Un avant-goût de fin du monde

Publié le 08 février 2012 par Lesimparfaites
Aujourd'hui, faisons un petit test!
Allez dans un lieu public, déplacez-vous et accrochez «accidentellement» une autre personne (dans une rangée bondée à l'épicerie, dans un wagon de métro, au service de garde de l'école) et observez ensuite la réaction de cette personne. Plus souvent qu'autrement, vous aurez droit à un regard qui jette des éclairs. Et, même si vous vous excusez avec un sourire, vous aurez droit à un air bête de première.
Je ne sais pas ce qu'il y a dans l'air mais, depuis quelque temps, tout le monde est sur le gros nerf. Le gros gros nerf. Personne ne veut se faire toucher, toiser, regarder, parler. L'humour s'est perdu en chemin, on dirait bien.
J'sais pas pour vous mais moi, quand le conducteur du métro pile sur le frein et que tous les passants revolent dans tous les sens, ça me fait rire. Je ne peux pas m'en empêcher. Parce que c'est une scène hilarante, un moment loufoque digne d'un Chaplin dans le train-train quotidien. Mais la majorité des gens bougonnent, chialent ou s'impatientent, les yeux au ciel. Les 2-3 personnes qui sourient se sentent gênées et s'empressent de se cacher la face dans leur foulard.
En cette année de soi-disant fin du monde, on dirait que la bonne humeur a foutu le camp et même qu'elle est devenue suspecte. Si tu ris trop, si tu sembles trop bien, eh bien... c'est clair tu es sur les antidépresseurs! Comme si ça ne se pouvait juste plus, en 2012, d'être simplement bien dans sa peau.
Le monde est de plus en plus coincé, frustré, sévère, pressé, stressé, impatient, intolérant, intransigeant. Les klaxons retentissent au moindre départ un peu lent sur une lumière verte. L'autodérision (qui nous sauvait de tout cela auparavant!) est devenue source de frustration extrême (on tient en exemple notre palmarès annuel des pires prénoms qui a causé un cataclysme cette année alors que, les années précédentes, tout le monde prenait ça à la légère, sourire en coin -comme il se doit- comprenant bien qu'il s'agit d'un clin d'oeil -un peu grinçant, soit!- et non d'une incitation à l'intimidation!)
J'injecterais bien une dose d'insouciance, de légèreté et de fous rires dans notre société frustrée et méga-stressée.
C'est paradoxal quand même que les salles des humoristes soient toujours pleines mais que, dans la vraie vie, peu de gens soient capables de rire des travers du quotidien. Payer 75$ pour rire artificiellement de ce qui les met sur le gros nerf tous les jours, ça me laisse perplexe...