Qu’est-ce que la culture ?

Publié le 07 mars 2008 par Jcgbb

Il est banal d’opposer deux façons de se rapporter à la culture, deux manières distinctes de prétendre à la culture. On trouve d’un côté ceux qui l’aiment vraiment, de l’autre ceux qui la consomment comme une parure. Il y a les sincères et les snobs, les amoureux et les vaniteux. Ceux qui l’aiment pour elle-même, et tous les autres qui s’en servent pour avoir de grands airs. Mais cette distinction est-elle pertinente ?

On peut douter qu’elle ait lieu d’être, car on fait de toute façon usage de sa culture. Ce n’est pas parce qu’il est involontaire qu’il est gratuit. Et, après tout, on peut aimer et utiliser, chérir quelque chose et s’en servir. Ceci n’empêche pas de grandes différences…

Car il y a un véritable paradoxe de la culture, une vraie difficulté à se cultiver. Si l’on y réfléchit, on appelle culture un passé digne d’être connu. C’est une grandeur déposée, une conquête disponible. Quelque chose d’inouï devenu familier - devenant ainsi au présent le contraire de son passé. C’est l’immense devenu familier. Un passé dont la gloire est devenue banalité.

Ainsi a-t-on fait la Révolution dans le sang, mais que reste-t-il d’autre qu’un mot éculé ? Que veulent dire les droits de l’homme ? Que sont devenus les puissants théorèmes sinon des formules ânonnées jusqu’à l’absurde ? Le paradoxe de la culture, c’est de mériter une connaissance qui la vide pourtant de son sens. Elle devient si connue, comme dit Hegel, qu’elle est pour cette raison même mal connue.

Se cultiver, c’est donc rompre avec cette abrutissante familiarité, ces représentations sédimentées, figées, exténuées. Ce n’est donc pas apprendre, mais désapprendre. La culture n’est pas processus d’appropriation, mais de désappropriation. En somme, connaître c’est douter. La vraie culture a peu de panache… Elle est l’expérience patiente, parfois décourageante, de la négation.