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Se prendre aux Jeux ... Putain 20 ans (épisode 3)

Publié le 08 février 2012 par Pascal Boutreau

Désolé pour le délai de l’épisode 3 mais, dada bordelais (j'y reviendrai très vite dans une prochaine news) et plan B obligent, j’étais un peu occupé ces derniers jours…

20 années de carte de presse donc entamées à Mondial Basket, puis poursuivies à Jogging International et enfin à L’Equipe (comme à la télé, c’est le résumé des épisodes précédents). Au cours de ces 20 ans, les Jeux olympiques tiennent évidemment une place à part (marrant d'écrire cette news le jour des 20 ans des Jeux d'Albertville). J’ai eu la grande chance et le bonheur de couvrir ceux de 2004 à Athènes puis ceux de 2008 à HongKong d’abord pour les épreuves de dada, puis à Pékin, la seconde semaine. Rien ne peut être comparé aux JO. Voilà pourquoi.

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Les Jeux olympiques, jamais je n’aurais pu imaginer un jour avoir à y travailler pour L’Equipe. Je me souviens de nuits entières passées devant la télé en 1984 pour les JO de Los Angeles avec Carl Lewis, ou plus tard, Séoul, Barcelone, Atlanta, Sydney. Mais jamais, je ne m’étais projeté au bord d’une piste olympique. Etre payé pour suivre de tels événements, un truc de fou ! Comment imaginer ça ? Et pourtant, quand j’ai intégré le groupe olympique en 2001, cette perspective s’est dessinée. Devenu « spécialiste des petits sports », j’ai donc eu le privilège d’être dans le contingent du journal envoyé à Athènes. Au départ pour y suivre mes disciplines. Les événements vont finalement m’offrir beaucoup plus que je ne pouvais imaginer. Une fois encore.

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Pour des raisons difficiles à expliquer ici, la cellule natation va vite se retrouver en sous-effectif. Il faut alors trouver des renforts pour aller prêter main forte à nos spécialistes. Et des renforts « tout-terrain » habitués à écrire vite, vu que les épreuves de natation se finissent super tard et que les délais de bouclage sont très serrés. Or, mes trois ans passés à la rubrique foot avec tous les matches en nocturne, m’ont appris à écrire dans l’urgence. Et voilà comment, avec Patrick Lafayette, lui aussi un ancien du foot, je me retrouve le 15 août 2004 au bord du bassin olympique pour écrire sur la natation… pour la première fois de ma vie.

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Et ce soir-là, je vais donc avoir la chance d’assister au sacre d’une certaine Laure Manaudou sur le 400m. Pas mal pour un baptême de piscine. Evidemment, je n’écrirai pas sur cette course, les « vrais » spécialistes du journal s’y consacrant. Ce 15 août, ma mission aura été de relater le record du monde du relais 4x100m des Sud-africains. Mais pendant une semaine, je vais donc aller à la piscine tous les matins pour les séries et le soir pour le finales, relatant notamment la finale du 50m remporté par Gary Hall Junior et quelques autres courses.

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Aux Jeux, la première semaine est consacrée à la natation et la seconde à l’athlé. En débarquant à Athènes, j’espérais juste avoir l’opportunité d’assister à au moins une soirée d’athlé. C’est quand même le sport roi. Et là encore, je me retrouve à y travailler, comme « renfort » si les événements le nécessitent. Je suis donc au stade olympique le soir de la finale du 100m. Un moment juste incroyable. Le 100m est la dernière course du jour. THE course, celle qui déchaîne tant de passion. Ce soir-là, tous les concours sont terminés. Tous les regards se tournent vers la ligne de départ. Sur le sirtaki de Zorba le Grec, balancé à la moindre occasion pendant ces deux semaines helléniques, les coureurs américains commencent leur show au moment de la présentation. Scène incroyable. Une tension et une électricité comme j’ai rarement ressenti.

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Je suis là, tout en bas de la tribune de presse, au niveau de la ligne d’arrivée, à peine à 10 m de la piste. Au coup de feu, des milliers de flashes crépitent. Les huit finalistes ne donnent pas l’impression de courir mais de glisser dans les airs, tels un aéroglisseur. En 9’’85, l'Américain Justin Gatlin devient champion olympique. Juste derrière lui, le Nigérian naturalisé portugais Francis Obikwelu égale le record d’Europe de Lindford Christie en 9’’86. Mon portable sonne. Au bout du fil, Claude Droussent alors directeur de la rédaction : « Pascal, tu me fais 4000 signes sur le record d’Obikwelu ». Il est plus de 23h30, je ne connaissais pas Obikwelu  – ou seulement de nom – 9’’86 plus tôt, et je dois pondre près de trois feuillets dans l’heure qui vient. Génial. Le temps de descendre en zone mixte pour tenter de récupérer trois déclas (évidemment je ne parle pas portugais et je dois plus deviner ce qu’il dit qu’autre chose) et me voilà remonté en tribune de presse devant mon ordi. Une petite vingtaine de minutes pour envoyer le papier… J’adore ces situations. Dans ces cas-là, il pourrait y avoir une explosion à côté, rien ne peut vous perturber et couper l’élan de vos petits doigts sur le clavier. Là encore, mon expérience des matches en nocturne à la rubrique foot est bien utile. Un peu d’ambiance, un peu de sauce, des infos récupérées à la volée auprès de confrères portugais et hop, le papier est envoyé. Mission accomplie. Marrant de penser ensuite que le lecteur du lendemain lira votre papier, convaincu que le mec qui écrit pour L’Equipe sur la finale du 100m est forcément un ultra spécialiste… Eh bien non…  J’aurais ensuite l’occasion d’écrire à nouveau sur l’athlé notamment sur le concours de saut à la perche et quelques relais.

