Une nouvelle étude vient appuyer l’intérêt financier de rendre public de l’information sur les émissions de gaz à effet de serre (GES). En effet, les révélations publiques faites par les entreprises à propos de leurs émissions s’avèrent bénéfiques pour le prix des actions.
- L’étude
Une étude datant du 29 juillet 2012 vient d’être révélée sur les effets de la publication d’information de responsabilité sociétale faite par une entreprise sur le marché boursier. Elle a été réalisée à partir de l’analyse de 172 communiqués de presse rédigés entre 2000 et 2010 à travers le Corporate Social Responsibility Newswire service.
Le CSR Newswire service est une source de nouvelles, rapports et événements spécialisée dans le domaine de la responsabilité sociétale des entreprises, et offre ses services aux firmes désireuses de communiquer leurs initiatives en termes de responsabilité et de développement durable à un large public.
Ces communiqués servant de base à l’étude ont été émis par 84 entreprises états-uniennes.
- Les bénéfices de la transparence
Paul A. Griffin, professeur à l’université de California-Devis et co-auteur de l’étude avec le professeur Yuan Sun de l’Université de California-Berkeley, affirme que l’effet observé « est une question de transparence ». En règle générale, le public porte intérêt à la nature de ces informations extra-financières. En d’autres termes, le marché est positivement réceptif à ce type de communication.
Les révélations publiques faites par les entreprises à propos de la responsabilité sociétale produisent un bénéfice net pour les actionnaires. L’ensemble des firmes étudiées ont ainsi obtenu une augmentation d’environ 10 milliards de dollars sur leur valeur marchande, suite aux communiqués de presse émis par le Corporate Social Responsibility Newswire service, sur la période correspondant à l’étude. Les prix de marché ont évolué globalement de manière positive pendant les jours qui ont suivi l’annonce faite par l’entreprise.
En revanche, l’effet est amplifié pour les entreprises qui offraient initialement moins d’information publique. De plus, les entreprises de taille relativement plus petite voient leurs actions croître de manière plus importante.
Griffin ajoute que la publication de ces informations au travers d’un communiqué de presse a des conséquences différentes d’une annonce réalisée via un programme volontaire tel le Carbon Disclosure Project, organisation à but non-lucratif indépendante qui travaille pour la réduction des émissions de GES et pour une utilisation durable de l’eau en zone urbaine et par les entreprises. Si l’annonce se fait rapidement dans le premier cas, elle risque de mettre du temps à être révélée dans le cas de l’ONG, et donc d’être anticipée par d’autres médias.
- Un manque de communication
Un problème soulevé par l’étude est que les actionnaires promeuvent bien souvent la divulgation des actions engagées uniquement dans la réduction des émissions ou dans la protection de l’environnement, sans encourager une communication plus complète.
La Corporate Sustainability Reporting Coalition a pourtant demandé aux membres des Nations Unies d’obliger les entreprises d’inclure l’information sur le développement durable dans leurs rapports annuels.
En France, la publication du décret d’application 225 de la loi Grenelle II se fait d’ailleurs toujours attendre. L’article 225 obligera les entreprises de plus de 500 salariés à réaliser un rapport extra-financier d’ici 2014 et ainsi de rendre public l’information relative à la responsabilité sociétale.
- Avis Sequovia
L’étude prouve l’intérêt pour les actionnaires de divulguer un rapport de responsabilité sociétale pour le cours des actions des entreprises. Couplée avec la mise en place d’une démarche RSE, la communication responsable est donc directement créatrice de valeur. En ce temps de crise, la RSE apparaît ainsi comme une source inépuisable d’avantages compétitifs.
Pourtant, le développement durable est encore perçu par une certaine partie du monde de l’entreprise comme un coût, relevant purement de la philanthropie, ce qui se concrétise par un retard dans la publication du décret de l’article 225 de la loi du 12 juillet 2010, portant engagement national pour l’environnement.