Trop d'information tue l'information. C'est ainsi que l'adoption au Sénat, en première lecture, d'une loi le 17 janvier dernier est presque passée inaperçue. Et pourtant... En d'autres temps, moins engorgés médiatiquement, elle aurait sans doute fait des vagues. Sur proposition de la sénatrice Françoise Laborde (Parti radical de gauche), un texte a été adopté qui « vise à étendre l'obligation de neutralité aux structures privées en charge de la petite enfance et à assurer le respect du principe de laïcité ».
En application de ce principe, la loi du 15 mars 2004 « encadre le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics ». La sénatrice a rappelé que par cette loi, la République avait « réaffirmé son attachement à la liberté de conscience et au principe de laïcité ». Il est désormais question d'interdire les signes religieux ostentatoires à toutes les personnes qui s'occupent des enfants. On pense aussitôt au voile islamique et aux femmes qui le portent. De son côté, la sénatrice défend que « les parents ont le droit de choisir une nounou qui soit neutre sur le plan religieux. » Mais de là à interdire aux assistantes maternelles de porter leur voile... Le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF) s'indigne et se mobilise. Une pétition sur le Net a déjà été signée par des milliers de personnes, toutes tendances politiques confondues.
La question n'est jamais simple dès lors qu'il est question du respect de la laïcité en France. Les instances dirigeantes souhaitent une parfaite neutralité, surtout pour les personnes en contacts avec des enfants, à juste titre. Les nounous souhaitent comme tout un chacun qu'on respecte leur liberté d'appartenance à une religion.
Si des parents considèrent que la fréquentation d'une femme voilée peut avoir une influence sur leur enfant qui va à l'encontre de leurs propres croyances, c'est leur droit. Si des parents pensent au contraire que vivre au quotidien avec une nounou à la culture différente est un enrichissement pour leur enfant ou que cette situation les indiffère, c'est leur droit.
Les parents peuvent poser des questions à leur assistante maternelle quand ils la rencontrent et lui demander si elle porte un voile. Rien ne les en empêche. C'est juste une question de communication et d'accord entre adultes, rien de plus. Quand un contrat est établi, quel qu'il soit, mieux vaut que ce soit sur des bases saines et claires qui permettront par la suite l'instauration une confiance mutuelle, indispensable dans le cas de la garde d'un jeune enfant. Rien ne remplace la discussion. Et ne perdons pas de vue que le plus important reste l'épanouissement de l'enfant et que pour ce faire, il est préférable que sa nounou soit elle aussi épanouie.
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