tirs lointains, des accélérations, des combinaisons avec les attaquants… Ça, c’est le Milan d’Allegri, celui qui a remporté le Scudetto (en battant tous les concurrents directs, en gagnant les derby) et celui qui a enchainé les victoires d’octobre à décembre, solide et efficace. Trop de monde a oublié les changements décisifs de la saison passée quand des joueurs, justement décisifs (Cassano, Pato…), étaient sur le banc. On ne voit plus tout ça, on ne voit plus notre Milan mais l’entraineur est-il réellement le principal responsable? Le travail de l’entraineur ne dépend-il pas en grande partie des joueurs à dispositions? Guardiola et Mourinho gagneraient-ils la Champions League avec Evian Thonon-Gaillard? Le fait d’accuser Allegri est lié à la croyance (voire la conviction) que l’effectif actuel de Milan est à la hauteur, qu’avec les joueurs à disposition, on peut mieux faire. La réalité est que trop de joueurs disponibles actuellement sont médiocres et / ou finis et / ou en méforme. Si l’équipe ne court pas et / ou n’est pas en forme, il peut y avoir Jésus Christ sur le banc, le jeu et les résultats resteront médiocres.
Le but n’est pas défendre Allegri contre vents et marrées mais de trouver les réelles raisons du moment délicat traversé par Milan. Allegri a des défauts, ce n’est peut-être pas un entraineur exceptionnel ni un génie (ceux-là coutent 5 voire 6 fois plus cher), il fait des erreurs et croit en ses propres idées, comme tous les entraineurs du monde, mais il a prouvé être à la hauteur avec une équipe correcte, en obtenant de très bons résultats et une régularité intéressante. Ce n’est qu’une sur période relativement longue qu’on peut juger les résultats d’un entraineurs et ceux d’Allegri ne sont pas mauvais, surtout par rapport au matériel à disposition. Le jeu dépend beaucoup de la condition athlétique de l’équipe, les joueurs doivent tous courir, presser, se sacrifier, se proposer… Si les joueurs ne s’y prêtent pas car il y en a trop qui sont trop âgés et que d’autres sont en méforme (Robinho, Abate) sans alternative, quelles sont les responsabilités de l’entraineur, que ce soit Allegri ou un autre?
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