Ca a commencé un matin, avec une information entendue à la radio, l’histoire
du maire d’une petite commune (2 500 habitants) jugé pour avoir balancé une
gifle à un ado qui l’avait injurié !
La radio, comme d’habitude, ne donnait aucune précision utile sur le
contexte et sur la manière dont les évènements se sont déroulés. Malgré tout,
ma première impression, un brin énervée, fut de me dire que le petit con qui
avait injurié le maire avait amplement mérité sa claque et qu’il fallait que
les parents aient un sacré culot pour faire un procès au maire !
Sur le
blog de Pascale Robert-Diard diffusé par LeMonde.fr, celle-ci raconte
précisément le déroulement de la séance au tribunal, et c’est édifiant
!
En résumé, je vous raconte l’histoire, du moins telle qu’elle a été relatée
par le maire lui-même, sachant que sa version n’a pas vraiment été mise en
doute.
Le contexte d’abord, hélas très classique, une petite bande de jeunes qui
traficotent et s’expriment (dans une langue qui reste probablement encore à
déterminer) bruyamment sous les fenêtres d’administrés excédés. Ceux-ci se
plaignent à leur maire qui publie un arrêté interdisant les rassemblements à
certains endroits ciblés, ce qui évidemment provoque la mauvaise humeur des
djeunes, mauvaise humeur qu’ils expriment à travers divers tags, vandalisme et
belles petites insultes. Bref, pas la chaude ambiance dans ce village de 2500
âmes.
C’est dans ce contexte qu’intervient l’évènement qui va amener Monsieur le
Maire non pas à sa perte, faut quand même pas pousser, mais devant la Justice
de son pays.
Voilà, qu’un peu par hasard, celui-ci (le Maire) aperçoit un des caïds de la
petite bande d’apprentis délinquants grimpant sur un grillage flambant neuf
pour aller récupérer un ballon qu’un fougueux et juvénile coup de pied avait
malencontreusement fait passer de l’autre coté. Enervé à la pensée que l’on
puisse abimer son beau et couteux grillage (10 000 euros) alors qu’il existe
d’autres moyens pour accéder au ballon égaré, Monsieur le maire s’en va dire
son fait au jeune esquinteur de grillage neuf. La réaction de celui-ci fut dans
la lignée de l’ensemble de son œuvre, ce fut de bonnes grosses insultes à gogo.
Ce fut, semble t-il, un fort peu courtois « bâtard » qui provoqua
chez Monsieur le maire, le coup de sang à l’origine de la gifle qu’il asséna
avec probablement une certaine énergie au jeune irrespectueux. A la
stupéfaction du jeune souffleté ce fut en quelque sorte le bâtard se rebiffe
!
Ce « geste instinctif » eu pour effet de provoquer chez le giflé
une colère monumentale et violente, à tel point qu’outre les injures, les
menaces de truicidage et autres joyeusetés verbales, il a fallut que ses
copains l’empêchent d’aller agresser physiquement l’édile équipé de 2 couteaux
normalement destinés à autre chose qu’à racler le beurre.
Donc voilà notre Monsieur le maire devant les tribunaux pour avoir giflé un
de ses administrés.
En soi, je ne trouve pas scandaleux qu’un élu soit jugé pour un fait de violence sur un mineur de surcroit. La Justice doit pouvoir se prononcer et dans un tel cas, dans ce contexte précis, semoncer l’édile et le renvoyer dans ses foyers après lui avoir bien indiqué qu’être élu implique d’avoir un comportement irréprochable, et notamment de savoir se contrôler même en cas d’envie très forte de balancer un claque bien méritée à un petit morveux impertinent.
Dans le cas présent, ça ne s’est pas tout à fait passé comme cela.
Le réquisitoire du procureur fut une véritable caricature de discours de
mauvais psychologue soixante huitard mal dégrossi (pourtant 50 ans plus
tard).
D’entrée, il commence par reprocher au maire d’avoir refusé la médiation et
le plaider-coupable uniquement, suppose t-il, pour pouvoir utiliser le procès
comme une tribune et se présenter telle une malheureuse « victime
expiatoire » devant ses pairs de France et de Navarre. Il me semble
pourtant qu’on est en droit de refuser de se dire coupable si on considère
qu’on ne l’est pas au regard de sa propre perception des faits !
