En ma qualité de gérant d'estrade certifié, et attendu que ma situation de blogueur fait de moi un expert incontournable dans tous les sujets ayant jamais existé et même un bon paquet qui n'ont jamais existé en fait, j'aimerais par la présente vous faire profiter de mes vastes compétences en la matière afin de vous offrir de judicieux conseils qui ne manqueront pas, j'en suis persuadé, de soulever votre plus vif intérêt. Ou pas. Une chose est certaine, vous avez plus grand chose à perdre, et il est clair que si vous vous vous fiez à des P.J. Stock ou des Denis Gauthier pour vous conseiller, ça peut pas ne pas mal finir.
1: Vous êtes vendeur. Bon, on va arrêter de niaiser deux secondes. Je sais très bien que les journalistes vous ont mis dans la tête que les partisans sont différents à Montréal, et ne sont pas du genre à accepter que l'équipe se retrouve dans la cave pendant deux trois saisons le temps de reconstruire l'équipe. Premièrement je me demande si ce n'est pas en fait les journalistes qui refusent d'accepter ça, parce que moi, hein personnellement ça me ferait pas un pli. En fait soyons clairs, ce que je refuse d'accepter c'est une équipe qui vivote d'année en année pour péniblement se qualifier une fois sur deux en séries, seulement pour se faire sortir en quatre matchs le moindrement que le gardien se trouve incapable de danser sur sa tête, de marcher sur l'eau, de changer l'eau en vin, de manger un Big Mac sans vomir, bref de faire des ostie de miracles; et je présume que je ne suis pas seul. Et deuxièmement, regardez donc le classement deux minutes. Non, mais l'avez vous vu le classement? Non non, tenez pas le journal à l'envers. C'est ça, dans la cave, c'est là où on est dans le classement. Au point où qu'on est rendu, je pense ça fait plus grand différence ce que les partisans acceptent ou non, s'pas?
2: Ouvrez le jeu. Là cette fois je n'ai pas crainte de me mouiller et de me faire le porte-parole de la vaste majorité des partisans en affirmant sans détour qu'on en a tous plein notre casque de subir depuis des décennies une équipe plate et insipide au style éteignoir. Depuis quand on a pas eu l'occasion de suivre les exploits d'une vedette offensive? Ce qu'on a eu de plus proche est arrivé en 2007-08, et il avait fallu pour ça que les extras-terrestres kidnappent Alexei Kovalev et y substituent un clone en tous points identique à cette exception près que le clone lui se présentait à tous les matchs. D'ailleurs on se demande pourquoi ils nous ont ramené l'original la saison suivante, tant qu'à moi ils pouvaient bien le garder pour lui faire subir leurs expériences scientifiques à caractère sexuel, quelque chose.
Sans nécéssairement exiger la réincarnation de Guy Lafleur, il y aurait-tu moyen de temps à autres de pouvoir consulter le classement des compteurs sans devoir à défiler jusqu'à la page 4 avant de voir "MTL"? Je sais pas qui a dit que les défensives gagnent les championnats, mais il vient pas souvent à Montréal, parce que non seulement l'équipe est médiocre malgré son style défensif, mais le dit style ne fonctionne même pas: année après année l'équipe accorde plus de lancers que ses adversaires et les gardiens quitte Montréal après deux ou trois saisons en état de burn-out terminal et dégageant plus de vapeurs de caoutchouc brûlé que la piste de Sanair après un party de Hell's Angels.
Vous devriez prendre exemple sur les Oilers: ils sont peut-être dans la cave eux aussi mais au moins ils sont excitants, et les partisans peuvent admirer les exploits des Taylor Hall, Sam Gagner, Jordan Eberle, et l'autre là, le fils illégitime de Ted Nugent et d'Anthony Hopkins. Tout ce qu'on a pour se distraire ici c'est de faire des jokes au dépens de Scott Gomez, parce le problème avec lui ce n'est pas tant qu'il raterait une vache dans un corridor, c'est qu'il raterait également le corridor. Scott Gomez raterait un corridor dans un corridor. Si l'on pouvait imbriquer une infinité de vaches à l'intérieur d'une infinité de corridors, ils s'effondreraient l'un sur l'autre jusqu'à former un point infinitésimal si incroyablement comprimé que rien ne puisse échapper au champ gravitationnel et surtout pas une rondelle, une singularité cosmique que Scott Gomez se débrouillerait malgré tout pour rater par trois parsecs, et pendant que la rondelle poursuivrait tranquillement son petit bonhomme de chemin vers Bételgeuse, l'horizon événementiel l'aspirerait lui, le bâton, l'équipement, le filet, la patinoire qui finiraient tous par déboucher dans un univers parallèle ou une vache est tellement pourrie qu'elle raterait Scott Gomez dans un corridor. Non mais, c'est vraiment pathétique. Oui je sais qu'il a scoré à soir, ça ne change rien à mon propos, essayez pas.
3: La chanson-thème: Surtout ne vous méprenez pas, au risque de faire chier tous les hipsters des interwebs j'adore Coldplay – ou devrait-je plutôt dire dans l'espoir de les faire chier – mais vous pourriez pas trouver quelque chose de plus upbeat pour introduire l'équipe? Je ne me prétend pas psychologue, mais me semble qu'être un athlète qui s'apprête à sauter sur la glace la dernière chose que j'aurais envie d'entendre c'est une chanson dont le thème est la douleur du deuil.
Si vous voudriez être vraiment win vous câlisseriez Aces high ou The trooper de Iron Maiden avec le volume à 11, mais à la rigueur Rock you like a hurricane ou même Welcome to the jungle pourrait faire l'affaire. Quelque chose qui fesse m'entends-tu, qui enrage les joueurs et leur donne envie de défigurer leurs adversaires avec les yeux injectés de sang en leur hurlant "on est méchants tabarnak on va toutte vous tuer MES SACRAMEEEEEEENTS!!!!!" Comme c'est là, se faire introduire avec une chanson qui dit «Tears stream down on your face, when you lose something you cannot replace», tout ce que ça donne envie de faire est d'implorer l'adversaire en leur suppliant "nous souffrons tellement, s'il vous plait prenez pitié de nous".
4: La chaise musicale: C'est bientôt fini oui? Là, choisissez-vous un coach, et gardez-le. Branchez-vous ciboire, vous avez l'air une adolescente dans un magasin de souliers. Surtout que le problème est pas mal ailleurs: les coachs se succèdent plus rapidement que les amants de Madonna mais l'équipe reste toujours aussi mauvaise. Et ça aide vraiment pas votre cas de savoir que six anciens coachs du Canadien ont amené leur équipe respective en finale depuis 93. Et en parlant de chaise musicale, on comprends que l'époque est révolue où les trios étaient assez fixes qu'on pouvait leur donner des surnoms, mais là, quatre chambardements dans la même période, êtes-vous sérieux?
Soupir... faudrait vraiment que j'intervienne. Vous perdez rien pour attendre, je me ramasse 300 millions et je m'en viens acheter le club. Je devrais avoir ça en petit change dans mes tiroirs.