Comme elle est fière d’être devenue maman ! Elle a enfin un bébé rien qu’à elle, dont elle s’occupe avec amour. Je vous confie que c’est une maman parfaite (oui, ça existe).
Son bébé est magnifique ! Lui aussi est parfait. Il est beau, vif, souriant, éveillé pour son âge. C’est un vrai miracle ! La prunelle des yeux de sa mère. Le monde autour n’existe plus… le papa non plus.
Quelques années plus tard, ce bébé parfait est devenu un petit garçon parfait. Puis, encore plus tard, un adulte irréprochable. Fin de l’histoire… Antoine est désormais un homme accompli qui fait la fierté de sa famille.
Sauf, qu’un jour, Antoine a poussé ma porte et s’est confié. Il m’a raconté qu’il était souvent en colère contre lui et les autres car il n’arrivait plus à être parfait. J’étais très étonnée ! Lui qui était pourtant si adorable lorsqu’il était enfant.
Il m’a confié également qu’il ne savait plus quels étaient ses désirs. Son seul but, dans son enfance, était de combler sa mère. De la rendre fière et forte… le visage assombri il continue… de la soigner, de la soulager, de lui arracher cette putain d’angoisse des tripes pour qu’elle ne souffre plus ! Car il savait que derrière le perfectionnisme de sa mère se cachait l’ombre d’un parent exigeant et intransigeant.
Antoine est souvent triste, voire dépressif. Son entourage le qualifie d’égocentrique, d’égoïste, tyrannique, colérique. Il se différencie, n’est plus parfait.
Il ne connaît pas son père, n’a pas envie de connaître son père, n’a pas appris à connaître son père. Il a vite compris que ses parents ne s’aimaient pas et que l’échange et le partage n’existaient pas.
L’amour pour sa mère n’est alors plus que rancoeur. A son contact, il suffoque, il étouffe.
Antoine s’est anesthésié. Il a développé cette fonction pour ne plus souffrir. Ses émotions ne transparaissent plus. Il a décidé de ne plus jamais aimer.
Il a tout de même épousé Hélène. Son épouse est devenue la mère de son premier enfant. Antoine m’a dit que ce n’était pas une épouse, mais une mère… une mère parfaite. Mais qu’importe…