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Grands malades

Publié le 09 février 2012 par Alteroueb

J’ai entendu ce matin à la radio quelques unes des conclusions extraites d’un rapport d’une Chambre Régionale des Comptes au sujet du coût d’un projet informatique d’envergure mené par l’Assistance Publique – Hopitaux de Marseille (APHM). Engagée en 2005, cette opération aurait évaporé quelques dizaines de millions d’euros pour rien, puisque tout a été arrêté devant l’incapacité de rendre le service attendu.

Hopital de la Timone
Le rapport pointe un nombre de dysfonctionnements particulièrement importants qui me parlent puisque, en fait, c’est quasiment mon quotidien qui défile dans les pages du rapport. En effet, depuis 20 ans en services informatiques d’un grand ministère régalien, je suis confronté aux incessantes restructurations, schémas directeurs et autres projets structurants qui influent directement sur ma manière de rendre un service opérationnel pour mes collègues, et surtout pour l’usager. Le fameux service public.

Pour l’APHM, la Cour fustige, entre autres, l’absence de comité de pilotage stratégique et opérationnel, ce qui me fait doucement rigoler. De tels comités, dans mon administration, il en existe par wagons entiers, et qui occupent la quasi totalité du temps disponible d’une partie des décideurs. Mais ils ne garantissent en rien la réussite des projets. La preuve : l’application de gestion de la dépense publique ACCORD, puis ACCORD2, soit 472 millions d’euros, a été abandonné avant leur déploiement total pour être remplacé en moins de 5 ans par CHORUS, pour un autre demi-milliard, qui connaît actuellement des difficultés des plus importantes menaçant sa généralisation. Parallèlement, il y la nébuleuse application relative à la fiscalité COPERNIC, proche elle aussi du milliard. Il y a surtout l’application de gestion des collectivités territoriales et locales HELIOS qui, lors de la suspension momentané de son déploiement, a inventé la notion de «pause qualité». . Toutes ont ou avaient des comités dans tous les sens, de suivi, de pilotage, de supervision, d’étude, etc… Toutes sont ou étaient frappés de «réunionnite» aiguë et permanente. En tout cas, aucune ne donne satisfaction.

La raison de tous ces échecs n’est évidemment pas là. La lecture du rapport de la Cour des Comptes ne le dit pas expressément, mais cela transpire entre les lignes : les projets sont menés par des personnalités plus ou moins politiques, plus ou moins techniques, très loin des exigences et attentes de terrain, et quoi qu’il arrive, à marche forcée. Tout ce qui ne provient pas de l’organisation interne du projet est écarté, balayé, et assez curieusement, s’agissant de l’Etat, les contraintes budgétaires disparaissent pour autoriser des dépassement bizarres. Les difficultés sont systématiquement minimisées quand elles ne sont pas purement et simplement ignorées, voire maquillées, dans de magnifiques opérations de communication. Les spécialistes maison sont purement et simplement ignorés. Quant au coût, compte-tenu de leur ampleur et du résultat, comment ne pas entrevoir quelque part une forme de subvention déguisée vers des prestataires ayant pignon sur rue, pour ne pas parler carrément de copinage, de favoritisme, de corruption ?

C’est triste, c’est mon quotidien.


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