« Forcer l’oubli ne guérit pas des blessures. »
Ce court roman de Fabienne Swiatly s’amorce avec la netteté d’un dépliant publicitaire – et néanmoins parsemé d’ironie – d’un lieu que l’on devine être une maison de retraite où tout est impeccable. Il se poursuit avec l’image un peu floue, tout d’abord, d’une personne âgée qui a la maladie d’Alzheimer et de sa belle-fille (la narratrice) d’origine Bosniaque et qui porte en elle la mémoire encore vive des conflits d’ex-Yougoslavie.
L’écriture avance avec lenteur comme dans les couloirs de cet établissement « du vivre et du mourir » où la narratrice va visiter régulièrement sa belle-mère, parfois avec réticence, agacement et une certaine honte, mais toujours avec bienveillance. Ensemble elles regardent des photographies pour l’obliger à rassembler les fragments de sa vie, et leurs liens se resserrent tendrement presque malgré elles.
L’image photographique a une grande importance dans ce roman comme la langue dont l’accent de la narratrice porte les traces d’une culture et d’une Histoire. Le silence traverse ces mots et met en exergue cette tension entre ce que l’on voit, ce que l’on nomme et ce qui reste insupportable, notamment quand on ne peut pas oublier. Mais c’est surtout un récit d’acceptation et de réconciliation que l’auteure nous livre, un récit de vie, en somme, très lumineux.
Unité de vie
De Fabienne Swiatly
Editions La Fosse
aux ours
2011
Retrouver Fabienne Swiatly sur remue.net
et son blog : la trace bleue.