Dimanche, c’est le premier tour des élections municipales 2008. Le monde politique bruisse de petites phrases, de sondages, de ralliements opportuns et de défections soudaines.
Ces élections municipales semblent très intéressantes à trois points de vue.
Tout d’abord, la conjonction entre les difficultés de la majorité présidentielle au niveau national et la tenue d’un scrutin où la droite pourrait nettement reculer par rapport à son succès global de 2001. La dégringolade de Nicolas Sarkozy dans les sondages handicape nettement la campagne de l’UMP. Mais en quoi les résultats du vote pourraient-ils influer sur la politique menée au plan national ? Probablement pas grand-chose sur le fond (comme l’a déclaré Sarkozy au Figaro aujourd’hui), étant donnés les rapports de force à l’Assemblée Nationale.
Plus révélateur, le basculement progressif des grandes villes de la gauche vers la droite (8 des 10 plus grandes villes seraient en passe d’être tenues par le PS), qui révèle une tendance de fond depuis plusieurs années. Dans ces villes, les priorités de l’électorat sont en train de changer, avec la forte émergence des préoccupations liées au logement, aux services à la population (crèches…), et à l’environnement. Sur ces créneaux, la gauche est perçue comme plus convaincante que la droite.
Celle-ci reste majoritaire dans les campagnes (vote conservateur) et dans les territoires en crise plus ou moins larvée : les petites villes (recul des emplois publics et industriels) et les couronnes périurbaines (où l’éloignement et l’isolement relatif génèrent un sentiment de frustration et d’exclusion).
Autre élément à souligner dans cette élection, c’est le décalage existant entre l’éclairage médiatique du vote municipal et la réalité de l’organisation du pouvoir au niveau local. On vote pour des maires, alors que l’essentiel des compétences des communes a déjà été transféré au niveau intercommunal. Au 1er janvier 2008, 54 millions d’habitants vivent dans une commune appartenant à une intercommunalité, 8 millions dans une commune hors intercommunalité (le plus souvent, il s’agit de communes rurales). Les communes appartenant à une intercommunalité ont délégué une part plus ou moins importante de leurs compétences : transport, urbanisme, sport, services, voirie, déchets, développement économique, etc. Certaines communes ne s’occupent plus que de l’état civil.
Et pourtant, ce sont encore les maires qui élisent les présidents des intercommunalités. A quand une élection au suffrage universel de ceux qui détiennent l’essentiel du pouvoir au niveau local ?
Cela dit, allez quand même voter dimanche !
Fred