Avec les températures polaires et les chutes de neige qui s' abattent sur la France, le salage des route a entraîne le déversement de milliers de tonnes de sel dans la nature...avec quelles conséquences pour la biodiversité ?
Afin d'empêcher le verglas de se former sur les routes et voies piétonnes très empruntées, les communes pratiquent à grande échelle la technique du salage. Mais contrairement à une idée répandue, le sel ou chlorure de sodium (NaCl) ne fait pas fondre la neige : il abaisse le point de congélation de l'eau et doit parfois être mélangé à de l'eau pour être efficace. Les professionnels estiment qu'il s'avère inutile sur une couche de neige supérieure à 1 centimètre. Une technique superflue ?
Selon les conditions et le contexte, d'autres " fondants " sont employés comme les alcools et glycols, chlorure de calcium (CaCl2), sulfates et nitrates. Et des métaux lourds contenus dans les pneus sont libérés par réaction chimique au contact du sel et se répandent dans la nature via l'irrigation et le ruissèlement. " La sécurité routière est capitale mais elle ne peut pas être un prétexte à une dispersion sans contrôle de produits chimiques toxiques dans le milieu naturel " déclare Michel Dubromel, responsable Transports de France Nature Environnement.
Perturbations de la biodiversité
En dehors des effets de contamination évidents de ces additifs toxiques, le simple excès de sel dans l'environnement peut s'avérer fatal pour la biodiversité. Selon des études menées aux États-Unis, le ruissellement saturé en sel dégrade fortement le milieu aquatique, par dépassement des concentrations maximales tolérables chez les organismes aquatiques. Cette forte salinité peut aller jusqu'à entraîner la mort de certaines espèces animales appartenant aux groupes des batraciens et des salmonidés.
Pour Benoît Hartmann, porte parole de France Nature Environnement, " les impacts sur la faune et la flore, (ils) sont immédiats mais peuvent également se prolonger après la saison hivernale ". Des conséquences plus insolites ont ainsi été observées en France depuis le début des années 1980 : des plantes maritimes, ne poussant normalement que sur des sols saturés en sel s'établissent désormais sur les bas-côtés, jouissant de la salinité propice à leur croissance. Elles gagnent peu à peu l'intérieur du continent.
Quelles alternatives ?
Conscient de l'impact écologique du salage systématique, le WWF préconise d'"éviter le salage près des zones à haute valeur ajoutée environnementale, telles que réserves naturelles ou cours d'eau". Un dispositif déjà mis en place au Canada.
De son côté, FNE rappelle que le salage peut être évité par une limitation des déplacements, l'utilisation de pneus neige ou des transports en commun, quand ils ne sont pas perturbés. FNE soutient également les "solutions mécaniques" pendant les épisodes neigeux. Il s'agit notamment le sablage, de l'utilisation de la cendre, qui en emmagasinant la chaleur du soleil accélère la fonte de la neige, ou encore les copeaux de bois, qui permettent une meilleure adhérence. Malheureusement, leur coût reste supérieur à la technique du salage.
Olivia Montero