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Un drogué serein est un drogué riche ?

Publié le 09 février 2012 par Legraoully @LeGraoullyOff

Un drogué serein est un drogué riche ?

La drogue est vraiment un monde à part. C’est tout un univers, régi selon ses propres codes, ses propres lois, son propre langage. La drogue est un processus insidieux. Dans un premier temps vous n’en prenez qu’à but récréatif, puis ça devient vite un mode de vie. Vous commencez à vous éloigner de vos amis les plus chers, avec lesquels vous avez pourtant fait les quatre-cent coups, pour faire partie d’un cénacle dont chaque pensée est tournée vers le meilleur moyen d’en avoir plus pour moins cher et le plus rapidement possible. Vous ne vous sentez bien maintenant qu’en présence de personnes qui connaissent votre vice et ne vous jugent pas. Seule la drogue est capable de vous faire sortir seul à trois heures du matin, un soir de décembre, de marcher les douze kilomètres qui vous séparent de Metz, sur un chemin dégueulasse, les godasses trouées, sous une pluie cinglante, pour vous entendre dire que la qualité à laquelle vous êtes habitués n’est plus disponible sur le marché actuellement et que si vous n’êtes pas content, c’est pareil !

Malgré votre superposition démesurée de vêtements, vous frissonnez sans pouvoir vous contrôler. Votre esprit vous dit de rebrousser chemin au plus vite mais vos jambes ne veulent plus s’arrêter. Vous enfoncez vos écouteurs dans vos oreilles en tachant de vous concentrer suffisamment sur la musique pour ne plus penser. Vous marchez très vite pour arriver à destination car les premiers symptômes se font déjà ressentir. Vos jambes sont comme des compas à ressort. Lou Reed vous chante à l’oreille et vous préférez changer pour quelque chose d’un peu plus stimulant. Vous remontez un peu plus haut dans la bibliothèque de votre téléphone et…Aaaah ! Led Zeppelin ! Puis ce petit répit s’achève et vous recommencez à penser à ce qui vous attend au bout du chemin. Suivre la lumière…Vous savez pertinemment que cette dose grassement payé ne vous calmera que quelques temps, ne fera qu’accentuer votre désir et que vous vous retrouverez très vite à votre point de départ, encore plus mal, sans dose et sans argent. Vous passerez donc le plus clair de votre temps à élaborer les stratagèmes les plus stupéfiants pour vous en procurer.

Vous revoyez quand même vos amis de temps à autre mais eux en sont restés à d’autres plaisirs plus modestes. Le week-end venu, ils sortent, s’amusent dans des endroits qui vous paraissent totalement dénué d’intérêt, font des projets, mais ne vous invitent plus et évitent même d’en parler devant vous, car tout le monde sait que vous n’avez jamais un sou en poche. Ils voient bien que quelque chose a changé mais comme pas un ne vous pose de questions et qu’ils ont l’air de s’en foutre royalement, vous choisissez de garder le silence. De toute façon, vous n’êtes pas très loquace quand il s’agit de parler de vos problèmes. Chacun à les siens, pourquoi donc imposer les vôtres à votre entourage ?! Lorsque vous avez réussi à conserver un petit pécule, pour sortir et rencontrer des gens, pour vous donner l’illusion de vous accrocher à votre pitoyable reste de vie sociale, vous êtes tellement parfait dans votre rôle de connard que tout le monde vous évite comme la peste ou veut vous mettre sur la gueule. Les mélanges explosifs que vous vous envoyez quotidiennement vous font faire et dire des choses inimaginables, inconcevables pour un esprit sain et bien pensant. Vous vous enfoncez de plus en plus loin. Vous en avez parfaitement conscience mais vous n’en avez strictement rien à foutre. Vous vous dites qu’après tout, les hommes les plus illustres pour vous, sont tous des alcooliques et/ou des défoncés. Vous espérez donc que les gens vous prendront comme vous êtes ou qu’ils ne vous prennent pas ! Votre entourage commence à ne plus pouvoir vous supporter et c’est la cassure nette et définitive ! Vous vous retrouvez seul la plupart du temps et cela vous convient. Vous essayez de lire entre deux voyages mais vous perdez vite le fil du bouquin.

Félicitations ! Vous côtoyez maintenant une large palette de la déchéance humaine : La superbe brune aux courbes étourdissantes, au caractère bien trempé, qui fait chavirer les cœurs mais qui devient vite l’ombre d’elle même, mère de famille isolée dont le mari croupit dans une cellule, et qui vous propose une baise pour que vous apaisiez sa sensation de manque… Le joyeux clochard avec un réel talent pour le dessin, le sac à dos bourré d’anxiolytiques, que vous suivez, avec votre compagnon d’infortune, vos guitares sur le dos. A ce moment là vous vous devez d’être fort psychologiquement car vous allez vous retrouvez dans un squat tellement lugubre que vous devrez faire un réel effort pour ne pas partir en bad… Les décors, les gens, les discussions, la musique, les odeurs, les bruits… TOUT est-il vraiment étrange ou est-ce juste dans votre tête ?

Après de multiples péripéties, que j’ellipse dès maintenant car il serait fastidieux (et ennuyeux ?) de tout raconter, vous commencez l’introspection la plus formidable de votre vie. Vous n’avez que vingt-quatre ans mais vous avez parfois l’impression d’en avoir le double. Vous repensez à ce que vous aimiez plus que tout avant la drogue et une lumière s’allume…La littérature ! Vous décidez donc de reprendre le cours de vos études sans grande foi dans le système universitaire et sans savoir ce que vous ferez une fois cette année achevée. LA seule chose dont vous soyez sur, c’est que vous ne voulez pas être la pute du système mais vous ne savez comment faire pour l’empêcher de vous fourrer son immense et tentaculaire sexe infâme dans la bouche…Vous êtes peut-être sevré mais vos expériences passées (du moins, celle dont vous pouvez vous rappeler) ont laissé en vous une trace indélébile….


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