Mont-Ruflet
poème-feuilleton d’Ivar Ch’Vavar
29e épisode
Résumé de l’épisode précédent : Claudie et le narrateur marchent main dans la main dans le bois. Elle, toute à sa myopie, finit quand même par remarquer l’érection du petit garçon. Lui, les yeux bandés ( ? !... alors c’est ça ?), se laisse mener, non sans s’inquiéter de certains saignements de Claudie.
Gluante qu’était devenue pour moi Claudie ?
L’Inspiration,
On ne sait pas du tout ce que c’est. Bien sûr, l’explication qui
Paraît la plus simple, et la plus « naturelle » (mais... attention
À ce dernier mot) ce serait qu’on a un nombre énorme, quasi (1460)
Infini d’images, d’impressions, de données diverses stockées
Dans nos neurones, et tout ça peut se connecter, se combiner,
À une vitesse folle. Que sous l’effet d’une impulsion ‒ la joie,
La colère, le ressentiment, le désir d’épater, de surprendre ou
De se surprendre soi-même, revanche à prendre, rage, jalousi
E, mais aussi bien, une pointe de nostalgie. - Enfin une impul
Si.on et tout le bazar se met en route ; ça circule, ça tourne en
Tous sens. Ça se dispose, lignes, surfaces, volumes, chaque é
Lément va trouver sa place, parmi les centaines de milliers d’
Autres... C’est comme un puzzle, mais notre cerveau est telle (1470)
Ment performant — que pas la peine de sortir le puzzle de la
Boîte, tu le secoues un bon coup dedans... et quand tu ouvres
Il est achevé. Bon, il reste bien deux ou trois petites retouches
À faire, d’accord... Mais cette thèse est bien connue, je ne vais
Pas m’y attarder davantage d’autant plus que (je vous dois la
Vérité) ça n’est pas que je la rejette, je suppose qu’à tout pren
Dre il y a en elle beaucoup de vrai, mais elle... m’ennuie ; elle
M’emmerde, quoi, et me fait chier. Je veux bien admettre que
Tout est en nous, y compris l’autre, là, d’accord... Mais il peut
Y avoir de sacrés détours avant que ça ait fait retour ! Je veux (1480)
Dire qu’on ne puise peut-être pas qu’en nous-même, et encor
Que nous-même ça ne se limite peut-être pas à nous. Possible
Qu’on soit branché aussi sur un plus grand circuit. Est-ce que
Ça vous dit quelque chose « l’intelligence cosmique » ? – Oh !
Ne vous affolez pas, ne courez pas en tous sens comme ça en
Levant les bras, c’est seulement une question que je pose, pas
De panique ! D’accord, d’accord, on ne parle plus de ça. Je re
Tire la question, voilà. ‒ On se rassied, et on reste bien quiets.
(La variante « On se rassoit, et on reste bien cois » est rejetée.)
Causons d’égéries – ah ! je vois que ça vous fait sourire... c’est (1490)
Bien. Mais ne vous poussez pas du coude ainsi : la banquette,
Tout de même, est bien assez grande pour que tout le monde
Y tienne assis. Alors, les égéries... Ce sont des jeunes filles ou
Femmes, ou les figures de jeunes filles, femmes. Ce sont elles
Qui nous fournissent l’énergie, poétique, nécessaire pour écri
Re des poèmes, et le cas échéant de la poésie. Bien sûr, il peut
S’agir de jeunes garçons ou jeunes hommes, aussi... D’accord.
En ce qui me concerne, des jeunes filles. Tout d’abord on doit
Les trouver. Aborder leurs parages, couper leurs trajets. Sans
Rien savoir d’avance, rien. C’est vrai, elles s’approchent en rè (1500)
Gle générale d’elles-mêmes. Et vous d’elles. Attirance récipro
Que. Magnétisme. Oui il y a une aimantation.Du reste ça gra
Vite en vous, ça granite, ça graffite (et griffonne et gribouille),
Ça graillonne, granule, graticule, gradue ; ça grince ‒ grimpe,
Gratine et gravillonne, et grésille et grisolle... Oui, bon, ça gra
Touille en vous, il y a un grouillement, un fourmillement, oui
C’est la limaille, ‒ le fer qui court dans vos veines et dans vos
Nerfs... Mais quand vous avez compris qu’il y a là une égérie,
épisode 30 vendredi 10 février 2011