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En dehors de la natation et de l’athlé, j’avais bien évidemment « mes » petits sports à couvrir. Le triathlon, le badminton, le tennis de table, le hockey sur gazon, le pentathlon moderne. Un peu de tir aussi. Et comme j’étais l’un des rares à avoir un passé foot, j’ai aussi hérité des tournois de foot masculin et féminin. Mes premiers Jeux auront donc été particulièrement intenses avec plus d’une douzaine de sports et des moments rares qui me donnent encore la chair de poule quand j’y repense.

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Athènes donc mais aussi Pékin. Ou plutôt HongKong dans un premier temps avec les sports équestres. Comment me suis-je donc retrouvé à couvrir le dada ? Jusqu’à fin 2006, l’équitation était couverte à L’Equipe par la douce Anne. Anne s’occupait aussi de l’escrime. Evidemment difficile pour elle d’être à la fois à Pékin pour l’escrime et à HongKong pour le dada. Il est donc décidé de former quelqu’un. Connaissant mon côté un peu « ours » pas mécontent de ne pas vivre deux semaines en groupe (L’Equipe compte toujours plus de 50 journalistes sur des J.O.), et le fait que je connaisse déjà HongKong pour y avoir couvert des Mondiaux de squash notamment (en plus j’adore cette ville), ma responsable se tourne alors vers moi. Je n’y connais rien en dada, mais je dis banco.

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Vive les défis et surtout vive la découverte d’un nouveau milieu et de nouvelles personnes. Voilà donc comment, deux ans plus tard, je me retrouve dans le cyclone asiatique pour les épreuves équestres des JO 2008. Mais pour être honnête, cette semaine n’avait absolument pas la saveur olympique. Ok, il y avait une petite flamme dans un coin du stade. Mais pas celle de la passion que je recherche tant. Les mêmes têtes que dans un concours normal avec juste des contrôles de sécurité en plus et quelques anneaux dans la déco. Avec en plus les résultats des Français plus que décevants, je fus bien content de reprendre l’avion pour aller vivre la seconde semaine à Pékin (j’ai d’ailleurs suivi la finale du 100m d’Alain Bernard sur une télé d’un magasin dans l’aéroport de HongKong).

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Arrivée donc à Pékin pour les « vrais » Jeux olympiques. Bienvenue dans une autre dimension. Le stade olympique grandiose, la piscine juste incroyable, des salles ultra fonctionnelles, une organisation irréprochable, des bénévoles qui sortent de partout avec toujours le sourire et l’envie de vous aider (et qui me font la joie de parler encore plus mal anglais que moi, ce qui est un exploit) et toujours cette même ferveur propre aux Jeux Olympiques. La seconde semaine des JO étant un peu moins intense que la première pour les Français, je vais pouvoir en profiter pour aller travailler un peu partout. Le foot comme à Athènes donc (avec notamment une demi-finale Brésil – Argentine avec Messi d’un côté et Ronaldinho de l’autre), le triathlon avec mon pote Ollivier Bienfait, du tir toujours, du tennis de table et du badminton (avec le triomphe chinois et donc des ambiances de dingue), un peu d’athlé avec le triomphe de Bolt, du hockey sur gazon (avec Mamzelle Peg bien évidemment présente pour lequipe.fr) etc.

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Imaginez juste une journée avec la séance du matin d’athlé au Nid d’Oiseau, la demi-finale de hand France – Croatie dans l’après-midi (avec Mamzelle Peg toujours) et une demi-finale Etats-Unis – Argentine de basket le soir… Eh bien cette journée, je l’ai vécue ! Seuls les Jeux peuvent vous offrir ça. Seuls les Jeux génèrent cette ambiance si particulière où tous les supporters, venus du monde entier, que vous croisez sont heureux, sans haine, sans rivalité exacerbée. Juste là pour faire la fête, pour assister à un événement unique, avec des sourires, des danses, des chants, tous guidés par cette flamme olympique nourrie de passion. 

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Assister à une cérémonie d’ouverture ou de clôture des JO, c’est avoir devant soi, là sur la piste, les meilleurs sportifs de la planète de toutes les plus grandes disciplines.

Les semaines qui suivent des Jeux olympiques vous semblent toujours fades. Difficile de redescendre d’un nuage. Difficile d’aller couvrir un championnat de France je-ne-sais-où quand quelques jours plus tôt, on vibrait en live devant la finale du 100m des Jeux olympiques. Il y a bébé blues parait-il, il y a à coup sûr le JO Blues. Mais comme toujours la vie reprend son cours. Le sport à cela de magique qu’il vous offre sans cesse de nouvelles émotions, de nouveaux moments de plaisir, de nouvelles belles rencontres dans un stade, un gymnase, ou même une salle de presse. La flamme ne brille pas seulement au bout d’une torche ou dans une vasque. Elle brille aussi dans des yeux, dans des cœurs. J’aime l’idée que mon métier de journaliste permet de partager son éclat et sa chaleur.

Bientôt, le dernier épisode avec la fin de cette saga "Putain,  20 ans", de carte de presse et l’arrivée à Equidia depuis avril 2011… 

. Pour rester dans l'esprit des Jeux, je vous recommande le blog de Sylvie Josse (mon ancienne chef), sur lequipe.fr entièrement dédié aux Jeux olympiques. 

. Pour agrandir les photos, cliquer dessus... 

. Les news du blog pendant les Jeux de Pékin ICI 


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