Ceux qui me connaissent savent que je voue un culte irraisonné pour Jean-Sébastien Bach. Cette vénération païenne m'a poussé aux plus excessives extrémités, y compris en publiant sur mon blog, sans aucune retenue, la photo des chiottes du Kantor de Leipzig, au grand dam de mes proches qui craignent pour ma santé mentale. Lors de mon séjour à Eisenach, je n'ai pu - hélas - poser mon humble postérieur sur le bois troué, usé par le lourd fessier du Maître. Mais je m'égare...
Voici donc qu'une certaine Madame Wilkinson (sans doute une fine lame de la science médico-légale) a reconstitué la tête divine à partir du moulage du crâne du génie et grâce au concourt du logiciel du Centre d'anatomie et d'identification humaine de l'université de Dundee, en Ecosse. Cette technique est, paraît-il, fiable à 70%. La dame avait déjà reconstitué la tête de Ramsès II, ce dont je suis fort aise, mais comme je ne connais autour de moi aucun contemporain du pharaon (quoique...) pouvant attester de la réussite du procédé, je reste un peu perplexe...
Donc me voici devant
En fait la reconstruction théorique se rapproche, à 70%, du portrait le plus diffusé du Kapelmeister : celui peint par Haussmann en 1746 où Bach tient une petite partition qui se lit dans les deux sens (il existe un autre portrait d'Haussmann où Bach ressemble à une grenouille à perruque, une sorte de personnage de roman de Lovecraft, que je préfère oublier). Avec la foi du charbonnier je continuerai d'idolâtrer le père sévère du portait de 1747 qui orne ma chambre à coucher et je dédaignerai le vil buste en silicone de l'écossaise briseuse de rêves.