Cette seconde expérience clinique d'experts de la rétine de la Penn Medicine vient de démontrer, en redonnant quasiment la vue à trois patientes nées aveugles, toute l'efficacité de leur thérapie génique. Ces résultats rapportés dans le numéro du 8 février de la revue Science Translational Medicine, qui font suite à de précédents travaux de la même équipe, sont non seulement de très bon augure pour restaurer la vision de patients atteints de formes de cécité héréditaire mais laissent espérer des résultats encore meilleurs chez les jeunes patients.
Entre 2008 et 2011, dans l'étude initiale, le Pr Jean Bennett du Mahoney Institute of Neurological Sciences de l'Université de Pennsylvanie et ses collègues avaient déjà testé la thérapie génique pour traiter la cécité chez 12 adultes et enfants atteints de l'amaurose congénitale de Leber, une maladie génétique rare des yeux qui supprime peu à peu la vision en tuant les cellules de la rétine. La vue décline peu à peu avec l'âge et à l'âge adulte, la maladie aboutit à la cécité. Après une seule injection sous-rétinienne unilatérale d'un adénovirus porteur du gène RPE65, les chercheurs avaient alors obtenu une inversion sûre et stable de la cécité chez leurs patients et 6 d'entre eux pouvaient être considérés comme ne répondant plus aux critères de cécité légale.
Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont réadministré le même vecteur à l'autre œil chez 3 patientes, déjà participantes à l'étude initiale, donc atteintes de l'amaurose congénitale de Leber due à des mutations dans le gène RPE65, 1,7 à 3,3 ans après leur première injection sous-rétinienne.
2 semaines après l'intervention, la vision était déjà améliorée. 6 mois après cette seconde injection, les tests de la fonction rétinienne et de vision ainsi que l'IRMf indiquent que cette seconde injection est à la fois sûre et efficace. Ainsi, non seulement les yeux ont été évalués comme beaucoup plus sensibles à la lumière, mais les cerveaux également, à une entrée optique. L'imagerie fonctionnelle magnétique a montré des zones du cortex, inactives avant la thérapie génique, qui s'activaient après la thérapie. Ces patientes, écrivent les auteurs, sont aujourd'hui en mesure de contourner les obstacles, même à faible luminosité, de lire de gros caractères et reconnaître leurs proches.
Le traitement est basé sur l'identification des mutations génétiques dans les cellules de la rétine, responsables de la maladie. Ici, le gène muté est nommé RPE65. Une enzyme codée par RPE65 contribue à inhiber un dérivé de la vitamine A, le rétinol, nécessaire aux photorécepteurs pour détecter la lumière et envoyer des signaux au cerveau. Les mutations de RPE65 empêchent la production de cette enzyme dans l'épithélium pigmentaire de la rétine.
Autre conclusion de l'étude, les auteurs suggèrent que la neuroplasticité permettrait aux zones du cortex visuel répondant au nouveau flux d'information provenant du deuxième œil traité de soutenir l'activité dans les zones du cortex visuel répondant à l'œil traité lors de la première intervention.
Source: Science Translational Medicine 8 February 2012 Vol. 4, Issue 120, p. 120ra15 DOI: 10.1126/scitranslmed.3002865 AAV2 Gene Therapy Readministration in Three Adults with Congenital Blindness (Visuels Penn)
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