Qu'il est illusoire de penser que tout peut se dissoudre dans l'écume des jours.... Nos lumineuses évidences comme nos voyages en terre d'enfance. Tout demeure. Tout . C'est de ce matériau là dont nous sommes constitués. Notre mémoire. La nôtre et celle dont nous avons hérité. Je le sais. J'ai maints fois essayé de composer une autre symphonie, une mémoire d'emprunt en quelque sorte...
Mais je suis toujours et irrémédiablement ramenée à cette nostalgie-là, d'une terre que je n'ai pourtant pas même traversé. Cette Europe de l'Est, ces "steppes glacées", même mon irraisonnée attirance pour les loups, les vrais, pas ceux qui avancent masqués, me font refaire le chemin vers ces proches parents qui ne sont pourtant que voyageurs dans un espace inaccessible dans l'instant. Ces loups dont j'ai parfois la sensation que nous appartenons à une vibration commune, sans pouvoir l'expliquer par des mots, réducteurs de cette sensation précise.
La musique aussi, la musique Kleizmer, le violon, qui me procurent des intenses sensations d'allégresse. Et l'écriture qui, même si elle se dérobe parfois, s'inscrit en filigrane dans chaque acte de ma vie...
Oui... Tout demeure. Tout.