Les concurrents ont assisté, impuissants, à une ruée de clients vers le nouvel opérateur. Probablement un million en un mois. "En suivant cette tendance, Free mobile pourrait atteindre 3 à 5 millions de clients d’ici la fin de l’année et peut-être 10 millions à terme", analyse Nicolas Teisseyre, membre du directoire de Roland Berger, en présentant l’étude annuelle du cabinet de conseil en stratégie intitulée "Les terres du digitale".
Toute l’économie du monde des télécoms pourrait s’en voir modifiée. Le secteur de la téléphonie grand public affichait ces dernières années des revenus assez stables, autour de 32 milliards d’euros. Orange, SFR et Bouygues Telecom ainsi que les petits opérateurs virtuels devraient voir leurs recettes baisser de 8 milliards d’euros dans les 18 à 24 mois et Free pourrait engranger, dans le même temps, 2 milliards de revenus grâce au mobile. Soit une érosion de 6 milliards pour l’ensemble du secteur.
Bouygues obligé de vendre sa branche Telecom ?
"C’est une déflation colossale et extrêmement rapide", souligne le cabinet de conseil. Les investissements en recherche et développement mais aussi dans les réseaux – 4G ou fibre – pourraient s’en trouver affectés. Un Bouygues Telecom, jusqu’ici champion de l’innovation, pourrait peiner à se positionner. De là à imaginer une cession de cet opérateur ? Rien n’est à exclure.
Dans l’immédiat, tous les acteurs se trouvent contraint de se réinventer face à ce nouvel entrant qui n’a pas hésité à utiliser tous les leviers à sa disposition. Les opérateurs garderont-ils leur immense réseau de boutiques ? Free est parvenu à vendre des centaines de milliers de forfaits sans point de vente, ou presque. Xavier Niel a aussi porté la lumière sur ce qui constitue à son sens le métier d’opérateur : vendre des terminaux n’en fait pas partie. Comme l'avait espéré l'inventeur de la Freebox, la France peut en tout cas se targuer d’avoir aujourd’hui le secteur de la téléphonie le plus dynamique d’Europe.