Plan "les champ de bataille" (EDG)

Publié le 08 février 2012 par Egea

D’après Victor Hugo : « Un jour viendra où il n’ y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. »

Quelle est votre opinion à ce sujet ?

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Voilà le (beau) sujet du jour. Un préparant vient me le soumettre. J'ai décidé de ne plus lutter : la revue verte est ce qu'elle est, indécrottable, et toujours persuadée, depuis 1877, qu'on doit préparer l'école de guerre comme on prépare Normale Sup, avec des plans merveilleux en trois parties et trois sous-parties, à l'esprit si français, l’équilibre si classique, la perspective si noble. Peut-être est-ce pour cela que tant de milis évoquent 'l'Institution" : on entend la majuscule quand ils la prononcent, avec la componction de rigueur (ah, la rigueur!) et cet air confit des dévots murmurant leurs litanies dans l'ombre des chapelles les plus reculées, adorateurs d'un culte confidentiel, forcément confidentiel. ça sent son dix-neuvième siècle, ses hauts murs gris, son odeur de pensionnat et de soupe au chou, un mélange des Thibault (Martin du Gard) et des Choristes (le film), une ambiance désuète et studieuse, rassurante comme un chromo. Et l'on observe les candidats, de bonne foi (il est vraiment question de foi, dans cette affaire), s'astreindre aux canons de forme là où l'on espérait qu'ils apprissent à penser.

La revue verte est donc un moulin à vent, battant l'air de ses ailes grinçantes et meulant concours après concours de braves officiers qui retrouvent là, en pire, les horreurs de la pompe mais pas celles du bataillon, ce bataillon qu'ils viennent de quitter lorsqu'ils commandaient, heureux hommes, leurs compagnies et leurs escadrons. Et s'ils sont les Sancho Pança un peu navrés des tortures qu'on leur fait subir, je ne serai pas Don Quichotte et ne romprait aucune lance contre cette vénérable, très vénérable, auguste et institution (avec un i minuscule, il ne faut tout de même pas exagérer) qu'est la Revue verte.

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Car après tout, malgré ses méfaits, les lois de la statistiques étant ce qu'elles sont, il y aura toujours à peu près le même nombre de gars qui seront élus : qu'ils ne s'imaginent pas être les meilleurs. De toute façon, les bons, les vraiment bons (le dixième supérieur ?) aurait passé la barre, quelle que fût la formule.

Bon, alors, et ce plan ? Ben je vais vous proposer un 3/3, puisque vous vous roulez par terre pour n'avoir que ça, bande de dociles et de maniables. Mais au moins, faites moi la grâce d'éviter le stupide thèse antithèse synthèse que je n'ai quasiment jamais vu mis en œuvre de façon convaincante. Parce que la plupart d'entre vous n'ont pas la culture nécessaire pour maîtriser la chose (ce n'est pas vous faire injure : il faut deux années de Khâgne pour y parvenir) et parce que si vous êtes à l'aise avec la thèse, l'antithèse vous gêne déjà plus et je ne parle même pas de la synthèse.

Mais il y a moyen de faire qq chose d'intelligent, de dynamique, de démonstratif. Les exemples proposés en dessous de chaque paragraphe ne sont pas de moi.

Introduction

On retiendra la problématique suivante : Quelles batailles, dans quels champs, opposent quels acteurs ?

Et comme idée maîtresse : La mutation de la guerre ne signifie pas la fin de la conflictualité.

I La guerre en mutation : le fait nucléaire a provoqué l’extension du domaine de la guerre, mais non sa disparition

a) La dissuasion bannit la guerre conventionnelle • Exemple : pas de conflit direct entre les deux puissances de la guerre froide

b) Développement de guerres limitées • Exemple : action Russe en Géorgie en 2008 limitée à des objectifs militaires

c) Développement de guerres irrégulières • Exemple : Actions terroristes contre Israël depuis le Liban et les territoires occupés

II Les acteurs de la guerre augmentent, ce qui entraîne la multiplication des interactions

(On partira ici de la trinité clausewitienne, pour interroger son actualité)

a) La persistance des acteurs Westphaliens : l’homme d’Etat et le stratège (dans la trinité clausewitzienne) • Exemple : les Etats-Unis demeurent un acteur majeur dans les RI et la conflictualité internationale

b) Les acteurs issus de la démocratisation (dernier pôle de la trinité) : les individus à travers l’opinion, les groupes de libération nationale, les hackers • Exemple : en 2012 des groupes de hackers lancent des attaques coordonnées en réponse à des mesures américaines répressives sur le téléchargement depuis Internet

c) Apparition des acteurs intermédiaires et informels : les sociétés militaires privées, les groupes mafieux, les groupes religieux • Exemple : les groupes islamistes au Sahel font peser une menace sur les occidentaux dans la région et imposent le maintien d’un dispositif militaire particulier

III Les milieux dans lesquels se déroule la guerre évoluent, la conflictualité s’étend à de nouveaux champs

a) Ouverture des domaines spatiaux et du cyberespace • Exemple : la France a créé un commandement interarmées de l’espace

b) Extension de la guerre économique • Exemple : le fleurissement des cabinets d’intelligence économique traduit partiellement l’agressivité sur les marchés concurrentiels

c) Développement de la guerre de l’information • Exemple : la vitesse de diffusion des informations via les réseaux sociaux a contribué à renforcer l’impact des mouvements révolutionnaires arabes en 2011

Conclusion : ainsi, la guerre a muté. Mais si la guerre traditionnelle est improbable, elle n'est pas impossible. Surtout, les sources et les voies de la conflictualité demeurent, et imposent une stratégie

Ouverture : dès lors, il faut des spécialistes capables de penser toute la gamme de cette conflictualité, heureusement qu'il y a des officiers pour cela et qu'ils sont sélectionnés à l'école de guerre pour penser toute la guerre.

O. Kempf