Nous avons reçu cet automne deux nouvelles parutions fort intéressantes de la part de la vénérable (fondée en 1981) étiquette néérlandaise Trumpett. Dans les deux cas, il s’agit de rééditions tirées de leur catalogue extensif et disponibles pour la première fois en vinyle, médium à la mode. Courte chronique en deux temps (la suite sera publiée demain) de deux propositions qui s’éloignent des sentiers battus et frisent avec l’expérimental.
Le spirituellement nommé Synthimental Love Songs d’Ende Shneafliet, est le plus accessible des deux disques. Compilation plutôt que réimpression exacte d’un album existant, cette parution regroupe des pistes originalement enregistrées sur cassette entre 1981 et 1983 ; elle fait également suite à une première redécouverte de l’oeuvre du groupe hollandais amorcée en 2006 par Enfant Terrible, un double LP intitulé Twistin’ On The Tombstones (aujourd’hui épuisé). Après la fin de la collaboration entre les deux étiquettes (voir notre entrevue avec Enfant Terrible ici), Trumpett complète ainsi l’intégrale.
Musicalement, Ende Shneafliet se présente ici comme un curieux mélange de sonorités bizarroïdes et des mélodies mignonnes au charme simplet – un croisement entre Gorrila Aktiv et Guyer’s Connection, en quelque sorte… Les pistes, souvent instrumentales, conservent généralement une structure s’approchant de celle d’une “chanson” malgré une composition faisant la part belle aux bruitages particuliers. Statut de compilation oblige, l’album est assez éclectique et alterne des ambiances sonores variées sans pour autant perdre une certaine unité de ton. Alors que My Mother Sells Tupperware ( !) en ouverture, ou la classique Symphoy Romant (J. Tesla Schnitt) explorent les territoires désormais familiers de la cold wave aux tendances minimales, Poison étonne par ses aspects industriels. Même curiosité du côté de Twistin’ On The Tombstones, sorte de proto-électro fortement compressé, un type de production assez rare au début des années 1980, qu’on retrouvait aussi par exemple chez Busy P (Rainbow Man). Quelques pistes plus ambiantes (Air Zaïre, Voices Of The Dead) complètent enfin un tableau aux touches nostalgiques, qui mérite qu’on s’y attarde.
Limité à 320 copies, le disque est disponible depuis novembre chez les distributeurs habituels, dont Enfant Terrible, Mannequin et Anna Logue.
es_poison.mp3Ende Shneafliet – Poison
es_symphoy.mp3Ende Shneafliet – Symphoy Romant (J. Tesla Schnitt)