La Ligue arabe va renvoyer sa mission controversée d'observateurs en Syrie, où le régime de Bachar el-Assad a tué des milliers de manifestants, a déclaré mercredi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Le patron des Nations unies a annoncé aux journalistes que le chef de la Ligue arabe Nabil Al-Arabi lui avait fait part mardi de son intention par téléphone, lui demandant une coopération de l'ONU à cette nouvelle mission.
«Il m'a informé du fait qu'il comptait renvoyer la mission des observateurs de la Ligue arabe et qu'il demandait l'aide de l'ONU», a précisé M. Ban. «Il a suggéré une mission conjointe en Syrie, avec un émissaire spécial commun», a-t-il ajouté, précisant que cette question serait soumise au Conseil de sécurité dans les jours à venir.
M. Ban a par ailleurs jugé «catastrophique» pour le peuple syrien le veto des Russes et des Chinois samedi à une résolution du Conseil de sécurité, estimant qu'il avait encouragé Damas à «accentuer sa guerre contre son propre peuple».
La Ligue arabe avait décidé fin janvier de retirer ses observateurs de Syrie pour protester contre la poursuite de la répression de la contestation populaire.
Les observateurs arabes avaient été déployés le 26 décembre après l'accord donné par Damas à un protocole de sortie de crise qui prévoyait un arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait des chars des villes et la libre circulation des médias étrangers et des observateurs. Mais aucune de ces clauses n'a été respectée.
«La situation a atteint un point inacceptable où plus de 5000 personnes ont été tuées», a rappelé M. Ban, ajoutant: «il (le président Bachar el-Assad) doit être tenu pour responsable».
«Si les tueries continuent, cela va éroder la légitimité (du président Assad) en tant que dirigeant de la Syrie», a jugé le secrétaire général. «Des milliers de gens ont été tués de sang froid, contredisant la prétention du président Bachar el-Assad à parler pour son peuple».
«La brutalité effarante dont nous sommes témoins à Homs, avec des armes lourdes tirant sur des quartiers résidentiels, laisse à penser malheureusement que la situation va encore s'aggraver», a-t-il conclu.
Interrogé sur le point de savoir si Damas acceptera cette mission conjointe d'observateurs, M. Ban a répondu: «ce n'est pas clair, nous verrons».
Depuis le double veto russo-chinois qui a empêché le Conseil de sécurité de sortir de son silence de onze mois sur la Syrie, la communauté internationale cherche une nouvelle stratégie diplomatique: les États-Unis ou l'Union européenne souhaitent renforcer leurs sanctions unilatérales contre Damas, d'autres pays envisagent une condamnation symbolique du régime syrien à l'Assemblée générale de l'ONU, où aucun veto n'est possible.
Selon des diplomates, une mission conjointe Ligue arabe-ONU en Syrie est une option parmi d'autres. «Il faudra en discuter beaucoup plus en détails avant un éventuel accord», a souligné un diplomate.
Source : Cyberpresse