Maintenant déchu, faut il lui couper le doigt en trop?
18 mois de procédure, des milliers de page à décortiquer, une plainte des producteurs de bœuf espagnol plus tard et Alberto Contador est finalement condamné à deux ans de suspension pour dopage, n'ayant pu prouver l'origine des traces infinitésimale de clenbuterol. Fin de l'histoire et début de la polémique.Car la décision en Espagne a vu une levée de bouclier du monde sportif en général, des fans du cycliste, de ses amis dans le peloton, et aussi de plusieurs membres des instances dirigeantes. Une blanche colombe a entendre ces cris avait été pris dans un piège. Ironiquement cette même semaine Lance Armstrong était relaxé dans son pays...
La contestation de sa condamnation prend de l'ampleur ces jours-ci avec une plainte plus qu'officielle contre les Guignols de l'Info, coupables d'avoir caricaturé Raphael Nadal, et les sportifs espagnols en général. Une vague de ressentiment anti-français soulève actuellement l'Espagne.
Il faut dire que depuis les interrogations de Yannick Noah sur les performances ibères, la détente était compromise. Un questionnement éhonté de l'autre coté des Pyrénées, mais n'est il pas normal? On peut crier à la jalousie de la part d'un sport français en quête de résultat, mais cela ne démontre qu'une riposte facile qui cherche à détourner des réalités.
Un petit retour en arrière sur l'affaire Puerto.Une bombe éclate en 2006 avec une liste de cycliste aux noms de code peu camouflés, clients du docteur Eufemiano Fuentes, nouveau Mabuse des pelotons. Cette affaire aura une ampleur conséquente sur le peloton, touchant des stars reconnus comme Ivan Basso, Jan Ulrich et bien entendu, un grand nombre de coureurs espagnols. Or sur le terrain judiciaire, l'Espagne ne transmet pas ses détails aux autres fédérations et classe le dossier sans suite. Il faudra plusieurs soubresaut et l'intervention de l'UCI pour que le dossier soit traité en 2011 et que des charges soient prononcées contre Eufamiano Fuentes, Manolo Saiz. Tardive réaction, mais qui s'explique par la bizarrerie de la législation espagnole qui en 2006 n'avait pas de condamnation pénale du dopage...
Alors que d'autres sportifs, dans d'autres pays ont subi des sanctions lourdes, un très grand nombre de sportifs incriminés échapperont aux condamnations en Espagne, faute d'aveux. Pire dans le cas de Valverde, ou la justice espagnole refuse de transmettre des preuves de l'affaire Puerto, en l'occurrence des poches de sang, à la justice italienne.
Viens voir le docteur
Le docteur Fuentes, quant à lui est un homme volubile, qui lâché par ses clients, mis en accusation pour atteinte à la santé publique, parle de dopage généralisé, non seulement dans le cyclisme, mais également dans le football, notamment à Barcelone et Madrid, et dans le tennis. Allégations démenties par le secrétaire des Sport lui même en 2007. Il faut dire que la parole d'un coupable n'est pas valable, même si le cas échéant, il dénonce ses clients.Le grand nettoyage est devenu alors un coup de chiffon, malgré les preuves, les poches de sang, les listes et document du bon docteur, aux codes aussi déchiffrables que ceux des service secrets belges, Valverde était ainsi désigné par une abréviation et le nom de son chien...
L'Espagne semble porter le même regard sur le dopage que celui de Jacques Chirac sur ses affaires. Persuadée que ce ne seront que feux de paille.Il est tout de même normal de s'interroger, et de penser à un système de dopage généralisé. Kelme, Liberty Seguros, et en 2008 encore, l'équipe Saunier Duval furent prises dans la tourmente. Des équipes espagnoles sans conteste.
Si l'on revient à Contador, il n'a jamais été impliqué dans une affaire de dopage, même si son nom figurait à l'origine dans les suspects de l'affaire Puerto. Cependant, comme Carlos Sastre lui aussi ancien vainqueur du Tour, on a l'impression qu'il fraye systématiquement avec le diable.
Contador meilleur de sa génération, découvert par Manolo Saiz, éleveur de champion, la seringue généreuse depuis les années 90. Contador faisant partie de l'équipe Liberty Seguros au cœur de la tourmente. Une fois celle-ci dissoute à t'il choisit une équipe plus clean? Non, c'est Discovery, l'équipe de Armstrong. Puis à la fin de celle-ci c'est Astana où Vinokourov jouât avec le sang des autres. Le parcours d'un homme sans taches?
Alberto ressemblait jusqu'à sa condamnation au demi-sel coupable de mauvaises fréquentations, toujours là, et jamais pris. Faut il le plaindre? Ce n'est peut être pas sur cette affaire qu'il aurait été plus coupable, mais il est difficile de croire que par le passé, il n'avait pas gouté de la seringue, ou avait eu connaissance de pratiques dopantes ad minima.
Dure condamnation de deux ans sans doute, mais dans un milieu ou la demi-mesure n'est pas possible cette condamnation est plus légitime que le déni de sa propre fédération. Arrivant après un an de procédure, elle aura faussé de nombreuses épreuves, dont le classement final est désormais établi au gré des condamnations.
L'Espagne ne souhaite pas se pencher sur ses dossiers douteux, le dopage est cantonné au cyclisme. D'autres sport comme le football ne bénéficient pas d'une telle vigilance. Si le sport espagnol est propre, pourquoi donc refuser une pénalisation des pratiques dopantes? Pourquoi ne pas pousser les contrôles sur d'autres sports suspects?
Bien sur l'Espagne n'est pas le seul pays aveugle. Mais le refus de légiférer et de condamner ouvertement ces actes en fait une cible privilégiée des critiques. Un pays réussissant outrageusement dans de nombreux sports, alors que de nombreux expert des filières dopantes savent que les produits interdits sont véhiculés par l'Espagne, s'expose à la critique. Le déni et la martyrisation actuelle ne font que renforcer la suspicion.Il règne une sort d'omerta dans le sport espagnol, ou les affaires sont étouffées, ou les sportifs sont blanchis avec facilité. Le business du sport est si porteur. Alors que le "classico" semble être le seul match de foot valable, et que les sponsors se précipitent pour soutenir Madrid et Barcelone, il ne faut pas tarir la poules aux œufs d'or. Et dans un pays rongé par la crise, ou les jeunes sans emploi choisisse d'émigrer, il faut retrouver la bonne vieille recette du pain et des jeux. Du sport pour faire taire la foule, qui se plaindra de voir son sport critiqué, plutôt que sa propre situation.
En France la lutte contre la dopage est un enjeu, non seulement pour le sport, mais pour l'exemple donné aux jeunes. La lutte ne prend pas de gants, jusqu'à mettre dans la tourmente Jeannie Longo, la plus grande cycliste de son histoire. L'Espagne garde le système du "pas vu pas pris" si confortable. Au mépris de l'équité, au mépris de la santé des sportifs, le spectacle est à ce prix...