La pression montait depuis quelques jours et les dernières déclarations de Fabio Capello à la télévision italienne. Au cours d’une émission grand public, l’ancien coach du Real Madrid avait critiqué la décision de la fédération anglaise d’enlever le brassard de capitaine à John Terry, le défenseur de Chelsea, alors que celui-ci est embarqué dans une affaire de racisme vis-à-vis d’Anton Ferdinand, le joueur des Queens Park Rangers et accessoirement frère de Rio le défenseur de Manchester United : « J’ai parlé avec le président, selon moi on ne peut pas être sanctionné tant que ce n’est pas officiel. Ce sera à la justice civile de le dire, pas à la sportive. J’estime et j’estimais que je pouvais lui laisser le brassard de capitaine » déclarait-il dimanche dernier sur la Rai 1.
Une véritable défiance donc vis-à-vis de son employeur. Du côté de Wembley, on a que peu apprécié cette sortie médiatique d’un technicien étranger payé à prix d’or et qui jusqu’ici n’a eu que des résultats moyens depuis sa prise de fonction. Invité à s’expliquer mercredi, Fabio Capello a rencontré le président de la fédération, David Bernstein. Selon diverses sources, il aurait confirmé son désaccord avec ses patrons. Mais le fait de le faire en public, a été une grosse faute de la part du technicien italien. Contractuellement parlant on même laissé entendre certaines sources initiés, ces derniers jours. De plus, la fédération anglaise, qui a besoin d’asseoir son autorité aux côtés d’une Premier League de plus en plus influente, a trouvé là le parfait motif pour faire de cette affaire un exemple. Officiellement, Fabio Capello a démissionné. Mais que s’est-il passé pendant ce rendez-vous à Wembley mercredi ? N’aurait-on pas poussé le sélectionneur à quitter son poste pour faire place à un successeur que le « peuple » appelle de ses voeux à être anglais cette fois-ci.
Redknapp favori mais….
A la décharge de Fabio Capello, tout n’a pas été rose pendant le temps qu’il a occupé le poste. Il a toujours dû faire face aux incartades de ses joueurs dans leur vie privée, comme par exemple les écarts conjugaux d’Ashley Cole et surtout de John Terry, déjà, qui n’avait rien trouvé de mieux que de sortir avec la femme de son ami et coéquipier à Chelsea et en équipe d’Angleterre, Wayne Bridge. Déjà à l’époque, John Terry avait dû rendre son brassard. Mais déjà également, Fabio Capello n’attendait qu’une chose, le lui rendre. Ce qui fût fait quelques mois avant la Coupe du Monde 2010. Mais en Angleterre, on aime d’abord et avant toutes considérations sportives, que les joueurs qui évoluent sous le maillot national, soient exemplaires. Mais Fabio Capello n’a que faire de ses considérations anglo-anglaises. Pour lui, c’est le sportif qui prime avant tout pour sélectionner un joueur : « J’ai autre chose à faire que de mettre le nez dans les affaires privées de mes joueurs » avait-il déclaré dans un entretien accordé au magazine So Foot.
Maintenant se pose la question de son successeur. Heureux hasard ou coïncidence du calendrier, c’est le jour même où Fabio Capello rend son tablier que le favori depuis des mois pour lui succéder, Harry Redknapp, est blanchi par la justice locale dans une affaire de fraude fiscale, quelques heures avant l’annonce du départ du technicien italien. Si il n’y a aucun doute que les juges n’ont pas rendu leur verdict en fonction des intérêts de l’équipe d’Angleterre, on peut laisser penser que la fédération anglaise ait pu y voir un signe du destin. D’ailleurs, cette dernière ne va pas trainer pour s’expliquer sur ses rebondissements concernant les Three Lions puisqu’une conférence de presse est prévue ce jeudi.
Selon les médias locaux, la solution la plus plausible serait de nommer provisoirement Stuart Pearce, adjoint de Capello mais aussi responsable des espoirs anglais, jusqu’en mai prochain afin de laisser Harry Redknapp terminer sa saison avec Tottenham. Le coach des Spurs pourrait prendre ensuite la direction de l’équipe pour réaliser le meilleur Euro possible. Mais d’autres solutions peuvent aussi sortir du chapeau de la fédération anglaise. Ainsi Roy Hodgson, Sam Allardyce, ou pourquoi pas Alan Shearer, pourraient eux aussi prétendre au poste. La seule certitude que l’on peut avoir au moment où nous écrivons ces lignes, c’est que le prochain sélectionneur, sera anglais. Ce qui exclut d’office, Arsène Wenger dont le nom revient à chaque fois au moment où l’Angleterre doit choisir son entraîneur.