Sarkozy et son obsession de l'Allemagne

L'Allemagne par ici, l'Allemagne par-là. Angela Merkel aux meetings du président - presque candidat Sarkozy, Gerhard Schroeder souvent cité … Nicolas Sarkozy, en panne de bilan et à court d’idées efficaces, s’est trouvé une parade : faisons comme l'Allemagne !

Mais l’Allemagne, est-ce si bien qu’il le prétend ?

Emplois industriels ?

Sarkozy : Le seul pays qui, non seulement a gardé ses emplois industriels mais les a développés ! 

C’est faux !Selon l’agence de statistique européenne Eurostat, l’indice de main d’oeuvre montre une désindustrialisation aussi rapide que la France et même plus forte en 2009. La même politique donne les mêmes effets.

TVA, prix ? 

Sarkozy : Les Allemands n’ont eu aucune augmentation des prix. Le risque d’inflation n’existe pas. 

La TVA Sarkozy passerait à 21,2% au 1er octobre 2012 (s’il était élu) et accompagnée d’une hausse de 2 points de la CSG sur les revenus financiers pour baisser les charges patronales.

C’est faux ! Selon l’agence de statistique européenne Eurostat, l’indice des prix allemands a varié de 3,8% en plus depuis le début de la crise (période 2008-2011).

Immobilier ?

Sarkozy : Dans tous les pays du monde, quand ils sont en crise, le prix de l’immobilier baisse. Sauf un : la France, où il continue à monter. 

C’est faux ! Pas besoin de passer en revue le monde entier pour pointer la “bonne vieille exagération sarkozyste” habituelle (ou de campagne) : Grande-Bretagne, Luxembourg, Belgique, Finlande ont connu aussi une augmentation, sans parler de la Suède où elle fut très forte.

Dépense publique ?

Sarkozy : Nous sommes le pays d’Europe qui a les dépenses publiques les plus lourdes. 

C’est relatif ! Les autres pays nous talonnent et la France est dépassée par, entre autre, le Dannemark (58.2 % de son PIB), l’Irlande (66.8 % de son PIB) etc. La dépense publique c’est aussi le choix de professeurs en classe, d’infirmières à l’hôpital, de policiers pour la sécurité, d’éducateurs ...

Chômage ?

Sarkozy : Le chômage allemand (en-dessous des 8% des actifs contre 9% en France, déc. 2011) suggèrerait un paradis à nos portes ?

C’est faux ! La statistique allemande cache une réalité sociale différente : 1 emploi allemand sur 10 est un “mini-job” (salaire à moins de 400 euros/mois, sans cotisations ni couvertures sociales), l’Allemagne n’a pas de salaire minimum, 2 millions et demi de travailleurs gagnent moins de 5 euros / heure. L’OIT (Observatoire International du Travail, rapport 2012) soulève qu’il y a trop de bas salaires en Allemagne et que les écarts de revenus sont importants ! 6,5 millions de personnes (23% de la population active) sont des travailleurs pauvres touchant moins de 10 euros / heure. 

Exportations ? Compétitivité ? Croissance ?

Sarkozy : L’Allemagne exporte massivement (8% des exportations mondiales en 2010) avec un excédent commercial de 150 milliards d’euros alors que la France vit un déficit de 50 milliards d’euros ! La situation de l’Allemagne serait donc idyllique ?

C’est relatif ! L’ Allemagne a perdu sa place de leader derrière la Chine. Son coût antisocial du travail lui a permis à l’Allemagne de rester compétitive mais l’OIT note qu’”au niveau européen, [le modèle allemand] crée les conditions d’une dépression économique prolongée.” L’Allemagne connaît un taux de croissance supérieur au 1,7% en France mais il doit être nuancé au regard d’un fort repli antérieur (en 2009 : -5,1%). La France ayant même eu un taux de croissance moyen de 1% quand l’Allemagne n’enregistrait que 0,8%…

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