Puis, il asséna à un Monsieur le maire complètement abasourdi un virulent
réquisitoire, au cours duquel il ne se contente pas de lui reprocher de ne pas
avoir su garder son sang-froid, mais quasiment d’être, en tant qu’élu,
responsable ou au mieux coresponsable, du comportement pour le moins
contestable du délinquant !
Il lui reproche d’avoir giflé un de ces pauvre jeune, « …auxquels
notre génération laisse si peu d'espoir… », de ne pas avoir
« …mis en place un conseil local de sécurité et de prévention de la
délinquance » ….dans une commune de 2 500 habitants !!! et là ou on
frise le grotesque, c'est lorsqu'il lui assène ce grandiloquent et
accusateur : « ... La jeunesse, ce n'est pas une maladie !
»…manière à peine voilée d’accuser le maire de faire du racisme anti-jeunes
!
C'est Rousseau qui réapparait à travers ce procureur pour nous rappeler que
l'Homme est naturellement bon mais qu’il est corrompu par les institutions
sociales !..c’est de votre faute Monsieur le maire si ce pauvre jeune en est
arrivé là, à insulter un élu qui lui reprochait d’abimer un bien appartenant à
la collectivité, à pratiquer assidument vandalisme et moult incivilités, à
mépriser sa fonction d’élu, à le menacer de mort, à projeter de le
découper…c’est de votre faute, vous n’avez pas fait tout ce qui était en votre
pouvoir pour aider ce jeune à retrouver son état naturel «d’homme bon »
!
Tout y est, la déresponsabilisation des jeunes et évidemment des parents, la
société responsable de tous les mauvais comportements individuels, la
caricature de l’élu accusé d’abuser de sa position pour frapper un
jeune !
Atterrant !
Mais dans quel monde vit donc ce procureur ? …comment peut-on, au nom
de la justice française, humilier ainsi un élu qui, en réaction à l’ agression
verbale et aux menaces d’un jeune voyou à, dans un malheureux « geste
instinctif », balancé une claque à son agresseur ?
Cette histoire me fait penser à une autre gifle, celle que Bayrou a balancé,
en 2002, à un gamin qui tentait de lui faire les poches.
Je n’ose penser à ce qu’aurait dit ce Monsieur si les parents du gamin
avaient porté plainte contre François Bayrou, et certains en auraient été
parfaitement capables !
Et pour savoir ce qu’aurait dit notre bon procureur, il suffit de reprendre
ce qu’en a écrit Bruno Roger-Petit sur son
blog (en 2009).
Je vous cite une phrase qui résume bien l’état d’esprit de ce Monsieur qui
aurait certainement, très avantageusement, remplacé le procureur lors du procès
de notre maire : « …la gifle infligée à un enfant sans défense
durant la campagne présidentielle 2002 »…pas besoin d’être un cador en
dialectique pour voir ce que signifie la proximité des mots « gifle »,
« enfants sans défense » et « campagne électoral »…on devine la
suite et la suite confirme parfaitement !
Un autre blog évoque
l’histoire en reprenant la version qu’en donne par François Bayrou.
« Et la claque est partie, évidemment plus vite que l'éclair parce que je n'ai pas réfléchi. C'était un réflexe. En réalité les gens ont apprécié ça. Parce que c'était un geste non pas de policier, mais un geste de père de famille. »
C’est tout à fait ça pour notre Monsieur le maire, le geste d’un homme, détenteur de surcroit d’une autorité républicaine, qui se fait humilier et insulter par un gamin, un geste plus vite que l'éclair parce qu’il n’a pas réfléchi. C'était un réflexe… c'était un geste non pas de maire, mais un geste de père de famille !
C’est tout, Monsieur le procureur, ni plus ni moins qu’un reflexe de père de famille ulcéré par le comportement inadmissible d’un gamin, n’en faites pas, par idéologie, le symbole d’une méchante société qui maltraite ses gentils enfants.