Pierre Berbizier, un personnage haut en couleurs
C’est une vraie révolution qui s’est produite dans la banlieue chic parisienne. Un groupe représentant la très grande majorité des joueurs du Racing, pour ne pas dire la quasi-totalité, s’est présenté dans le bureau du président Jacky Lorenzetti demandant la tête de Pierre Berbizier et de son équipe dirigeante. Cet acte de rébellion fait suite notamment au licenciement de Sébastien Chabal. Le Saint-Gaudinois n’est pas un simple entraîneur en CDD pour le club ciel et blanc, mais plutôt un Généralissime qui devait amener le Racing jusqu’aux cimes du rugby professionnel en attendant la livraison de l’Arena 92. Voilà pourquoi Jacky Lorenzetti n’a pas hésité à se débarrasser de la seule vraie star du rugby français, Sébastien Chabal, pour réaffirmer l’autorité de celui qui était jusqu’alors la pierre angulaire du système racing. Il faut dire que la réputation de Pierre Berbizier n’est plus à faire. Sa connaissance du rugby est sans faille, il a entraîné deux équipes du Tournoi des 6 Nations, il a remporté des séries de tests-matchs historiques dans l’autre hémisphère notamment en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande. Il a d’ailleurs fait monter le Racing en Top 14 en remportant le titre de ProD2, les résultats dans l’élite du rugby français ne se sont d’ailleurs pas fait attendre, si on compare les résultats de son club avec ceux, par exemple, de Toulon qui a beaucoup plus connu de difficulté malgré sa pléiade de stars.
Le Racing, la dernière aventure de Berbizier ?
Un homme rude qui compte de nombreux ennemis
Si la réputation de l’entraîneur est connue de tous, celle de l’homme ne l’est pas moins. Pierre Berbizier est toujours passé pour être un homme extrêmement dur, exigeant, intraitable et parfois, disons-le franchement désagréable. Si il a de nombreux défauts, le haut-garonnais, a toujours été franc et direct, assumant ces propos quitte parfois à ce que cela lui joue des tours. Un personnage haut en couleur comme le rugby sait les façonner. L’entraineur du Racing n’a pas toujours été impopulaire auprès de ses joueurs. Au contraire. Malgré sa rudesse et son exigence, nombreux joueurs du XV de France n’ont eu d’yeux que pour lui et l’ont fait savoir. C’est le cas de Laurent Bénézech ou Olivier Merle qui n’ont pas hésité à quitter respectivement les Harlequins et l’AS Montferrand pour le rejoindre au RC Narbonne-Méditerranée. On peut dire la même chose de son actuel adjoint, l’Argentin Gonzalo Quesada, qui lui-même a été entrainé par l’ancien demi-de-mêlé du XV de France. Nombreux joueurs italiens ont aussi tenu à le retrouver au Racing après avoir venté ses talents d’entraineurs comme l’avait fait les joueurs français 15 ans auparavant.
Une nouvelle génération de joueurs.
Seulement voilà, il semblerait que nous ayons à faire à une autre génération de joueur, celle qui twitte à longueur de journée, celle qui négocie ces contrats via des agents, celle qu’on retrouve sur les plateaux télé et qui ont décidé de faire du rugby une profession, celle qui a connu l’école post-soixante-huitarde et qui n’a pas l’habitude qu’on lui dise ses 4 vérités. Loin de moi l’idée de vouloir jeter la pierre à cette génération. Mais il semblerait que cette génération là ne se fasse plus la même idée de l’autorité et donc de l’entraînement.
On peut légitimement se demander maintenant comment Pierre Berbizier va rebondir. On imagine mal Jacky Lorenzetti le garder, et à vrai dire on imagine mal notre homme se lancer dans une autre aventure. A moins que l’homme qui ne manque pas de fierté se lance dans un ultime défi.