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Qui est vraiment Roman Polanski? Les plus jeunes ne verront qu'un cinéaste accusé de pédophilie et qui bénéficie d'une impunité invraisemblable auprès de ses confrères du septième art. Au delà du scandale, ils repenseront au pianiste ou au récent Ghost Writer sans imaginer une seconde le virage qu'a pu prendre le réalisateur au cours des dernières années. Au delà de tout ça Polanski doit sa reconnaissance au monde du fantastique. Je serai presque tenté de dire à l'épouvante passive quand on connaît certaines créations du bonhomme. Rosemary's baby en est la pierre angulaire, celle qui fera d'un modeste réalisateur polonais un cinéaste reconnu de tous.
Le film raconte l'histoire de Rosemary, une jeune femme au foyer qui emménage dans un immeuble New-yorkais de standing avec son mari dont la carrière d'acteur reste relativement anonyme. Rapidement, leurs voisins vont s'immiscer dans leur vie au point de faire d'un loft d'une centaine de mètres carrés un huis clos rapidement oppressant. Le couple est gâteux, aux petits soins, rêvant d'un enfant qu'ils n'ont jamais pu avoir. C'est donc avec la plus grande joie qu'ils apprennent la grossesse de Rosemary qu'ils ne lâcheront plus d'une semelle. En plus de voisins collants, la pauvre femme va devoir gérer une grossesse particulièrement difficile qui va rapidement transformer ses moindres craintes en une paranoïa grandissante...
Le film démarrait pourtant bien mal sur un générique chanté d'une voix presque enfantine rappelant les penchants d'un réalisateur qui ne carbure pas qu'aux récompenses. Désolé, je ne tomberai plus dans le cynisme mais que voulez vous? Quand on tombe nez à nez avec le bon client, la moindre opportunité devient une vanne potentielle!
Heureusement pour nous, cette première mauvaise impression est rapidement oubliée par une tension qui accompagne le couple dès ses premiers pas dans ce grand appartement vide. Elle ne cessera de croitre au point de tourmenter le spectateur presque autant que Rosemary. Si Polanski a un style, il est bien dans cette manière d'amener une situation pseudo fantastique de la manière la plus naturelle et la plus fourbe qui soit. Chaque détail est étudié de manière à semer le doute dans notre esprit et distinguer ce qui est réel de ce qui ne l'est pas.
Le film date de 1968. Pardonnez lui donc ce petit côté old school qui fait des monologues de Mia Farrow une pub pour Kinder et des vêtements de l'époque un vide grenier du quotidien. La tension n'en demeure pas moins authentique et le teint de Rosemary si tenté qu'il puisse blanchir un peu plus n'est pas fait pour nous rassurer.
Avouons le, le film perd un peu de sa valeur en le revoyant dans la mesure où on dépasse le générique. Le premier visionnage m'avait fasciné, celui ci m'a permis de me focaliser sur l'ambiance minutieuse amenée par son réalisateur. Quoi qu'il en soit, le film déroute et amène à se poser des questions sur sa propre folie. La psychose n'est pas que dans de sombres villages perdus. Elle devient urbaine, elle est dans notre entourage dans notre univers, peut être même à côté de nous en ce moment...laissez moi tranquille, ne me touchez pas je vous dis!!!!!!!
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